6 juil. 2020

La reforestation ne peut se faire n’importe comment !

Les projets de plantation d’arbres fleurissent un peu partout ces derniers temps, nourris par l’idée que les arbres pourront sauver la planète.

Vianney Passot
Vianney PassotSecrétaire général
La reforestation ne peut se faire n’importe comment !

Les projets de plantation d’arbres fleurissent un peu partout ces derniers temps, nourris par l’idée que les arbres pourront sauver la planète. Attention, les choses sont plus complexes que cela. Planter des millions d’arbres à travers le monde, voire même des milliards d’arbres, comme certains l’envisagent n’est pas une solution en soi. De nombreuses entreprises pensent pouvoir se dédouaner de leur impact environnemental en finançant des projets de reforestation “low cost” qui allient le cynisme à la cupidité. Planter des arbres n’est pas suffisant pour sauver la planète et peut même être un danger si les choses sont mal faites. Tout est question de méthode et de discernement.

Arbres : des puits de carbone contre le réchauffement climatique

Les arbres sont nos alliés objectifs dans la lutte contre le réchauffement climatique, pour ce qu’ils ont une capacité d’absorption du CO2 de l’atmosphère qui fait des forêts le premier puits de carbone terrestre. Il s’agit donc bien de forêts plantées, non pas uniquement d’arbres plantés. La nuance peut sembler ténue, et nous défendons nous-mêmes la présence d’arbres d'ornement, fruitiers ou urbains, qui ne sont pas à proprement parler des forêts. Mais dès lors qu’il s’agit d’évoquer l’absorption du CO2 à grande échelle, pour freiner le changement climatique, nous changeons de logique. 
Il n’est pas possible de se contenter de planter des arbres n’importe où et n’importe comment, en tirant les prix vers le bas et sans s’occuper de leur avenir. C’est demeurer dans une logique d’exploitation des ressources terrestres et de surconsommation où les arbres, ayant peu de valeur, sont considérés comme de la marchandise permettant de faire du profit sur la quantité vendue, tout en se drapant des oripeaux de la vertu et de la bonne cause. 

Des forêts mal plantées sont un risque pour la biodiversité

Planter une forêt n’est pas un bien en soi. Planter une forêt est bon pour l’homme, pour la nature et la planète tout entière si cela est fait dans une logique de respect de la terre où l’on plante, d’enrichissement de la biodiversité et d’engagement à l’entretien de cette forêt sur le long terme. C’est pourquoi le terme de reforestation n’a pas nos faveurs. Il paraît suspect dans sa construction même et dans son signifiant. Ce néologisme supposerait que la Terre ait besoin d’être recouverte de forêts, comme elle aurait été avant les civilisations humaines, ce qui est historiquement faux. Il ne peut pas être question de recouvrir la planète d’arbres pour pouvoir laisser perdurer notre modèle économique et industriel sans nous poser de question. D’une main je plante, d’une autre je pollue. C’est une logique qui n’a aucun sens. Si l’on plante des forêts, c’est pour le bien de la nature, des populations locales, pour améliorer la qualité de vie, la qualité de l’air ou réhabiliter des terres dégradées
La Terre a besoin de forêts, mais pas uniquement. Et elle a davantage besoin de forêts continues aux écosystèmes complexes mais en plus petit nombre que d’immenses forêts de milliards d’arbres érigées n’importe où et selon les principes les plus simples. En ce sens, la campagne "Trillion Trees" n’est pas sans poser de problèmes. Car planter des arbres pour ne pas s’en occuper est insensé. C’est mettre en place toutes les conditions d’immenses incendies ou de dégradations des écosystèmes, à terme, qui auront les effets inverses de ceux escomptés. 
Par ailleurs, les scientifiques nous mettent en garde : planter trop d’arbres revient à retenir la chaleur du soleil censée se réverbérer sur la Terre pour remonter dans l’atmosphère. Une fois de plus, soyons dans la nuance et la sobriété.


