23 oct. 2019
Les arbres rejoignent la liste des espèces menacées en Europe
Près de la moitié de nos arbres d’Europe sont menacés d’extinction, selon l'UICN.
C’est une liste rouge dévoilée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) qui nous l’apprend : près de la moitié de nos arbres d’Europe sont menacés d’extinction, pour trois raisons principales : l’introduction d’espèces envahissantes, l’urbanisation et la mauvaise gestion des forêts.
Vers une perte de diversité des essences d'arbres
Le réchauffement climatique n’est pas le seul souci de notre époque : la mondialisation, le grignotage des terres et l’absence de gestion de nombre de forêts posent des problèmes auxquels nous devons apporter des réponses. Car, selon l’UICN, il y a urgence. En Europe, ce sont plus de 40% des arbres qui sont directement menacés d’extinction, parmi les 454 espèces que l’on a recensées sur notre continent. Ce serait une perte de diversité et de biodiversité dramatique et probablement irrémédiable. Car si certaines espèces sont présentes dans d’autres parties du monde, ce n’est pas le cas de toutes.
58% des espèces endémiques à l’Europe sont sous la menace d’une extinction et 15% d’entre elles sont en danger critique. Nous pourrions, à terme, perdre 168 espèces d’arbres originaires d’Europe.
Les trois quarts des sorbus pourraient disparaître
C’est un terrible exercice que de s’imaginer la disparition des trois quarts des sorbiers et alisiers d’Europe, qui produisent ces petites baies rouges très appréciées des oiseaux. Et l’on prend ainsi conscience que si certains arbres disparaissent, ce sont les oiseaux qui en seront affectés, et la chaîne alimentaire qui en perdra d’importants maillons.
Plus connu, le marronnier commun est victime de la mineuse, une petite chenille qui dévore ses feuilles, les fait brunir prématurément et, à terme, le tue. Ces arbres, qui ont égayé des générations d’élèves et dont les fruits tombant au sol sont synonymes de rentrée des classes, pourraient tout à fait disparaître de nos cours et de nos jardins, et l’on se retrouverait comme trois siècles auparavant, quand l’espèce, originaire des Balkans, n’avait pas encore été introduite à la cour.
Quelles sont les causes de la disparition des arbres ?
Ce qui menace en premier lieu les arbres d’Europe, ce sont les ravageurs, les maladies et les plantes invasives, pour 38% d’entre eux. Ce danger, précise l’UICN est « en croissance constante, principalement en raison de la mondialisation du commerce, notamment celui des plantes, qui introduit ces ravageurs. Le changement climatique a aussi un impact, en étendant la surface d’habitat de ces organismes invasifs. »
Dans cette menace qui pèse sur nos arbres, le changement climatique n’a donc qu’un rôle secondaire, ou plus précisément d’accélérateur, de multiplicateur.
Pour le reste, il s’agit à la fois de l’urbanisation croissante et d’une mauvaise gestion des forêts, l’exploitation en monoculture posant notamment des problèmes, en empêchant la diversité et donc la résilience des arbres aux maladies. Ces deux facteurs sont des problèmes sérieux qu’il est en notre pouvoir de régler. Il faut pour cela une volonté politique mais aussi individuelle, celle de ne pas grignoter trop de terres dévolues aux bois et aux espaces naturels ; celle également, pour chaque propriétaire de forêt, de si petite taille qu’elle soit, de la gérer dans le respect de la nature et de sa biodiversité, et de ne pas la laisser à l’abandon. Une forêt bien gérée produit plus de bois qu’une forêt non gérée, et se trouve moins sujette aux attaques des parasites, aux maladies et aux incendies, qui sont à compter parmi les causes de la disparition des arbres, notamment des espèces les plus fragiles et les plus longues à se réinstaller.
Il est urgent de prendre soin de nos forêts et de nos espaces naturels. Nous ne voulons pas d’une Terre appauvrie, spécialement en temps de réchauffement climatique et d’accroissement de la population mondiale.