11 oct. 2019
Arbres fruitiers : comment mettre à profit les qualités de la nature ?
Imaginons un verger circulaire d’espèces d’arbres fruitiers diversifiées, afin qu’elles collaborent les unes avec les autres pour contrer les pathogènes.
Dans la Drôme, l’INRA a imaginé un verger circulaire d’espèces d’arbres fruitiers diversifiées, afin qu’elles collaborent les unes avec les autres pour contrer les maladies, les champignons et les ravageurs. L’objectif est de se passer de produits phytosanitaires en utilisant les ressources naturelles.
Un verger en expérimentation
Le verger expérimental bio est en test à Gotheron dans la commune de Saint-Marcel-lès-Valence. D’un hectare et demi et planté en cercles concentriques en février 2018, il devrait porter ses premiers fruits en 2020. L’Institut d’agronomie fait le pari de la diversité des espèces pour réguler les attaques parasitaires ou les maladies potentielles.
Les arbres font rempart aux maladies et aux ravageurs
La forme de plantation en cercles, qu’ont adoptée les ingénieurs, a pour but de protéger la production de fruits. L’objectif est que les bio-agresseurs aient du mal à arriver jusqu’aux arbres du centre. Pour éviter aux ennemis de se déplacer d’arbre en arbre et de se multiplier, il faut mettre en place une biorégulation.
La ceinture extérieure est donc une barrière végétale composée d’arbres hauts : châtaigniers ou noyers qui ont un rôle de brise-vent, ainsi que des arbustes bas où les rongeurs et les oiseaux peuvent gîter.
Avançant vers le centre, le deuxième cercle se compose de plantes-pièges : des pommiers précoces et résistants (variété Flora-Akane), dont la tâche est de fixer les pucerons qui auraient réussi à franchir la première haie. Leur précocité les expose peu à la menace de la chenille tordeuse qui frappe généralement au cœur de l’été.
Le troisième cercle est planté de figuiers, noisetiers, grenadiers, néfliers, kakis, framboisiers pour empêcher que les feuilles mortes des pommiers du cercle précédent soient poussées vers le centre. En effet, la tavelure, qui est l’une des maladies du pommier, se transmet par les feuilles tombées à l’automne.
Viennent ensuite six rangs plantés en spirale où alternent des arbres de fruits à noyaux et à pépins : abricotiers, pêchers, pruniers et pommiers.
Varier les espèces pour une meilleure résilience
La clé du succès tient aussi à la diversité des espèces complantées. Dans le verger expérimental, les abricotiers voisinent avec des pêchers, et tous sont de variété rustique, peu sensibles aux ravageurs et aux maladies.
C’est ainsi qu’en cas d’attaque du champignon « monilia » sur la fleur de l’abricotier, il ne se répandrait pas sur plus de quatre ou cinq arbres, car il n’affecte pas le pêcher. Il se passerait la même chose en cas d’attaque de la « cloque » sur le pêcher. Le pommier n’en aurait cure.
Mettre à profit les qualités de la nature
Afin de limiter l’installation des maladies et l’agression des ravageurs, quoi de plus intelligent que d’utiliser les services de la nature ? On installe donc des abris à chauve-souris pour se débarrasser des insectes indésirables. Pour éliminer les campagnols, qui ont tendance à proliférer et abîmer les racines, des perchoirs à rapaces sont installés.
Au sol, la luzerne, semée en inter-rang, fertilisera le sol en captant l’azote de l’air qu’elle transporte dans le sol. Et s’il reste des pucerons, on sèmera à l’extérieur des féverolles qui attirent les pucerons et détournent les fourmis.
Favoriser la biodiversité
C’est un projet scientifique, dont l’objectif est de démontrer que l’on peut se passer de produits phytosanitaires ou d’engrais chimiques, mais qui doit aussi prouver que ce genre de verger peut être rentable.
Rendez-vous en 2020, donc, pour la première cueillette. Nous saurons si les ingénieurs de l’INRA avaient visé juste.