16 mars 2020

Quelle est l’empreinte carbone des Français ?

L’empreinte carbone des Français est stable et inférieure à celle de la moyenne des pays de l’UE mais incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Quelle est l’empreinte carbone des Français ?

Si l’empreinte carbone des Français reste stable et inférieure à celle de la moyenne des pays de l’Union européenne, elle est toutefois incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris (COP 21). Depuis 2005, l’empreinte carbone par habitant a diminué de 5%, mais ce n’est pas du tout suffisant si nous voulons contenir une hausse des températures à + 2 °C en 2100. Ainsi, si les émissions directes des ménages diminuent, les émissions liées aux importations ne cessent d’augmenter.

De quoi se compose l’empreinte carbone des Français ?

L’empreinte carbone des Français était de 11 tonnes équivalent CO2 (t CO2 éq.) par habitant en 2018, dont 8 t de CO2. Pour la calculer, on prend en compte les Gaz à Effet de Serre (GES) induits par la consommation des Français (y compris la consommation des administrations, des organismes à but non lucratif et les investissements), en tenant compte des émissions associées à la production des biens et services importés. 

En réalité, 84% de l’empreinte carbone générée par les Français résulte de la fabrication des biens et services qu’ils consomment. 16% seulement de notre empreinte carbone provient directement des émissions des ménages (consommation de carburant des véhicules et des combustibles (gaz et fioul) brûlés dans les chaudières des logements). 
La majeure partie de notre bilan carbone est donc produite par les émissions associées à la fabrication des biens et services consommés, qui sont produits dans les usines, les bureaux, les commerces, les établissements publics ou les exploitations agricoles, localisés en France ou à l’étranger. 

Les émissions de CO2 par habitant à travers le monde

Il est important de comprendre que ce que nous consommons en France a souvent été produit à l’étranger et importé dans notre pays, générant des émissions de CO2. Ainsi, si l’on comparait les émissions de CO2 par habitant à travers le monde, nous trouverions que la France (5,2 tonnes de CO2/habitant) est un petit pollueur comparé au Qatar (37 tonnes de CO2/hab.), au Koweit (23,5) ou à l’Arabie Saoudite (19,4). 
Pourtant, en chiffres absolus, les plus gros émetteurs de CO2 sont la Chine (plus de 28% des émissions mondiales en 2018), les Etats-Unis (15,2%), et l’Union européenne (10,3%). 
Ce qui explique que le ratio par habitant soit très élevé dans les pays du Golfe, c'est qu’ils sont à la fois peu peuplés et de très importants producteurs de pétrole. C’est ainsi que, du fait de la délocalisation de son industrie, la France présente des émissions territoriales par habitant assez basses comparées aux autres pays industrialisés, soit 5,2 tonnes par an. Mais dès lors que l’on inclue dans le calcul les émissions liées aux importations, nous arrivons à plus de 11 tonnes par habitant. 

Pour que le calcul d’émissions de Gaz à Effet de Serre converti en t CO2 éq. soit juste et représentatif de la réalité, on associe à un produit consommé les émissions qui relèvent directement de la branche d’activité concernée mais aussi les GES résultant de la production des biens ou services intermédiaires nécessaires à la fabrication de ce produit. 
C’est ainsi que l’empreinte d’un produit alimentaire est constituée d’émissions directes, issues des usines agroalimentaires, et d’émissions indirectes provenant de l’agriculture, des transports, du commerce, etc.

L’empreinte carbone des Français reste stable

Notre empreinte carbone a largement augmenté entre 1995 et 2005. Depuis 2005, le niveau d’émissions associé à la demande finale se stabilise. Pour l’ensemble de la population, l’empreinte carbone représentait 749 millions de tonnes (Mt) CO2 éq en 2018 contre 623 Mt CO2 éq en 1995, soit une hausse de 20% 
Mais, compte tenu de l’augmentation de la population entre 1995 et 2018, l’empreinte carbone n’a augmenté que de 7 %, et, depuis 2005, elle a baissé de  5 %.

La demande finale intérieure est en forte hausse

L’évolution de la demande finale intérieure (consommation et investissement, hors exportations) est un des facteurs déterminants de l’évolution de l’empreinte carbone. En volume (euros constants), la demande finale intérieure a progressé de près de 50 % depuis 1995. Or, une part croissante de cette demande est satisfaite par les importations. C’est ainsi que les émissions liées aux importations ont presque doublé entre 1995 et 2018. 
61% des émissions liées aux importations sont dues à la consommation de matières premières (combustibles fossiles...) ou de produits semi-finis, (pièces détachées…), incorporés par des activités économiques localisées en France. Le reste des émissions, soit 39%, est produit par la consommation de produits finis (smartphones...). 

Les importations représentent plus de la moitié des émissions françaises

En 2018, 57% de l’empreinte carbone était dûe aux émissions générées par les importations françaises. Et ces émissions continuent d’augmenter, tandis que les émissions intérieures (directement émises par les ménages ou par la production intérieure) ont diminué de 21 % entre 1995 et 2018. Les émissions directes des ménages français ont diminué de 7 % (grâce au développement du nucléaire et des énergies renouvelables, à une meilleure efficacité énergétique…) 

L’empreinte CO2 des Français est inférieure à la moyenne européenne

L’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE) calcule l’empreinte de nombreux pays, en prenant en compte uniquement le CO2 d’origine énergétique. 
A ce compte, la France apparaît sous la moyenne d’une Union européenne à 28 pays, pour ce qui est des émissions de CO2 sur son territoire national et de son empreinte CO2, et loin derrière les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni.

Quelle est la répartition des émissions de CO2 dans le monde ?

Selon les chiffres donnés par le gouvernement français, en 2016 la France a émis 332 Mt de CO2, ce qui correspond à 0,9% des émissions mondiales. A titre de comparaison, l’Italie a émis 1% des émissions mondiales de CO2, tout comme le Royaume-Uni. La Pologne a émis 0,8% (297 Mt), l'Espagne 0,7% (252) et l’Allemagne 2,2% (776 Mt). A eux seuls, les Etats-Unis ont produit 14% des émissions mondiales de CO2, ce qui est plus que l’Union européenne (9,6%) et un peu moins que l’UE et l’ex-URSS réunis (17%). La Chine, elle, a produit 29,2%, soit près d’un tiers des émissions de CO2 mondiales et l’Asie tout entière près de la moitié des émissions de CO2 (47,5%). Entre 1990 et 2016, les émissions mondiales de CO2 ont progressé de près de 60%, mais celles de l’UE ont baissé de près de 30% et celles de la France de 12%

Nous sommes encore loin de nos objectifs de réduction

En 2018, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a estimé qu’il était encore possible d’émettre des GES tout en ne dépassant pas 2 °C de réchauffement en 2100. Toutefois, en tenant compte de l’évolution de la population mondiale d’ici à 2100 et en respectant une répartition strictement égalitaire de la quantité de CO2 qu’il resterait à émettre, chaque habitant de la Terre ne devrait pas émettre plus d’1,6 à 2,8 t de CO2 par an. Or, l’empreinte des Français est aujourd’hui de 11,2 t de CO2/an, ce qui signifie qu’il faudrait la diviser par quatre. Mais comme nous n’allons pas le faire aussi vite qu’il le faudrait, il est absolument nécessaire de trouver des moyens d’absorber ce surplus d’émissions de CO2. N’oublions pas que les forêts demeurent le deuxième puits de carbone mondial.

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