15 juil. 2021

Pourquoi installer des nichoirs à oiseaux dans les forêts ?

Nous installons des nichoirs à oiseaux dans certaines de nos forêts pour que s'y rétablissent nos amis à plumes.

Pourquoi installer des nichoirs à oiseaux dans les forêts ?

Dans certaines de nos forêts, nous installons des nichoirs à oiseaux. Quelle drôle d’idée, nous direz-vous ! Et si, pourtant, nous pouvions donner un coup de pouce à la nature pour qu’elle reprenne son envol plus rapidement ?

Pourquoi installer des nichoirs en forêt ?

Il peut paraître étonnant que les oiseaux aient besoin que les hommes les aident à nicher. N’ont-ils pas construit des nids bien avant que les hommes ne sachent s'abriter ailleurs que dans des cavernes ? La nature a-t-elle besoin de nous et est-ce une bonne idée de jouer la béquille pour nos petits amis à plumes qui risqueraient de perdre la capacité de s’installer par eux-mêmes ?
Bien entendu, sans la présence des hommes, la question ne se poserait pas. Le fait est que les hommes sont là, qu’ils comptent les oiseaux et s’aperçoivent que certains manquent à l’appel. 
Depuis 1989, environ un tiers des oiseaux a disparu des milieux agricoles, selon Frédéric Jiguet, ornithologue et professeur au Centre d'écologie et des sciences de la conservation du Muséum d’histoire naturelle. Au total, environ 275 espèces d’oiseaux sont menacées de disparition, essentiellement à cause de l’usage des pesticides, des néonicotinoïdes, des effets du réchauffement climatique et du morcellement de leurs habitats. 32 % d’oiseaux nicheurs sont en danger. Le moineau friquet, par exemple, a presque disparu d’Europe de l’Ouest.
Or, il se trouve que certaines des forêts que nous avons rachetées ont connu un reboisement récent et que les arbres ne sont pas encore assez grands pour accueillir des nids ou qu’il ne s’y trouve pas assez d’arbres creux pour abriter les oiseaux cavernicoles. Pourtant, comme c’est notamment le cas dans les forêts de Gioux et de Palotas, qui se trouvent dans le Limousin, certaines espèces d’oiseaux devraient y être présentes. Afin de les aider à se réinstaller, nous installons des nichoirs sur les grands arbres qui sont en bordure de parcelles ou sur des poteaux, afin que les oiseaux reviennent, et la richesse de la biodiversité avec eux. 

Quels nichoirs pour quels oiseaux installons-nous ?

Ces petites cabanes à oiseaux que l’on appelle nichoirs peuvent accueillir différentes espèces d’oiseaux. Bien entendu, il n’est pas question d’installer n’importe lesquelles, mais de définir, en étudiant le milieu, quels oiseaux devraient ou pourraient s’établir dans la jeune forêt, et d’installer le nichoir adapté à chaque espèce. Il faut en effet prendre garde à l’orientation des vents dominants, mais aussi du soleil pour que les oiseaux adoptent nos nichoirs. Dans la nature, les oiseaux ne s’installent pas n’importe où. La hauteur importe, pour se garder des prédateurs ou pour se ménager une place près du sol où certains trouvent leur nourriture. Le trou d’envol doit être bien orienté et adapté à la taille de l’espèce. 

Des nichoirs pour abriter les Rouges-gorges 

Les Rouges-gorges sont des passereaux qui se nourrissent abondamment d’insectes, notamment de coléoptères, d’escargots, de vers, d’araignées. Ils sont une grande famille de cousins qu’on confond souvent avec le Pinson des arbres, le Bouvreuil pivoine, le Traquet pâtre ou la Linotte mélodieuse. Le Rouge-gorge aime chasser dans les sous-bois et se nourrit en hiver de baies et de petits fruits. Il se nourrit au sol et vit seul. Pour nicher, il affectionne les charpentes ou les arbres creux, mais toujours en hauteur et bien caché. Nous installons ainsi des nichoirs adaptés aux rouges-gorges. 

Des nichoirs pour la Chouette de Tengmalm et la Chevêchette d'Europe

Appartenant toutes deux à la famille des Strigidés, la Chouette de Tengmalm et la Chevêchette d’Europe sont de petits rapaces. La chevêchette est la plus petite chouette d’Europe. Elle vit principalement dans les forêts de conifères et les forêts mixtes de haute montagne et ses sites de nidification sont souvent entourés de zones humides, près de bosquets d’épicéas, c’est pourquoi nos forêts sur le plateau de Millevaches sont une zone d’habitation idéale pour elle. Elle est active à l’aube, au crépuscule et même pendant la journée, se nourrissant de petits mammifères, souris, musaraignes et campagnols, mais aussi de poissons ou d’insectes, de lézards et de chauves-souris, ainsi que de petits oiseaux comme les gobe-mouches, les fauvettes, les grives ou les gros-becs casse-noyaux
La Nyctale de Tengmalm apprécie les forêts d’épicéas mais aussi les boisements mixtes de pins, de bouleaux et de peupliers où les conifères sont dominants. Elle adopte assez facilement de très jeunes plantations et des boisements secondaires pourvus en nichoirs. De moeurs nocturnes, elle se nourrit essentiellement de petits mammifères. Elle niche normalement dans un trou d’arbre qui a souvent abrité auparavant un pic noir. Menacée par la disparition et la modification des habitats, à la suite d’exploitations forestières brutales, mais aussi par le développement des infrastructures touristiques et sportives, il est essentiel de l’aider à se réimplanter dans des forêts calmes et paisibles.

