Oct 9, 2020

Chevreuil : focus sur le plus petit cervidé d’Europe

Le chevreuil est le plus petit mais aussi le plus nombreux des cervidés de nos forêts, tant sa population s'est accrue ces dernières décennies.

Nicolas Pontroué
Nicolas PontrouéPhotographer/Filmmaker
Chevreuil : focus sur le plus petit cervidé d’Europe

Ce cervidé a bien des caractéristiques communes avec le cerf élaphe, qui peuple nos forêts, mais il est beaucoup plus petit et sa population plus nombreuse. A tel point que sa multiplication pose des problèmes aux forestiers et qu’il se fait vecteur de maladies notamment transmises par les tiques. Intéressons-nous à ce petit ruminant discret et agile.

Le chevreuil, un animal puissant et rapide

Malgré sa petite taille, Capreolus capreolus est capable de bondir à deux mètres de hauteur, de franchir six mètres de longueur en un saut et d’atteindre la vitesse de 100 km/h sur une courte distance. Mai lorsqu’il est amené à fuir des prédateurs sur de longues distances, il ne dépasse guère les 40 km/h et s’essoufle assez vite. Ces performances sont néanmoins épatantes pour un petit ruminant de 62 cm de hauteur moyenne au garrot pour la femelle, cinq centimètres de plus pour le mâle, un poids d’une vingtaine de kilos pour la femelle, deux ou trois de plus pour le mâle. C’est dix fois moins qu’un cerf élaphe, avec lequel on le confond pourtant assez souvent.
C’est que nous avons rarement l’occasion d’observer attentivement ces cervidés qui fuient la présence de l’homme et se taillent de belles échappées dans les bois. Plus petit et plus agile, le chevreuil est toutefois mieux adapté à l’environnement forestier que le cerf qui préfère les grands espaces. 

Répartition actuelle et mode de vie du chevreuil

Les populations de chevreuils sont tributaires de l’activité des hommes mais aussi de la géographie. Les forêts ne cessant de gagner du terrain en France et, plus généralement, en Europe, tandis que les grands prédateurs y sont moins présents et que la chasse ne joue plus assez son rôle de régulateur, le nombre de chevreuils ne cesse de croître, ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle. 
En effet, il arrive que 20 à 30 têtes soient présentes sur cent hectares, ce qui cause non seulement des dommages aux jeunes arbres mais favorise aussi la multiplication des maladies, les accidents et, dans certains cas, la dégénérescence. 
Le chevreuil peut vivre dans des forêts de feuillus ou de conifères, bien qu’il leur préfère les forêts mixtes. Les taillis sous futaie sont pour lui un terrain favorable. Mais on le voit de plus en plus présent dans les champs et les prairies où il n’hésite pas à se nourrir des cultures d’hiver et de printemps. 
D’ordinaire, le chevreuil se nourrit d’herbages, de jeunes feuilles et de bourgeons qu’il abroute, préférant les plantes riches en azote. Les feuilles de chênes, de charmes, d’érables ou de cornouillers sont une nourriture de dilection pour lui. 
En l’absence de feuilles ou de bourgeons à se mettre sous la dent en hiver, les chevreuils mangent des ronces, du lierre et des champignons. Ils se nourrissent aussi de glands, de faines et de céréales. 

Comment reconnaître le chevreuil ?

On appelle brocard le chevreuil mâle et il se reconnaît à ses bois qu’il perd à l’automne, comme le cerf. Sa femelle est la chevrette et tous deux portent une robe brunâtre. Ils muent deux fois dans l’année, au printemps, alors le pelage devient roux vif tandis qu’à l’automne il vire au gris-brun. 
Le chevreuil est encore reconnaissable à son absence de queue et à la tache qu’il arbore sur le fessier, que l’on appelle miroir. Celle-ci est, chez le mâle, en forme de haricot ou de rein, tandis qu’elle figure un coeur chez la femelle. Cette tache claire, d’un blanc pur en hiver devient jaunâtre en été.
Comme chez le cerf, le jeune chevreuil est appelé le faon, et il s’en distingue par l’alignement de ses taches blanches, le petit du cerf les portant d’une manière plus désordonnée. L’hiver, certains chevreuils ont encore des zones de poils ornées d’une ou deux taches claires à la base du cou, que l’on appelle serviette. 

