3 avr. 2019
Pour décontaminer les sols, plantez des saules !
Les arbres ont de surprenantes capacités d’adaptation et le saule des propriétés insoupçonnées pour absorber l’arsenic.
Les arbres ont des vertus et des qualités qui n’ont pas fini de nous surprendre. Leur incroyable diversité et leur capacité d’adaptation à toute sorte de sols que l’on pourrait juger hostiles causent l’étonnement des scientifiques et font le bonheur de l’humanité. Le saule a des propriétés insoupçonnées pour absorber l’arsenic.
L'incroyable adaptation des arbres
Certains arbres ont la capacité de se nourrir de métaux lourds et de dépolluer les sols. Intéressons-nous à présent au saule, mangeur d’arsenic, comme le révèle un article qui condense plusieurs études menées par des chercheurs de Montréal. Si dans l’Oise, tout près d’une usine ArcelorMittal, les saules ont pour mission d’extirper de la terre le zinc et le cadmium que l’activité industrielle a déposés, au Québec, ils sont mis à contribution pour décontaminer les terres de l’arsenic présent sur plus des deux tiers des sites contaminés. Cet élément chimique n’a pas usurpé sa réputation de « poison des rois et roi des poisons », que certains chercheurs rendent responsable de la mort de Napoléon. Inorganique, sous sa forme pure ou lié à l’oxygène, il est alors très dangereux, même à faible dose, et même une fois transformé par un procédé chimique pour être rendu organique, c’est-à-dire beaucoup moins toxique, il peut le redevenir dans le sol. D’où la nécessité d’en débarrasser les sols imprégnés. Or, sa présence dans l’environnement, même si elle est en grande partie d’origine géologique, est également due à l’activité minière, à la métallurgie et à l’entreposage de déchets. Au Québec, on estime que plus de 1600 sites sont désormais inutilisables en raison des activités humaines et industrielles qui ont souillé les sols, notamment avec de l’arsenic.
Décontaminer les sols par les saules
Heureusement, les arbres sont là et certains peuvent agir comme un antidote réellement efficace pour que la terre ne meure pas. Au terme d’une étude approfondie, menée dans les laboratoires de l’Institut de recherche en biologie végétale (IRBV) de Montréal, le saule a démontré des capacités exceptionnelles de croissance et d’accumulation de l’arsenic. Ces arbres sont capables de survivre tout en accumulant ce poison. Après l’avoir absorbé par les racines, le saule transporte tranquillement l’élément chimique dans tous ses tissus, des racines aux feuilles, avant de le stocker dans de petites cellules appelées vacuoles cellulaires, où il demeurera prisonnier jusqu’à ce que le saule meure. Il ne restera plus qu’à récolter l’arbre, racines et feuilles comprises pour incinérer le tout dans des centrales spécialisées. C’est ainsi que l’on pourrait décontaminer des sols.
Comment le saule résiste-t-il au poison ?
Les scientifiques estiment que l’arbre utilise un mécanisme de défense ancien pour se protéger des prédateurs et des parasites en absorbant une substance toxique qu’ils détecteront et qui les détournera de lui. Par ailleurs, les scientifiques savent que certaines espèces végétales savent mettre en place un système de défense contre ce qui les agresse, comparable au système immunitaire humain, et les analyses menées par les chercheurs du laboratoire québécois ont mené à une liste de gènes nécessaires à l’accumulation de l’arsenic. C’est ainsi qu’en menant une cartographie du génome de certaines variétés d’arbres, l’on pourrait parvenir à savoir quelle espèce d’arbre serait propice à dépolluer les sols, selon les poisons qui s’y trouvent.
En ce domaine, tout espoir est permis. Continuons de planter des arbres.