Préférer le reboisement à la reforestation

Voici pourquoi nous préférons parlons de reboisement ou d’afforestation qui nous semblent des notions plus humbles, donc plus à notre mesure. Selon Wikipedia, “le reboisement est une opération qui consiste à créer des zones boisées ou des forêts qui ont été supprimées par coupe rase (ou « coupe à blanc ») ou détruites par différentes causes dans le passé (surexploitation, incendie de forêt, surpâturage, guerre…). Parfois, il s'agit explicitement de forêts de protection.” C’est précisément ce que nous faisons à EcoTree. Quant à l’afforestation, elle est “le boisement sur des terres vierges d'arbres depuis longtemps.” C’est également le travail que nous menons
Notre ambition peut paraître humble, en comparaison de celle de grands organismes qui prétendent planter des forêts dans le monde entier et ne sont jamais à court de plants d’arbres ni à court d’idées pour vendre à des prix défiant toute concurrence des arbres dont ils s’occuperont au mieux pendant deux décennies. C’est tout simplement de la marchandisation de l’écologie. Où se procurent-ils leurs plants si bon marché, où les plantent-ils et comment les entretiennent-ils ? Autant de questions dont les réponses sont pour le moins floues. 
Si nous faisons payer nos arbres plus chers, c’est qu’ils sont cultivés en France, plantés en France et soignés tout au long de leur cycle de vie, qui peut être de plus de 80 ans. C’est que nous ne nous contentons pas de planter en espérant que cela pousse, voire en ne nous préoccupant pas vraiment que cela croisse, poussés par la nécessité de vendre toujours plus d’arbres à tout prétexte. Nous rachetons des forêts en carence de gestion, ou des friches dont l’afforestation sera un gain écologique.


Planter en monoculture ou sans respect de la biodiversité locale peut être dangereux

Une nouvelle étude publiée dans Nature Sustainability démontre l’inanité de ces vastes projets de reforestation mondiale qui ne tiennent nul compte des besoins des populations locales, des écosystèmes forestiers, et tout simplement des nécessités naturelles. Planter 1000 milliards d’arbres sur la Terre pourrait ainsi entraîner la diminution de la biodiversité et n’aider en rien à lutter contre le réchauffement climatique. Dans la mesure où le projet serait intelligemment mené, c’est-à-dire dans le respect de chaque écosystème préexistant à l’arrivée d’une nouvelle forêt, par conséquent en interdisant le remplacement d’une forêt native par une forêt de plantation souvent en monoculture, comme cela se fait beaucoup, pour d’évidentes questions de rentabilité commerciale, cela peut être bénéfique. Mais donc, des projets de telle ampleur impliquent qu’on ne plante pas n’importe quelle essence n’importe où ni sans se soucier de son devenir. 
Car arracher des forêts pour planter une seule essence, comme hélas cela se pratique, peut mener à un relargage de carbone bien plus important que celui qui sera capté par la suite. Cela risque de mener à un appauvrissement de la biodiversité, et donc à des dépenses de subventions et de dons inutiles, sinon totalement contre-productives. 
Par exemple, le Défi de Bonn, qui a mobilisé plus de quarante Etats, à l’initiative des Nations unies, pour restaurer et reboiser 350 millions d’hectares de terres dégradées ou déboisées d’ici à 2030, implique, dans 80% des cas, la plantation d’une seule espèce d’arbres et, au mieux, un mélange limité d’essences produisant des fruits ou du caoutchouc, au détriment des forêts naturelles. Or, le potentiel de séquestration de CO2, d’enrichissement de la biodiversité et de limitation de l’érosion de ces forêts est bien moindre que celui de forêts naturelles. Et les avantages sont encore bien moindres lorsque les arbres plantés remplacent des forêts naturelles, des plaines herbues ou des savanes, qui sont autant d’écosystèmes ayant évolué pour maintenir une biodiversité locale et unique.

Planter des arbres, bien sûr, mais avec intelligence et respect des arbres, des écosystèmes, des populations autochtones et des financeurs. Car, planter et entretenir des forêts est une science que tout le monde ne maîtrise pas.
 

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