Des nichoirs pour les pics épeiche, vert, mar, Épeichette

Les Picidés sont des oiseaux de la taille d'un moineau à celle d'une corneille. Ils sont morphologiquement adaptés à la vie arboricole. De taille moyenne, le pic mar fait à peu près celle du pic épeiche. Son plumage est noir et blanc, rouge sur le ventre ainsi que sur le haut du crâne. Il s’attaque aux feuillus. Oiseau de la forêt primaire, Il est inféodé aux vieilles forêts à feuilles caduques, avec une préférence pour les chênaies pures ou mixtes, chênaie-charmaie, chênaie-hêtraie ou les hêtraies pures. Pour se loger et s’alimenter, il a normalement besoin de vieux arbres. Il vit sans concurrence avec le pic épeiche, mais se fait beaucoup plus discret, restant davantage dans le milieu forestier. Insectivore, il débarrasse les arbres des éventuels parasites. Il peut être une réponse adéquate pour débarrasser les chênes de la chenille processionnaire qui cause de sérieux dégâts. Il fore naturellement son nid dans la cavité d’un tronc ou la branche morte d’un arbre feuillu vieillissant, à plus de cinq mètres de hauteur. Ce qui le menace, c’est l’absence de vieux chênes et d’arbres morts ou dépérissants. Ainsi, il creuse souvent son tronc sous un gros champignon polypore qui lui fournit à la fois une indication sur l’état de l’arbre et une protection. 

Des nichoirs pour les mésanges 

Dans nos forêts de Gioux et de Palotas, nous installons également des nichoirs pour accueillir la Mésange bleue, la Mésange charbonnière et la Mésange huppée.Toutes trois sont des passereaux et la Mésange charbonnière la plus grande des trois. Cet oiseau forestier aime surtout les bois de feuillus, particulièrement la chênaie et n’a pas de problème pour partager son territoire. On peut ainsi dénombrer jusqu’à 300 couples de mésanges charbonnières sur un kilomètre carré. S’isolant lors de la période de reproduction, elle s’agrège aux autres le reste du temps, allant jusqu’à partager sa vie avec des sittelles ou des grimpereaux. Cet oiseau, cavernicole lors de la période de reproduction, est très facilement attirable avec un nichoir artificiel. On l’a même vu coloniser des boîtes aux lettres. C’est pourquoi cette mésange est facilement piégée par les poteaux creux dans lesquels elle trouve refuge et qu’elle ne parvient plus à quitter. L’installation de nichoirs est importante pour la protéger. 
La Mésange bleue a des mœurs assez similaires. Elle s’abrite souvent dans le lierre la nuit. Comme sa consoeur, elle forme des groupes avec d’autres oiseaux pour se procurer de la nourriture. Oiseau nicheur cavernicole, il est également important de le protéger des pièges que sont les poteaux creux. La mésange huppée vit plutôt dans les forêts de conifères, mais fréquente les forêts de chênes-lièges en Espagne. Sédentaire, elle aménage généralement son nid dans un trou de bois pourri. En l’absence de vieux arbres dans une forêt jeune, il est utile de l’aider à nicher.

Des nichoirs pour la Sitelle torchepot

La Sittelle torchepot est un oiseau essentiellement forestier. Elle aime les futaies de feuillus, notamment les vieilles chênaies, mais les forêts mixtes lui conviennent également. Très agile et active dans les arbres, elle participe, avec les mésanges, à débarrasser les forêts des parasites que sont les chenilles processionnaires du pin et du chêne, mais aussi des tordeuses et autres ravageurs folivores. 
Espèce cavernicole pour la nidification, elle ne néglige pas l’aide que lui apportent les hommes et peut se satisfaire d’un beau nichoir prévu pour elle. 

Des nichoirs pour le Grimpereau des jardins

Appartenant à la famille des Certhiidés, ce grimpereau est adapté à la vie arboricole. Il se comporte un peu comme les pics et, en dépit de son nom, c’est originellement un oiseau forestier. Il apprécie les chênaies et la proximité de ripisylves, et se laisse aisément séduire par les habitats et la nourriture que lui offrent les hommes. C’est une espèce commune mais qui a besoin de vieux arbres pour nicher, aussi est-il intéressant de lui installer un nichoir dans de jeunes forêts. 

Des nichoirs pour les chauves-souris

Les chiroptères sont le seul mammifère volant au monde. Souffrant d’une mauvaise réputation, notamment d’être une souche à virus, elles ont été menacées et parfois maltraitées. Or, les chauves-souris jouent un rôle essentiel dans la biodiversité, notamment dans les écosystèmes forestiers. Il est donc possible de les protéger en leur installant des nichoirs adaptés. 

D’où viennent nos nichoirs ?

Les modèles de nichoirs que nous installons dans nos forêts nous sont fournis par la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) qui œuvre à observer et protéger les oiseaux de nos forêts depuis plus d’un siècle.
L'installation de nichoirs ne pouvant se faire n’importe comment, nous avons travaillé avec des spécialistes pour savoir quels types de nichoirs installer, de quelle manière, suivant quelle densité, et avons choisi des modèles qui ont fait leurs preuves.
Espérons que nos petits amis à plumes apprécieront la courtoisie que nous leur faisons !
 

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