13 mars 2021
Que font les arbres au printemps ?
Au printemps, les arbres s’éveillent, les bourgeons éclatent, les fleurs s’ouvrent et les fruits se préparent, tandis que les graines tombées à l’automne germent.
Au printemps, les arbres s’éveillent, les bourgeons éclatent, les fleurs s’ouvrent et les fruits se préparent, tandis que les graines tombées à l’automne germent. De nombreux processus se mettent en place dans les forêts, mais aussi les parcs et les jardins. C’est toute une nature qui semble revivre.
A la fin de l'hiver, les arbres se réveillent
Nous avions laissé les arbres faussement endormis, dans cet état de dormance qui n’a que les apparences d’un long sommeil hivernal, alors qu’en réalité, tout travaille à l’intérieur, les arbres se réparent et s’arment pour le printemps qui s’en vient. Et le voici donc ! Les amandiers ont laissé éclater leurs fleurs depuis plusieurs semaines déjà ; forsythias, mimosas, prunus et cerisiers ont suivi, et c’est tout un peuple faussement immobile qui ouvre ses bourgeons où il a gardé au chaud tout au long de l’hiver ses embryons de branches et de nouvelles ramures.
Qu’est-ce que le bourgeon d’un arbre ?
Si commun et pourtant si extraordinaire, le bourgeon est un rameau miniature, véritable embryon de vie qui se déploie chaque année au printemps, et parfois une seconde fois à la fin de l’été. On dit alors que l’arbre se ramifie, il produit de nouvelles pousses que l’on appelle rameaux, qui ont pour conséquence l’allongement des branches, par conséquent l’élargissement de la couronne de l’arbre. C’est par les bourgeons que ce phénomène a lieu.
La composition d’un bourgeon est la suivante. A l’extérieur, des écailles minces, brunes, parfois enduites d’une substance collante (propolis) renferment des ébauches de feuilles vertes, couvertes de duvet. Au coeur du bourgeon, nous trouvons une petite tige correspondant à une zone de cellules actives, c’est-à-dire à la zone génératrice.
Parfaitement protégé des intempéries, le bourgeon est par conséquent un rameau miniature, que l’on peut observer dès la fin de l’été. On en distingue trois sortes, le bourgeon terminal qui se trouve à l’extrémité du rameau ; les bourgeons latéraux ou axillaires qui se développent au niveau des noeuds, à l’aisselle des feuilles ; et les bourgeons adventifs, qui apparaissent soit sur les racines, soit sur le tronc ou les branches.
Que fait un bourgeon au printemps ?
Au printemps, suite à la poussée de sève brute (formée par l’eau et les sels minéraux que l’arbre a absorbés dans ses racines), les cellules de la zone active se multiplient. Alors, le bourgeon grossit et les écailles s’écartent puis tombent. On nomme ce phénomène le débourrement.
Au niveau du bourgeon terminal, les entre-noeuds s’allongent et donnent naissance à une nouvelle pousse feuillée, tendre, fragile qui deviendra rigide lorsque les tissus de soutien seront formés, ceux-ci étant les fibres et les vaisseaux ligneux.
Pour ce qui concerne les bourgeons axillaires, le processus est plus complexe. Certains engendrent des pousses feuillées qui autorisent l’élargissement de la ramification, tandis que d’autres se transforment en rameaux courts, aux entre-noeuds serrés, qui ne portent qu’une ou deux feuilles. Chez certains (aubépine, néflier, prunellier…), les rameaux courts se terminent par une pointe rigide et piquante, on appelle cela des rameaux-épines.
Si les bourgeons ne reçoivent pas assez de lumière et de sève, ils ne se développent pas et sont alors considérés comme des bourgeons dormants.
Par conséquent la tige (que ce soient le tronc ou les branches) est formée d’une succession de pousses annuelles, et l’on peut repérer l’endroit où la nouvelle pousse a pris naissance aux cicatrices annulaires qu’ont laissées les écailles du bourgeon terminal.
Suivant les espèces, l’allongement annuel d’une tige est de 5 à 70 cm, parfois plus.
Chez les feuillus, lorsque le bourgeon terminal meurt, c’est le bourgeon axillaire le plus proche qui donne naissance à une nouvelle pousse. On remarque cela lors de la taille d’un arbre, par exemple.
Chez les conifères, si le bourgeon terminal meurt (à cause du gel, de l’attaque d’insectes, etc), le bourgeon axillaire se développe mais ne donne pas nécessairement naissance à une pousse verticale et rectiligne. Il peut s’agir d’une pousse en baïonnette.
