16 juil. 2020
Que faut-il savoir des chenilles processionnaires du pin et du chêne ?
Les chenilles processionnaires du pin et du chêne se déplacent en longues files indiennes, se nourrissant des feuilles de chênes ou des aiguilles de pins.


Les chenilles processionnaires du pin et les chenilles processionnaires du chêne ont beaucoup de points communs. Ces insectes qui se déplacent en longues files indiennes, se nourrissent des feuilles des chênes ou des aiguilles des pins qu’elles affaiblissent sans toutefois les tuer. Leurs poils urticants peuvent être très dangereux pour les humains et les animaux domestiques, notamment les chiens. Que faut-il savoir de ces petites bêtes et comment lutter contre leur prolifération ?
Thaumetopoea pityocampa et Thaumetopoea processionea sont sur un arbre
Qu’elles soient processionnaires du chêne ou du pin, elles vivent en colonie sur l’essence d’arbre qui les nourrit et se déplacent en file indienne, d’où leur surnom. La processionnaire du pin, qui est tout de même un drôle d’animal, mange les aiguilles, ce qui affaiblit naturellement les arbres, lesquels sont alors sujet à d’autres attaques parasitaires. Elle s’attaque particulièrement au pin parasol, au pin d’Alep, au pin blanc, au pin noir d’Autriche, au pin maritime, au pin sylvestre, au pin laricio. Puisque chez cet effroyable prédateur nécessité fait loi, la chenille, en son innombrable multitude, croque aussi allégrement les aiguilles de sapin ou de cèdre de l’Himalaya, si l’un de ses pins préférés vient à manquer ou qu’elle a déjà digéré l’essentiel de sa parure.
La cousine, Thaumetopoea processionea, n’est pas plus sobre mais peut nous paraître un peu plus raffinée, se nourrissant des feuilles tendres du chêne, dès que celles-ci sont déployées. Les oeufs des chenilles éclosent assez tôt au printemps, avant même le débourrement des bourgeons, mais, malignes, les petites bêtes attendent l’apparition des premières feuilles pour se nourrir. Pendant ce temps, on dit qu’elles restent en quiescence. En revanche, le festin qui s’ensuit est à la hauteur du jeûne qui l’a précédé. Les chenilles attendent la nuit pour agir, elles sortent précipitamment du cocon où elles ont trouvé abri toute la journée, et c’est une véritable procession de chenilles qui fait festin de feuilles, laissant derrière elle un réseau de fils pour signer son méfait.
Quels dangers présentent les processionnaires ?
Pour ce qui concerne les arbres, selon l’essence et le type de peuplement, l’intensité des dégâts provoqués par les chenilles est variable. Dans les peuplements fermés de plaine, elles colonisent essentiellement les lisières, principalement celles qui ont une orientation sud/sud-ouest, occasionnant des dégâts tout à fait limités. La processionnaire du pinthaumetopoea pityocampa se nourrit des aiguilles mais même une défoliation totale ne provoque par la mort des espèces de pins attaquées.
Elle entraîne tout de même une perte de production de bois équivalant à une année d’accroissement si la défoliation a été totale. En quelques années, les arbres sont capables de reprendre du poil de la bête et de poursuivre leur croissance normalement, si les conditions sanitaires sont bonnes. Car tel est le principal danger que fait courir à l’arbre une attaque de processionnaires : que d’autres maladies ou parasites s’installent et tirent profit de l’affaiblissement de l’arbre. Des attaques de scolytes ou de pissodes succédant à une invasion de chenilles processionnaires peuvent avoir raison de certains arbres, quoique ce phénomène reste rare.
En revanche, les risques sanitaires pour les hommes et les animaux sont assez sévères. Recouvertes de poils urticaires, les chenilles processionnaires sont capables de libérer dans l’air, en cas de menace, cette parure perverse, très facilement emportée par le vent. Ainsi peut-on être atteint par les poils urticants sans même avoir touché la moindre chenille. Et lorsque le poil se brise, il libère immédiatement la substance allergisante qu’il renferme : la thaumétopoéïne. Celle-ci provoque de très vives démangeaisons caractérisées par des érythèmes ou des éruptions prurigineux, parfois accompagnés d'atteintes oculaires ou pulmonaires voire des réactions allergiques plus graves comme des oedèmes de Quincke ou des chocs anaphylactiques.
Il faut absolument éviter de manipuler les nids de ces chenilles dans lesquels peuvent demeurer de nombreux poils urticants pendant plusieurs années.
Les animaux peuvent aussi être attaqués par les poils microscopiques de ces vilaines bestioles et, sans soin, il arrive que leurs langues se nécrosent et finissent en partie amputées.
La lutte biologique contre les chenilles processionnaires
Même s’il faut apprendre à vivre avec les colonies de processionnaires qui étendent constamment leur aire de répartition vers le Nord, il est nécessaire de freiner leur trop forte expansion. Des méthodes de lutte efficaces et respectueuses de l’environnement existent, parmi lesquelles la lutte mécanique appelée l’échenillage, qui revient à couper les nids et brûler les cocons. C’est toutefois une action sensible à mettre en place, non seulement pour ne pas se blesser en manipulant des nids potentiellement infectants mais également pour éviter tout incendie involontaire.
Une autre méthode est le piégeage, qui consiste à la mise en place de pièges à phéromone pour capturer les papillons mâles.
Il existe également un traitement biologique, avec Bacillus Thurengiensis, une bactérie pulvérisée sur les aiguilles de pins qui intoxique les larves, qui est donc efficace à l’automne.
Enfin, l’installation de nichoirs à mésanges commence à se développer, puisque la mésange est un des prédateurs naturels de cet horrible olibrius qui peut faire perdre sa langue à un chien ou un cheval mais semble faire les délices de certains oiseaux comme le coucou, la huppe fasciée et les mésanges donc. Tous les goûts sont décidément dans la nature.