Reboisement des forêts de France pour agir contre le changement climatique

Le reboisement désigne l’action de replanter des arbres sur une surface qui était auparavant boisée ou qui a subi une dégradation forestière. Contrairement à l’afforestation (aussi appelée boisement), qui consiste en la plantation d’une nouvelle forêt sur des terres qui n’étaient pas boisées et dont la destination était autre (prairies, pâturages, cultures, friches…), le reboisement s’inscrit dans une logique de restauration ou de renouvellement d’un peuplement forestier existant. C’est une pratique essentielle pour le maintien des rôles écologique, économique et social des forêts. Le reboisement est également très important dans un contexte de dérèglements climatiques car il permet non seulement d’optimiser le stockage du carbone mais également de diversifier les essences d’arbres forestières.
Dans certaines forêts de l’est de la France, par exemple, le reboisement permet d’introduire des essences d’arbres nouvelles alors que le scolyte typographe cause des ravages au sein des grandes pessières. L’épidémie se répandant très vite et le climat changeant non moins vite, il devient vital d’adapter les essences et de planter du sapin, du chêne, du pin par exemple là où n’avaient été plantés que des épicéas qui ont tous été mis à terre dans le cadre de coupes sanitaires.

Le reboisement d’une parcelle forestière ou d’une forêt entière répond à plusieurs objectifs :
• restaurer des forêts détruites par des incendies, tempêtes, maladies ou ravageurs.
• diversifier les essences pour accroître la résilience face aux aléas climatiques.
• renforcer la biodiversité en créant de nouveaux habitats. • améliorer la qualité des sols et de l’eau. • contribuer à la séquestration du CO₂ et donc à l’atténuation du changement climatique.

Reboiser, c’est donner une seconde vie à un écosystème fragilisé tout en préparant les forêts aux conditions climatiques de demain.
Dans notre forêt du Syndicat, les scolytes ont causé de grands dommages, si bien qu’une partie de la forêt a subi une coupe sanitaire. Le plan de reboisement post coupe sanitaire nous a permis d’introduire trois essences différentes, le chêne sessile, le pin laricio et le noisetier de Byzance qui, renforcées par la régénération naturelle d’épicéa et de sapin, donneront une forêt plus riche en biodiversité, plus adaptée aux conditions climatiques futures, par conséquent plus résiliente face aux catastrophes naturelles ou climatiques futures. Les essences d’arbres plantées et celles qui repousseront naturellement produiront, par ailleurs, du bois de première qualité qu’il sera facile de valoriser.
A Marzols, dans les Alpes-de-Haute-Provence, nous avons permis le reboisement d’une forêt incendiée. Alors qu’elle était uniquement plantée de pins noirs d’Alep avant l’incendie de 2017, le reboisement de cette forêt a permis d’introduire 8 nouvelles essences forestières.

Le reboisement d’une forêt dégradée suit un processus rigoureux :
• Diagnostic du site (état du sol, climat, potentiel de régénération).
• Choix des essences adaptées au contexte pédoclimatique et aux enjeux de biodiversité.
• Préparation du terrain (débroussaillage, travail du sol si nécessaire).
• Plantation de plants forestiers, en respectant des densités adaptées.
• Suivi et entretien (dégagements, protections contre le gibier et les plantes adventices, regarni au cours des trois années suivant la plantation pour remplacer les jeunes plants qui n’auraient pas survécu et conserver une bonne densité d’arbres).
• Monitoring à long terme pour s’assurer de la croissance et de la résilience des peuplements.
Cette gestion dans la durée est essentielle, car une forêt se bâtit sur plusieurs décennies et requiert une gestion sur le long terme.

La plantation active, qui consiste à introduire manuellement des jeunes plants sélectionnés pour leur adaptation locale et leur potentiel de croissance. Ceux-ci sont généralement plantés en potets travaillés après un travail du sol pour faciliter le travail des planteurs et permettre aux jeunes plants une meilleure reprise. Sans travail du sol préalable, la végétation concurrente a tendance à empêcher les jeunes plants de se développer, et à les étouffer. Par ailleurs, il peut être très difficile pour les planteurs d'accéder au sol en profondeur et de permettre aux racines de bien s’installer lorsque le sol est très compact ou la couche racinaire d’herbacées épaisse.
Les jeunes arbres sont généralement plantés en ligne, ce qui facilite la plantation mais aussi la gestion future de la forêt. Au bout de dix à quinze ans, les lignes de plantation ne sont plus visibles.

La régénération naturelle assistée (RNA), qui s’appuie sur les semis ou repousses spontanés déjà présents sur le site. L’intervention humaine se limite à protéger et favoriser ces jeunes pousses en éliminant les menaces (compétition végétale, pâturage, etc.) pour favoriser la régénération naturelle.
Ces approches peuvent être combinées pour bénéficier à la fois de la résilience naturelle des forêts et de la diversité génétique apportée par les plantations, puisque les arbres qui poussent par régénération naturelle ont une meilleure résistance, mais qu’il est souvent nécessaire d’apporter une diversité pour permettre aux forêts de s’adapter aux dérèglements climatiques.

