Que s’est-il passé dans nos forêts en juin ?

Le projet de biochar se poursuit

Souvenez-vous, au mois de février, notre ambitieux projet de biochar avait enfin vu le jour après plusieurs mois de recherche. Plusieurs tonnes de biochar –  un type de charbon végétal obtenu par pyrolyse – avaient été épandues suivant différents dosages dans la forêt de la Chapelle-Saint-Rémy, dans la Sarthe. Le biochar, utilisé pour amender et alcaliniser le sol, possède aussi des propriétés de purification et de conservation de l’eau. Nous sommes donc impatients d’observer les premiers résultats de cet épandage expérimental.

Durant la dernière semaine de juin, une équipe composée d’Arnaud De Grave, Pierre Astruc et Alexandra Haskell, du Pôle Forêt et Biodiversité de l’équipe française, et de Pablo Denti et Lucia Giunti, du Pôle équivalent à l’international, s’est rendue dans la forêt. Ils y ont opéré des prélèvements de sol, des observations, ainsi qu’un décompte et des mesures des jeunes arbres. 

La mésofaune (petits organismes présents dans le sol) sert notamment d’indicateur de la qualité des sols. Pour les observer, on met en place un dispositif de Berlèse : pour cela, on collecte des échantillons de terre placés dans un récipient exposé à une forte lumière. Préférant l’obscurité, la mésofaune se dirigera au fond du récipient, où elle passera à travers un tamis. Elle sera ensuite collectée, identifiée et analysée, et cela nous donnera des indications sur la qualité du sol. D’autres relevés de sol seront effectués en forêt (pour déterminer la densité et compacité du sol…), tandis que d’autres encore seront analysés en laboratoire, notamment le séquençage de l’ADN du sol, afin de déterminer quels sont les bactéries et champignons présents dans le sol.

Les travaux forestiers continuent

Outre les projets exploratoires tels que celui du biochar, les travaux forestiers traditionnels continuent. En Bretagne, à Pont-de-Buis, Cléden-Poher et Ploërdut, des dégagements ont été réalisés en juin pour maîtriser la végétation concurrente qui pourrait ralentir, voire empêcher, la pousse des jeunes arbres. Dans la Creuse, à Gioux et Palotas, un broyage d’interlignes a été réalisé : la création de couloirs permet d’entretenir les plants plus facilement. Dans cette seconde forêt, une haie de 240 mètres linéaires a aussi été plantée ce mois-ci.

A Berné et Gourin, dans le Morbihan, les jeunes séquoias, chênes rouges et chênes sessiles ont été mis en gaines pour les protéger efficacement des abroutissements des animaux trop gourmands. A Langonnet, les arbres du verger ont été protégés de la même manière.

Les mesures d’arbres s’enchaînent

En Bretagne, dans la forêt de Launay Guen, Vianney de La Brosse, épaulé par Etienne de la Brosse, deux forestiers d’EcoTree, ont fait un cubage pied-à-pied des arbres, c’est-à-dire qu’ils ont mesuré leur hauteur et diamètre pour ceux qui n’ont pas été mesurés au drone. Ce travail de longue haleine s’effectue en plusieurs jours.

Dans cette même forêt, l’expert forestier François du Cluzeau est venu faire des observations pour mettre au point le Plan Simple de Gestion de la forêt, qui sera ensuite validé à l’automne par le Centre National de la Propriété Forestière.

Les observations d’oiseaux et chauves-souris se succèdent

Un ornithologue a effectué des relevés à point d’écoute à Préaux, dans la Sarthe, afin de pouvoir ensuite préconiser les actions à prendre en faveur de l’avifaune. 

Tout près de là, à Pontvallain et Ruillé, la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) est passée faire un inventaire ornithologique, grâce à la méthode de l’Indice Kilométrique d'Abondance (IKA). Cette méthode mise au point en 1958 permet de connaître l’abondance des oiseaux en période de reproduction. L’observateur parcourt un trajet rectiligne d’un demi à un kilomètre en s’arrêtant tous les 20 mètres pour compter les oiseaux. Il fait cela à plusieurs reprises, et en fin de saison, il divise le nombre de couples d’oiseaux obtenus par les kilomètres parcourus. 

Une deuxième méthode utilisée à Pontvallain et Ruillé est celle de l’EPOC (Estimation des Populations d’Oiseaux Communs), qui se fait par point d’écoute et d’observation de 5 minutes durant lesquelles tous les oiseaux détectés sont notés par l’observateur.

Toujours côté ornithologie, les élèves de l’école maternelle de Sarran, qui avaient visité la forêt d’EcoTree le mois dernier pour découvrir les oiseaux, ont construit des nichoirs pour différentes espèces avec Limousin Nature Environnement. Ces jolis nichoirs construits avec grand soin par les petits écoliers ont été posés en forêt à la mi-juin.

Du côté de la forêt morbihannaise de la Trinité-Langonnet, l’inventaire des chauves-souris, des insectes et de la flore se poursuit grâce à l’écologue Charly Robinet. C’est un travail de patience qui s’effectue sur quelques semaines, durant plusieurs saisons.

Enfin, en Seine-et-Marne, en forêt de Pézarches, Gauthier de Lachaise, de l’équipe forêt, et Louise Bouchardy, responsable des projets de biodiversité, ont réalisé des Indices de biodiversité potentielle (IBP) et ont posé des enregistreurs à ultrasons pour identifier les chauves-souris présentes dans cette forêt.

Le festival des Nuits des Forêts

Dans cette même forêt de Pézarches, ainsi qu’à Launay Guen, en Côtes-d’Armor, le mois de juin a été marqué par le festival des Nuits des Forêts, auquel EcoTree a participé. Ces deux forêts ont attiré un public francilien et breton qui a pu profiter des forêts ombragées pendant une journée caniculaire. Les participants, enfants comme adultes, ont notamment pu découvrir la gestion forestière, l’apiculture, la gestion des chauves-souris, et bien d’autres sujets encore, que vous pouvez découvrir ici.