4 févr. 2019

Zones humides en forêt : quel rôle ?

Le concept de biodiversité, qui englobe le vivant et la sauvegarde de sa diversité, est l’un des principaux enjeux du XXIe siècle.

Clotilde Viala
Clotilde VialaChargée de partenariats entreprises
Zones humides en forêt : quel rôle ?
Mare forestière dans la forêt de Pézarches

C’est lors d’un sommet planétaire sur l’environnement et le développement en 1992 à Rio qu’a été développé le concept de biodiversité. Ce principe, qui englobe le vivant et la sauvegarde de sa diversité, est l’un des principaux enjeux du XXIe siècle. Menacées car fragiles, les zones humides sont mieux connues depuis quelques années et leur rôle est tenu pour primordial. Quel rôle jouent-elles dans la préservation de la biodiversité, notamment en forêt ? Comment pouvons-nous les protéger ?

Origine et transformation des zones humides par le boisement

En forêt, les zones humides peuvent prendre des formes variées : des étendues d’eau d’origine artificielle (étang, plan d’eau aménagé), des fonds de vallée aux eaux stagnantes, des mares forestières d’origine naturelle (poche argileuse) ou liées à d’anciens trous de bombe, des fossés délimitant des parcelles, etc. 
La végétation couvrant ces zones humides a plusieurs origines : soit elle est venue naturellement et correspond globalement aux potentialités du site (mares intraforestières, végétation ripuaire des étangs), soit elle dérive de la surexploitation de la forêt et donc de l’important éclaircissement de ce couvert forestier (lande tourbeuse, bétulaie, aulnaie-saulaie, prairie humide), soit enfin elle est la marque d’une forte emprise de l’homme sur le milieu, empreinte accompagnée d’une volonté de transformer ce milieu pour le rendre productif.
L’homme aura alors sélectionné quelques espèces, favorisé leur croissance, et misé sur la rentabilité des peuplements. L’enrésinement des fonds humides est relativement tardif dans les forêts françaises. Les essais menés au XIXe siècle ont été jugés infructueux ou abandonnés pour d’autres raisons. De 1960 à 1990, sous l’impulsion du Fonds forestier national, les reboisements en résineux ont complètement transformé des zones humides jusqu’alors peu recherchées par les forestiers. Des régions qui étaient colonisées par des landes ou des boisements peu productifs ont été transformées en futaies résineuses (Plateau de Millevaches, Basse-Normandie, Bretagne intérieure, Pays de la Loire, Sologne, etc.). Cette sylviculture répondait à des besoins économiques : produire du bois d’industrie ou de la pâte à papier. Il a fallu, pour y parvenir, transformer le milieu naturel.

Quelle est la biodiversité en zone humide ?

Les zones humides renferment un grand nombre d’habitats reconnus pour leur haute valeur écologique. Cet intérêt réside avant tout dans la présence d’espèces animales et végétales originales et spécifiques. On y trouve une très grande diversité d’espèces, dont la plupart bénéficient d’un statut de protection. Or, la biodiversité repose avant tout sur la diversité biologique des formes du vivant. 
Ce n’est pas toujours visible au premier regard. Pourtant, les tourbières ont, par exemple, un intérêt archéologique et paléo-environnemental. En s’accumulant sur des milliers d’années, la tourbe, par son pouvoir conservateur, a emprisonné des témoins biologiques ou matériels des temps anciens. Ainsi, l’étude des pollens fossiles des tourbières nous renseigne sur les végétations et les climats du passé depuis au moins 10 000 ans. La pratique de l’étrépage, qui vise à décaisser et à exporter le sol superficiel et la végétation, afin de favoriser les espèces pionnières, permet de retrouver des graines de plantes qui avaient momentanément disparu.
Mais les tourbières sont également de très importants puits de carbone, qu’il est essentiel de favoriser. 
La forêt joue plusieurs rôles essentiels pour les zones humides : elle filtre l’eau et est donc précieuse pour la qualité de l’eau des périmètres de captage ; elle fournit des habitats indispensables aux espèces aquatiques ; elle régule les débits et participe à la stabilisation des berges. Toutefois, de nombreuses zones humides ont un équilibre précaire et coexistent fragilement avec la forêt, si bien que le rôle de l’homme peut être indispensable pour leur maintien. 

Le rôle des hommes dans le maintien des ripisylves 

Les ripisylves sont la végétation bordant les milieux aquatiques. Elles forment soit un liséré soit un corridor très large et ont un rôle important sur les pollutions azotées, en plus de favoriser une riche biodiversité.
En effet, les ripisylves permettent de piéger dans la matière organique l’azote nécessaire aux tissus et favorisent, en présence de carbone et en condition anaérobie (là où il n’y a pas d’oxygène, notamment à cause de la turbidité), la dénitrification bactérienne des nitrates circulant dans les eaux de surface.
Constituant un véritable piège à carbone, à condition que l’interface entre les zones hors forêt et la frange boisée soit significative, elles présentent un intérêt essentiel pour les rivières et les ruisseaux.
En contribuant au maintien d’habitats particuliers (ombrage, niches écologiques variées), les ripisylves favorisent la préservation des paysages et de la biodiversité.
L’homme a un rôle à jouer dans le maintien de ces écosystèmes particuliers, en contenant les populations de certaines espèces qui peuvent être envahissantes et causer des dommages, telles que le ragondin ou le vison d’Amérique. De même, une gestion forestière inadaptée peut causer des dégâts dans ces écosystèmes à l’équilibre fragile.

La création et le maintien de mares forestières

Certaines mares forestières ont une origine naturelle, mais la plupart sont d’origine anthropique, nées de la volonté des hommes au cours des siècles, pour différentes raisons. Jadis, le plan d’eau à proximité était effectivement une nécessité pour les usages domestiques, pour le bétail ou en cas d’incendie.
Or, il se trouve que ces mares naturelles ou artificielles abritent une très riche biodiversité, accueillant de très nombreuses espèces animales et espèces végétales : insectes aquatiques, crustacés, mollusques, vers, arachnides (comme la petite argyronète), et même certains reptiles comme la couleuvre vipérine (Natrix maura) et la couleuvre à collier (Natrix natrix). Ce sont également des sites de reproduction indispensables pour les amphibiens (grenouilles, crapauds et tritons) et les odonates (libellules et demoiselles), dont les pontes et les larves se développent dans l’eau. Ainsi, une mare suffisamment ensoleillée peut accueillir plus de 200 espèces d’insectes aquatiques !
Par ailleurs, les mares sont une source d’eau indispensable au gibier, qui vient s’y abreuver ou y prendre des bains de boue, comme le sanglier. Toutefois, une mare est soumise à un processus naturel d’évolution, la conduisant progressivement vers son comblement (disparition de la lame d’eau libre) et son remplacement par un boisement humide. Le rôle des forestiers est primordial pour conserver les mares forestières. Sans un travail régulier d’éclaircissement, les mares finissent par disparaître. 
C’est ainsi que depuis le début du XXe siècle, 90% des mares forestières ont disparu en France. Et c’est ainsi qu’il nous revient, à nous qui sommes forestiers, d’entretenir voire de créer des mares forestières là où la biodiversité a besoin d’être soutenue ou enrichie.

 

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