La reproduction du chevreuil

De profil, le pinceau pénien distingue le mâle de la femelle, mais le dimorphisme sexuel du petit cervidé est un ultime indice. En effet, le mâle a un corps plus trapézoïdal dont le centre de gravité est porté vers l’avant tandis que celui de la chevrette est porté vers l’arrière. A 12 mois, le mâle atteint sa maturité sexuelle si sa masse corporelle est suffisamment développée. Quant à la chevrette, il lui faut attendre 14 mois et atteindre une vingtaine de kilos, sans quoi elle ne pourra pas porter de petits. Le brocard s’accouple alors avec plusieurs femelles.
La première période du rut a lieu entre la mi-juillet et la mi-août, le mâle porte des bois qui lui servent à montrer sa puissance, les femelles étant naturellement attirées par les mâles les plus puissants et les mieux portants. Le mâle se met à marquer son territoire de manière plus aiguë, bien que ce marquage commence en février. Cela se fait par frottis contre les arbres ou par grattis au sol, et peut aller jusqu’au régalis, lorsque le frottis est associé au grattis. 
Lorsqu’il poursuit une femelle avec laquelle il souhaite s’accoupler, tous deux entament une danse et les cercles qu’ils forment sur le sol sont appelés ronds de sorcières
Ce sont, avec les traces de sabots caractéristiques, les doigts du chevreuil étant d’un nombre pair, étroits et allongés, et les excréments qu’il laisse en petit tas appelé moquette, les manières les plus efficaces de déceler sa présence. 
Il peut y avoir un rut secondaire d’octobre à décembre, auquel cas les femelles fécondées auront une gestation directe. Car la particularité du chevreuil est d’avoir une gestation différée. L’embryon ne se fixe qu’au bout de quatre mois et la gestation dure neuf mois et demi, mais la gestation embryonnaire cinq mois seulement. C’est ce qu’on appelle la diapause embryonnaire. 
La femelle donnera naissance à deux petits en moyenne, au printemps, qu’elle allaitera au minimum deux à trois mois.

Chevreuils : une population à réguler

Les prédateurs naturels des chevreuils étant les loups, les lynx et, dans une moindre mesure, les ours, ils se reproduisent tout à fait librement dans de nombreuses régions d’où ces prédateurs ont disparu. Le renard roux, les chiens errants ou encore les sangliers peuvent s’en prendre aux petits faons. Les accidents de la route sont encore une cause de mortalité des chevreuils assez élevée, et la chasse un moyen de réguler les populations. 
Celle-ci ne joue toutefois plus assez son rôle dans bien des régions où les chevreuils atteignent de trop fortes densités. Comme toujours, il est ici question d’équilibre. Le chevreuil a un rôle écologique que nul ne songerait à nier, les forestiers moins qu’aucun autre, qui savent combien il est important que cet herbivore contrôle la densité de la végétation au sein de son écosystème par broutage, par frottis ou en blessant de petits arbres pour marquer son territoire. Il contribue ainsi à l’entretien des clairières et de zones semi-ouvertes, ainsi qu’à l’enfouissement des graines par son piétinement ou à la mise au jour de graines trop profondément enterrées. 
Mais lorsqu’il pullule, il cause d’importants ravages pouvant aller jusqu’à empêcher la régénération naturelle de certains bois et abîmer certaines récoltes. En effet, trop nombreuses, certaines populations débordent sur les terres agricoles et les chevreuils craignent de moins en moins de s’aventurer dans les champs cultivés où ils causent des dégâts mais sont aussi parfois victimes des machines agricoles (notamment les plus jeunes) ou empoisonnés par les produits phytosanitaires
Les chevreuils colportent par ailleurs de nombreuses maladies dont sont notamment vectrices les tiques et il est à craindre qu’une trop grande promiscuité avec cet animal sauvage conduise à des zoonoses, ce qui est un véritable enjeu sanitaire à notre époque. 
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de contenir les populations de chevreuils qui ne cessent de croître en Europe, avant d’être tout à fait dépassés et que la trop forte concentration conduise à une dégénérescence des cheptels.
 

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