31 mars 2020

Confinement : pour sauver la planète, la baisse des émissions polluantes doit être durable

Le confinement nous fait prendre conscience que nous pouvons abaisser nos taux de pollution mais une baisse ponctuelle ne suffira pas à sauver la planète.

Confinement : pour sauver la planète, la baisse des émissions polluantes doit être durable

Il est bon que le confinement nous fasse prendre conscience que nous pouvons abaisser nos taux de pollution. Toutefois, ce n’est pas une baisse ponctuelle qui suffira à sauver la planète. Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour éviter une explosion des émissions de gaz à effet de serre lors de la sortie du confinement. Car la pandémie de Covid-19 est une conséquence de l’activité humaine sur la planète. Tirons un enseignement de cette catastrophe écologique et sanitaire.

Le coronavirus n’est bon en aucune chose

La co-présidente du GIEC, Valérie Masson-Delmotte, tire la sonnette d’alarme. Nous ne pouvons pas nous réjouir de l’épidémie de coronavirus qui se répand dans le monde et de son cortège de victimes, cela est évident. Mais plus encore, nous ne devons pas croire que cette pandémie, parce qu’elle pousse un tiers de l’humanité à se confiner, et par conséquent réduit l’activité humaine, entraînant une baisse des taux de pollution, soit une bonne chose.
Car, explique-t-elle, non seulement la pandémie de Covid-19 est “une conséquence de l’activité humaine sur la planète”, mais en outre, la réduction de la pollution à court terme n’a aucun impact sur le réchauffement climatique en cours.

La pandémie est le résultat de l’activité humaine

“Il n’y a aucune raison de se réjouir”, a affirmé la paléoclimatologue du GIEC sur l’antenne de Franceinfo. Car, rappelle-t-elle, cette pandémie est une conséquence de notre action quotidienne qui détruit les habitats naturels des animaux et réduit constamment la biodiversité. Nous n’avons pas assez de considération pour la fragilité des écosystèmes terrestres et marins, et les blessures que nous infligeons à la nature finissent par se retourner contre nous.
Il serait bon que nous n’oubliions pas que la Terre a vécu sans les hommes et que la nature peut subsister sans nous, alors que l’inverse n’est pas vrai. Si nous continuons de détruire notre environnement, nous éradiquerons des espèces, certes, mais au bout du compte, c’est l’humanité qui en paiera le tribut.
Nous devons considérer les choses à long terme. Et ce long terme nous impose une réduction de notre pollution et une baisse de nos émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) sans limite de durée. Le temps d’un confinement n’est pas du tout suffisant.

Nous devons réduire nos émissions de GES à long terme

Bien entendu, depuis que 2,6 milliards d’êtres humains sont confinés chez eux, l’activité économique et industrielle mondiale a très fortement ralenti. C’est ainsi que l’on a pu relever des taux de pollution bien moindres en Chine, que l’air est devenu beaucoup plus respirable à Paris et dans de nombreuses capitales mondiales. Les émissions de carbone sont en baisse, mais Valérie Masson-Delmotte affirme que c’est tout à fait anecdotique, au regard du réchauffement climatique d’origine anthropique, qui est en cours depuis plus d’un siècle. Selon elle, les émissions instantanées ont peu d’importance. “Il faut que les émissions mondiales de CO2 diminuent régulièrement et fortement pendant des décennies.”
Car l’effet du dioxyde de carbone, qui est le premier facteur de réchauffement climatique, est cumulatif. Il faut réduire fortement nos émissions de CO2 à long terme pour que cela commence à porter ses fruits.

Prendre la mesure du changement climatique et prévoir le futur

L’OCDE estime que nous vivons la plus grave crise sanitaire, économique et sociale du XXIe siècle. Il est à craindre que, dès la fin du confinement, les Etats aient une seule ambition, relancer l’économie de leurs pays, sans aucune considération pour les questions écologiques. Or, faut-il de nouveau le rappeler, c’est d’abord une crise écologique que cette pandémie de coronavirus. Et il ne faudrait pas que l’urgence environnementale passe au second plan. Sans quoi, nous foncerons de nouveau dans le mur. Greenpeace estime que c’est aujourd’hui « le moment ou jamais d’investir dans la transition écologique en créant des emplois d’avenir. »
Nous sommes tout à fait sur la même ligne. La sortie de crise doit être anticipée et il nous incombe de réfléchir dès maintenant à notre avenir proche, mais aussi à notre avenir plus lointain.
C’est pourquoi nous le répétons, il faut entretenir les forêts qui sont un immense réservoir de biodiversité ; il faut planter des arbres pour absorber les émissions de CO2, mais il faut aussi, et dans le même temps, réduire nos émissions de CO2, et prendre conscience que l’écologie n’est pas une variable d’ajustement, mais la condition sine qua non de notre survie.

 

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