19 févr. 2021

Gestion forestière : nous plantons, entretenons et coupons vos arbres !

La gestion forestière est indispensable à la bonne santé des forêts et a pour premier objet l’entretien durable des bois, tel est notre métier de forestier.

Gestion forestière : nous plantons, entretenons et coupons vos arbres !

Le métier de forestier est assez mal compris et parfois mal perçu en France. Il souffre d’une mauvaise image héritée de pratiques anciennes ou en déclin, et suscite l’incompréhension d’une partie de la population, même de ceux qui s’intéressent à l’écologie. Pourtant, si les forêts sont une ressource noble, elles sont aussi une ressource exploitable, au même titre que l’on exploite les terres agricoles ou les océans pour nos besoins. On peut exploiter les forêts dans le plus grand respect de la nature. C’est même absolument souhaitable. Voici comment nous procédons, dans les forêts dont nous avons la gestion.

Pourquoi faut-il entretenir les forêts ?

La base de notre métier est la plantation, l’entretien et l’exploitation de forêts. En France, les forêts ne souffrent pas tant de disparition que de mauvais ou de non entretien. Une forêt qui n’est pas entretenue, ce sont par exemple des mares forestières qui disparaissent (90% d’entre elles ont disparu depuis le début du XXe siècle), or elles sont un immense réservoir de biodiversité : non seulement l’habitat d’arthropodes aquatiques et de batraciens (grenouilles, crapauds, tritons…) qui viennent s’y reproduire, mais également lieux propices aux bains de boue des sangliers, abreuvoirs pour les mammifères (renards, cerfs, chevreuils…) et réservoirs de nourriture pour certains oiseaux. Elles sont une source précieuse d’eau douce et participent à la régulation des crues ainsi qu’à l’alimentation des nappes souterraines. Elles participent efficacement à l’épuration des eaux.
Pourtant, les mares forestières ont tendance à disparaître sous l’avancée des arbres, dans les forêts non entretenues. 
Une forêt qui n’est pas entretenue, ce sont encore des arbres qui s’abattent lors des tempêtes et qui en entraînent d’autres dans leur chute. C’est une somme considérable de bois mort qui pourrit en libérant le dioxyde de carbone emmagasiné tout au long de sa vie, mais aussi du méthane, qui est un Gaz à Effet de Serre (GES) encore bien plus toxique. Ce sont des clairières qui disparaissent, empêchant la germination et la pousse des plantes héliophiles. C’est une puissante lutte concurrentielle entre les arbres qui ne profite pas à beaucoup et qui empêche de nombreux arbres de se développer en absorbant du CO2, à l’avantage de quelques-uns qui, parce que plus vieux, captent potentiellement moins de dioxyde de carbone. 
Une forêt qui n’est pas entretenue, c’est enfin le risque d’incendies, comme nous en avons, hélas, le spectacle tous les étés dans le Sud de la France où les forêts ont poussé de manière anarchique depuis un siècle, là où les terres étaient autrefois cultivées ou pâturées par les bêtes. 

EcoTree achète des forêts en déshérence ou des terres incultes pour les reboiser

C’est pourquoi, nous avons décidé d’acheter des forêts qui, la plupart du temps, n’ont pas été entretenues et exploitées depuis plusieurs années. Ou qui l’ont été de manière violente (coupes rases, monoculture, etc). Ou encore, nous achetons des terres qui ne sont pas propices à l’agriculture, qui se trouvent près de parcelles boisées, et que nous boisons pour leur redonner une noblesse
Une fois ces forêts achetées, nous mettons en place un itinéraire sylvicole et un document de gestion durable, qui prend la forme d’un Plan Simple de Gestion (PSG) à partir de 25 ha, lequel peut être contrôlé par le Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF), lequel est missionné par l’Etat pour contrôler l’entretien et l’exploitation des forêts en France. Le PSG permet de faire le point sur la gestion de la forêt, sur ses potentialités, et sur la gestion passée. Il aide à prendre les bonnes décisions et à organiser les actions à mettre en place pour respecter au mieux l’équilibre biologique de l’écosystème forestier. Le propriétaire d’une forêt a tout intérêt à ce que son bien soit correctement entretenu pour lui donner de beaux arbres. Les beaux arbres s’obtiennent par un bon traitement des sols et de la biodiversité locale.