Au printemps, les arbres se reproduisent
Les organes assurant la reproduction sexuée des arbres sont groupés dans les fleurs. La transformation du pistil en fruit contenant la ou les graines varie beaucoup d’une espèces à l’autre. Dans le cas du merisier, par exemple, l’ovaire contient une seule ovule logée dans une sorte de cuvette formée par le réceptacle floral. Ce sont les insectes (les abeilles notamment) qui assurent la pollinisation. Après avoir été fécondée, l’ovaire se développe jusqu’à devenir un fruit charnu contenant une graine, que l’on nomme amande, laquelle est protégée par une enveloppe dure (le noyau). La dissémination de la graine sera ensuite assurée par les oiseaux frugivores (merles, grives…) Comme ces oiseaux ne digèrent pas le noyau, ils éliminent la graine dans leurs fientes. C’est pourquoi toute la biodiversité est primordiale, afin d’assurer la reproduction des espèces.
Rares sont les arbres possédant des fleurs complètes. C’est toutefois le cas du merisier, du sorbier, du robinier et du marronnier. Dans la plupart des cas, les arbres ont des fleurs incomplètes, ils sont dépourvus d’enveloppe florale et/ou possèdent des fleurs unisexuées sur le même arbre ou sur des arbres différents.
Dans le cas du chêne, les fleurs mâles sont disposées en chatons et produisent un pollen abondant que dissémine le vent (qui est, lui aussi, essentiel à la reproduction des plantes). Les fleurs femelles sont groupées par deux ou trois sur un pédoncule commun. Le fruit est un gland porté dans une cupule.
La reproduction du hêtre, du charme, du bouleau ou de l’aulne est comparable à celle du chêne.
Quant aux peupliers et aux saules, ils portent des fleurs unisexuées qui se développent sur des arbres différents. Il existe donc des peupliers mâles et des peupliers femelles, et de même pour les saules. Dans le cas des arbres dont la pollinisation est assurée par le vent, la floraison précède la feuillaison.
Chez les conifères comme le pin sylvestre, les fleurs sont disposées en cônes. Elles sont dites rudimentaires : le pollen et les ovules sont nus et simplement pincés entre les écailles du cône. Très abondant, le pollen est disséminé par le vent. La fécondation a lieu un an plus tard. Les graines, nues, seront libérées l’année suivante, c’est pourquoi les cônes sont verts aux écailles serrées la première année, bruns aux écailles écartées l’année suivante.
Au printemps germent les graines des arbres
C’est d’une graine que naît un arbre. Celle-ci est le fruit de la fécondation d’un ovule par un grain de pollen. La graine contient généralement un germe entouré de réserves nutritives. Ce sont les cotylédons, souvent doubles, qui ont l’apparence de feuilles et qui, s’ouvrant en premier, permettent de nourrir la plante le temps de sa germination. Tout cela est entouré d’une enveloppe que l’on appelle tégument, plus ou moins résistant selon les espèces.
C’est à l’automne que les graines sont disséminées, déjà aptes à germer, mais ayant généralement besoin de subir le froid de l’hiver pour se développer au printemps.
Les conditions qui favorisent la germination sont l’humidité, la chaleur (entre 4 et 20°C) et l’oxygène.
Dans une forêt, la germination des graines et les premières années du développement des plantules forment la première étape de l'installation d’un peuplement qui deviendra une futaie.
Au contact de l’humidité du sol et sous l’effet de l’augmentation de la température de l’air au printemps, la graine gonfle et provoque la déchirure du tégument et de la paroi du fruit, dans le cas des graines qui sont disséminées avec le fruit, ce qui est notamment le cas des glands du chêne, des faînes du hêtre ou des marrons.
Alors, l’embryon se développe, une petite racine (radicule) s’enfonce dans le sol et, une fois que la plantule est suffisamment fixée, la tigelle s’élance vers le haut, croissant avec les premières feuilles. Ce développement rapide est rendu possible par les réserves nutritives des cotylédons.
Chez certaines espèces (hêtre, érable…), les cotylédons sont soulevés hors du sol, verdissent, flétrissent puis tombent. C’est une germination épigée.
Chez d’autres espèces, comme le chêne, les cotylédons restent dans le sol où ils pourrissent : c’est une germination hypogée.
Il faut savoir que les arbres forestiers ne fructifient qu’à partir d’un certain âge (40 ans chez le hêtre) et que ce phénomène ne se reproduit pas chaque année mais à des intervalles plus ou moins réguliers. La faînée d’un hêtre a lieu tous les 5 à 10 ans. Les arbres sains produisent plus de graines, car cette phase du développement leur demande une grande dépense d’énergie.
Une chênaie peut produire jusqu’à 2000 kg de glands par hectare, mais 60 à 80% de ces graines ne germeront jamais.
Ainsi, pour favoriser la régénération naturelle de la forêt, les forestiers sélectionnent-ils des arbres semenciers et dégagent-ils des zones pour permettre la germination des graines.
On peut donc aider la nature à donner le meilleur d’elle-même, c’est le rôle des forestiers, mais on peut aussi favoriser la richesse de la biodiversité, afin de permettre à la nature de se reproduire et de se multiplier dans les meilleures conditions possibles, et c’est l’affaire de tous.
Le printemps est à l’oeuvre, admirons son travail !