La Régénération naturelle assistée est une méthode de reboisement qui mise sur la capacité d’une station forestière à se régénérer naturellement. Plutôt que de planter massivement, on identifie et protège les jeunes semis issus de graines tombées, de rejets ou de drageons. L’action humaine consiste ainsi à :
• protéger les semis de la concurrence herbacée ou de l’abroutissement du gibier.
• sélectionner les plants les mieux adaptés et les plus prometteurs.
• éventuellement enrichir avec quelques essences complémentaires, notamment pour apporter de la diversité au sein du massif forestier.
Cette approche a l’avantage d’être moins coûteuse, de préserver la diversité génétique locale et de respecter les dynamiques écologiques en place. Elle est particulièrement pertinente après des perturbations comme un incendie ou une tempête. Elle peut être combinée avec des plantations en plein ou en point d’appui dans certaines zones où la régénération naturelle ne se réinstallerait pas d’elle-même, par exemple après un puissant incendie qui aurait carbonisé la litière et la banque de graines qu’elle contenait.

Reboiser une forêt est un projet de long terme qui comporte plusieurs défis :
• le coût initial est élevé car il faut acheter les plants, préparer le sol, payer les planteurs puis assurer le suivi, c’est-à-dire prévoir un ou deux regarnis (il est rare qu’il n’y ait pas 10 à 20% de perte les deux premières années), les travaux de débroussaillage et de protection des jeunes plants.
• la dépendance au climat (sécheresses, canicules, tempêtes). Nous ne pouvons pas prévoir le climat futur, moins encore les catastrophes naturelles. Au mieux, nous pouvons les anticiper, c’est-à-dire tout faire pour éviter les incendies, par exemple, et pour que les forêts soient le plus résistantes aux tempêtes, en mélangeant les essences et les âges. Pour ce qui est du réchauffement climatique, il existe des entreprises comme Forestys qui développent des systèmes prédictifs et aident à choisir les essences qui pourraient être adaptées aux conditions futures.
• les attaques de ravageurs et maladies, qui sont également difficiles à prévoir, bien que leur développement soit observé et que chaque année soit publié un bilan de santé des forêts par de nombreuses régions ou départements.
• la difficulté de garantir des revenus rapides : le bois met plusieurs décennies à être exploité, les revenus de l’exploitation du bois sont néanmoins stables, augmentant en moyenne de 2% par an en France depuis un siècle.
• la nécessité d’un engagement sur la durée, car l’entretien est crucial dans les premières années.
Ces contraintes exigent une planification rigoureuse et une vision durable de la gestion de la forêt reboisée.

En France, les forêts couvrent près d’un tiers du territoire (32%, soit 17,5 millions du territoire métropolitain), mais elles subissent une pression croissante : sécheresses, dépérissements massifs (comme celui des épicéas en Grand Est), incendies (notamment en zone méditerranéenne) ou attaques d’insectes. Le reboisement est donc un enjeu majeur pour :
• restaurer les surfaces perdues ou abîmées ;
• adapter les forêts au climat de demain avec des essences plus résistantes ;
• maintenir les services écosystémiques (eau, biodiversité, bois, carbone).
• Les pouvoirs publics et de nombreux acteurs privés comme EcoTree soutiennent aujourd’hui des programmes de reboisement locaux en misant sur une gestion durable et une diversité d’essences forestières afin de multiplier leurs chances de résistance.

Le choix dépend du potentiel naturel du site.
Si le sol contient déjà de nombreux semis naturels viables, la Régénération naturelle assistée est préférable, car elle est économique et respectueuse de la diversité locale.
Si le site est totalement dégradé ou ne présente aucune régénération, la plantation active, c’est-à-dire le reboisement s’impose pour redonner une dynamique forestière.
Dans certains cas, une approche mixte est retenue : on laisse la nature agir là où c’est possible et on complète par des plantations ciblées pour enrichir les peuplements.

Le coût d’un reboisement varie fortement selon :
• la surface à reboiser,
• le type d’essences choisies (certaines espèces sont plus coûteuses que d’autres),
• la préparation du sol (dans certaines régions, il peut s’avérer sportif de préparer le sol avec des engins qui ne passent pas partout et pour lesquels le relief peut être une contrainte insurmontable),
• les protections nécessaires (clôtures contre le gibier, gaines, etc.),
• le suivi et l’entretien dans les premières années.

En France, on estime qu’un reboisement coûte généralement entre 2 000 et 6 000 € par hectare, selon la complexité du projet. La RNA, elle, peut réduire considérablement ce coût, puisqu’elle nécessite moins de plants et de main-d’œuvre.

La législation française encadre strictement le reboisement. Selon le Code forestier :
• certaines coupes rases supérieures à un seuil de surface doivent obligatoirement être suivies d’un reboisement,
• les propriétaires doivent veiller à maintenir la vocation forestière de leurs parcelles,
• des aides publiques peuvent être mobilisées (Plan de Relance, Fonds stratégique de la forêt et du bois, Label Bas-Carbone),
• des documents de gestion durable (Plan Simple de Gestion, Codes de bonnes pratiques) orientent les choix sylvicoles.
L’objectif de la loi est de garantir que chaque hectare exploité retrouve sa couverture forestière, tout en encourageant des pratiques durables et adaptées au changement climatique.