Chaque propriétaire forestier est soumis au Code forestier qui ne l’autorise pas à faire n’importe quoi sur ses parcelles. De même que dans un espace public on se doit de respecter la loi et que l’on est responsable devant la société de l’éducation donnée à ses enfants, le forestier est responsable devant la loi de la manière dont il traite ses arbres. Tout propriétaire forestier est d’ailleurs responsable devant la loi, en vertu du Code forestier, et même celui qui ne sait pas qu’il est propriétaire d’un bois. 
L’agrément du PSG confère la garantie de gestion durable à la forêt en question. Ainsi, comme propriétaires forestiers, nous ne pouvons agir n’importe comment, mais sommes responsables devant la loi qui a instauré des gardes-fous afin que la forêt française soit respectée dans son ensemble, sa cohérence et sa biodiversité. De même que la chasse est réglementée, le travail du forestier est réglementé. Les CRPF précisent ainsi les bonnes gestion sylvicoles à respecter en fonction des régions, des peuplements, des contraintes naturelles, etc.  

Avant de planter les arbres, le forestier étudie les exigences de la station

Un forestier ne plante pas n’importe quelle essence n’importe où, pas plus qu’il prélève n’importe quels arbres quand cela lui chante. Avant d’acquérir des parcelles à reboiser ou à entretenir, avec l’aide d’un expert forestier si besoin, le forestier étudie attentivement les exigences de la station : hygrométrie, sol, ensoleillement, topographie, composition floristique. A chaque station correspondent une ou des essences déterminées d’arbres.
Ainsi, on ne plantera pas les mêmes essences suivant que le climat est continental, océanique, méditerranéen… ni suivant que le substrat est sédimentaire, acide, etc, et que la station se trouve sur un plateau, dans une plaine, dans une vallée...
Les paramètres à prendre en compte pour que les arbres poussent bien sont nombreux. Lorsqu’il convient de boiser ou de reboiser une parcelle, ce sont les essences les plus adaptées qui sont privilégiées. Pour un reboisement, la régénération naturelle est privilégiée, c’est-à-dire qu’on laisse les arbres porteurs de graines faire leur office. C’est la solution la plus économique et la plus écologique mais pas toujours la meilleure. Il arrive que la régénération naturelle ait du mal à se mettre en place, pour diverses raisons, alors le forestier peut privilégier la plantation ou aider la régénération naturelle en plantant des arbres issus de pépinières. 
Dans le cas d’une plantation sur une terre en friche, le sol est préparé et il s’agit de mettre en terre de petits plants issus de graines ayant germé en pépinière. Le plus simple est de planter les arbres en ligne pour commencer, afin de les retrouver et de les protéger des prédateurs au cours de leurs premières années de vie. Peu à peu, des essences secondaires viendront naturellement coloniser les espaces intermédiaires, donnant à terme l’image d’une forêt naturelle. 
Afin d’aider les arbres d’avenir à pousser du mieux possible, des prélèvements sont effectués tous les cinq ans ou tous les dix ans, etc, selon ce qui est prévu par le PSG. Cela consiste en une sélection des sujets les moins intéressants, qui sont coupés et recyclés dans telle ou telle industrie suivant leur potentiel

