24 avr. 2018
Vous voulez du bon vin ? Il vous faut du chêne de France !
Seules quelques espèces de chênes particulières permettent de fabriquer les meilleurs fûts pour vieillir le vin.
Ce n’est sans doute pas par hasard que l’on doit aux Celtes les premiers tonneaux et aux Gaulois le travail du vin. Car ce sont quelques espèces de chênes particulières avec lesquelles on fabrique les meilleurs fûts ; de ces espèces particulièrement présentes et exploitées en France.
Usages du chêne rouvre et pédonculé
« L'origine géographique du chêne joue un rôle important sur les caractéristiques organoleptiques acquises par les vins durant leur élevage en fûts », relevait une étude réalisée en 2000 par le Centre Technique Interprofessionnel de la Vigne et du Vin. Ainsi, sur les quelque 250 espèces de chênes présentes dans le monde, les chênes rouvres et pédonculés sont les plus réputés pour la conception des fûts, chacune des espèces étant utilisée pour ses propriétés selon la couleur, l’appellation et le millésime du vin. Le chêne blanc d’Amérique du Nord est parfois utilisé mais moins apprécié, sauf pour quelques appellations particulières comme le Rioja espagnol. Or, si ces deux espèces de bois sont présentes dans une grande partie de l’Europe, c’est en France qu’elles sont le plus exploitées et utilisées pour la fabrication des fûts depuis des siècles. Grâce à Colbert notamment qui fit planter le bois de Tronçais, à l’origine pour en tirer des mâts de navires. Ce sont des forêts de Bourgogne (forêt des Bertranges, de Cîteaux), du Bourbonnais (bois de Tronçais), des Vosges (forêt de Darney) ou du Gers que l’on extraie la grande majorité des chênes à partir desquels seront conçus les merrains dont on fait les barriques.
Les chênes sont le coffre-fort de la forêt française
L’ONF estime que pour les forestiers, les chênes sont le coffre-fort de la forêt française qui lui ont permis d’être le leader mondial de la tonnellerie. Environ 550 000 tonneaux sont produits chaque année en France, ce qui correspond à la moitié de la production mondiale destinée au vin. Si l’on pense que seuls 2 à 3% des vins sont élevés en fûts de chêne dans le monde, et 4% en France, on imagine que c’est un secteur qui n’est pas près de péricliter. Bien entendu, tous les vins ne sont pas destinés à vieillir dans des fûts. Ce secteur, « fleuron du commerce international de la filière bois française » a néanmoins un excédent commercial d’environ 350 millions d’euros, alors que toute la filière bois française reste déficitaire. Un tiers de la production des fûts est vendue en France, un tiers aux Etats-Unis et le reste en Espagne, Italie, Australie, Nouvelle-Zélande. Il n’est pas dit que la Chine soit capable de fabriquer elle-même ses barriques avec le bois qu’elle achète en France, à moins d’un « transfert de technologie », comme cela se pratique déjà aux Etats-Unis. Car en Californie, cela fait une trentaine d’années que des Français ont permis le développement de la viticulture et désormais quelques tonneliers y fabriquent leurs fûts à partir de chêne importé de France. La concurrence reste toutefois de mise, le groupe français Charlois, premier acheteur de chênes en France (80 000 m3 par an certifiés PEFC) étant déjà partie à la conquête de l’Ouest américain.
Les chiffres du commerce du chêne pour le vin
Chaque année, les merrandiers, qui fabriquent les merrains à partir desquels sont faits les tonneaux, achètent 250 000 m3 de bois des chênaies de France, ce qui correspond à 10% de la récolte nationale de grumes de chêne et représente 30% de la totalité des ventes de bois d’œuvre de chêne en France. 90% de l’approvisionnement en merrain provient des forêts domaniales. D’après Jean-Luc Sylvain, président de la Fédération des tonneliers de France, les achats des merrandiers et des tonneliers pèsent près de la moitié des recettes de chêne des forêts de l’Etat.
Il faut également savoir que le vin vieillit mieux dans des fûts neufs, que ceux-ci sont donc très régulièrement renouvelés et que seul 3% du bois initial est utilisé pour la conception des merrains. Ainsi cette industrie « de luxe » tire-t-elle toute une économie. Depuis quelques années, le champagne lui-même se tourne de nouveau vers les fûts un temps abandonnés au profit des cuves en inox. Ainsi le chêne champenois trouve-t-il lui aussi à se donner un noble rôle.
Voici encore une illustration de la spécificité des forêts françaises qui nous rappelle quel soin nous devons y apporter et quel bénéfice nous pouvons en espérer. Continuons de planter des arbres et d’exporter nos savoir-faire, c’est toute la mission d’EcoTree.