En France, les essences résineuses et exotiques ont aussi leur place

En France, les résineux ont mauvaise presse et les essences exotiques également, ces derniers temps. Les uns et les autres y ont pourtant toute leur place. Cela fait des siècles que des essences exogènes ont été implantées sans que cela pose de problème. Nul ne s’élève contre la mode des marronniers dans les écoles, alors que le marronnier a été introduit en France au début du XVIIe siècle. Tout est question, comme bien souvent, de nuance et d’équilibre. 
En vertu de quel principe les chênes rouges d’Amérique, les séquoias ou les Douglas n’auraient-ils pas leur place dans nos forêts ? Chacun a ses qualités et ses usages propres. Par exemple, le bois du chêne rouge ne sera jamais utilisé pour la fabrication des merrains. En revanche, il est préconisé sur certains sols où il se développe mieux que nos chênes indigènes et où il produit plus rapidement du bois de bonne qualité. Comme beaucoup d’essences exogènes, celle-ci peut être envahissante si elle n’est pas contrôlée, c’est pourquoi il est hors de question de ne planter que du chêne rouge. Mais en planter de manière raisonnable ne pose aucun problème dans nos forêts. Rappelons-nous que les vignes qui font aujourd’hui notre fierté viennent toutes d’Amérique, depuis la crise du phylloxera. L’exotisme a aussi du bon !
La forêt française est toujours composée de deux tiers d’essences feuillues et le chêne y est l’essence par excellence, qui représente 40% de la surface forestière totale. Nous ne sommes pas plus près de voir une France couverte de chênes rouges que de résineux. Les essences résineuses ont toutefois leur place dans nos paysages et leur intérêt écologique. 

Dans nos forêts nous plantons des résineux et des feuillus

Dans nos forêts, lorsque nous plantons des résineux, c’est souvent fait avec au moins une essence feuillue en accompagnement, dès que cela est possible. Et nous ne plantons jamais de forêts monospécifiques. Par ailleurs, notre gestion forestière en structure irrégulière n'acidifie pas les sols. 
Mais là encore, il faut tordre le cou à une idée reçue : l'acidification des sols, en particulier en zone humide, n'est pas un mal en soi, elle est même recherchée par les écologues pour faire réapparaître des espèces en voie de disparition comme les droseras par exemple, ces plantes carnivores qui sont protégées en France et qui apprécient les terrains acides et humides. C'est ainsi que les entreprises spécialisées dans les zones humides réalisent des "fauches exports", dans le but d'appauvrir le sol !
Par ailleurs, le bois de résineux est le plus utilisé en France dans la construction, c’est pourquoi il est important de le faire pousser proprement sur notre territoire, afin de minimiser les importations qui émettent des GES. Il est toujours possible de critiquer cela et le fondement d’une économie de marché, mais il faut toutefois vivre dans la réalité, qui est telle aujourd’hui.
Troisièmement, nous ne remplaçons pas de belles forêts de feuillus par des plantations de résineux : nos plantations de résineux (généralement mélangées à des feuillus) sont faites sur des friches, landes, coupes rases non reboisées (par d’anciens propriétaires), anciennes terres agricoles. Jamais, nous ne coupons de belles futaies de chênes pour les remplacer par des résineux !
Enfin, les résineux sont indispensables aux abeilles pour la fabrication de la propolis qui leur permet de construire leurs ruches et de les désinfecter. 
Ils ont aussi leur place pour permettre l'accueil d'une faune et d’une flore typiques des forêts de résineux que l'on ne retrouve pas sous une forêt de feuillus. 
Les résineux sont ainsi une partie indispensable de la biodiversité de nos forêts françaises !

Nos forêts sont accessibles à tous

Nos forêts, où, faut-il le rappeler, nous n'employons que des produits naturels en cas d’attaques de parasites (ce qui n’est pas encore arrivé) ou pour éloigner le gibier qui aurait l’outrecuidance de venir abrouter nos jeunes plants, sont ouvertes au public et toutes accessibles. Leur emplacement géographique est consultable par tous sur notre site Internet. Parce que notre meilleure défense, c’est vous qui l’assurez. 
Elles sont, comme toutes les forêts, habitées par une flore et une faune nombreuse, qui évoluent en fonction des saisons et des heures de la journée. 

Grâce à votre soutien, nous continuerons d'acquérir des forêts délaissées pour les entretenir au mieux, y soigner la biodiversité et en recueilir les fruits, le moment venu, ce qui permet de financer leur entretien. C'est à un cercle vertueux que nous contribuons, comme forestiers, avec votre aide.
 

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