11 sept. 2020

Que savez-vous de la coccinelle à sept points ?

Les Bêtes à bon Dieu forment une famille de plus de 6000 espèces réparties dans le monde, dont la coccinelle à sept points est la plus commune en Europe.

Que savez-vous de la coccinelle à sept points ?

Les Bêtes à bon Dieu forment une grande famille de plus de 6000 espèces de coccinelles réparties dans le monde. Mais la coccinelle à sept points est la plus commune en Europe. Elle le fut en tout cas, avant que la coccinelle asiatique ne prétende la remplacer. Nourrissant légendes et histoires qui plaisent aussi bien aux petits qu’aux grands, elle se repaît véritablement de pucerons. La Bête à bon Dieu est l’amie du jardinier et de tout cultivateur. Partons à la découverte de la coccinelle à 7 points.

Pourquoi l’appelle-t-on Bête à bon Dieu ?

Vous êtes-vous souvent posé cette question : pourquoi dit-on de la coccinelle que c’est une bête à bon Dieu ? Nous oui. Et nous avons trouvé la réponse suivante. Au Moyen Age, un homme accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis était sur le point d’être décapité, lorsqu’une coccinelle vint se poser sur sa nuque, empêchant le bourreau d’agir, à plusieurs reprises. Y voyant une intervention divine, Robert II le Pieux gracia l’homme et l’on appela ce petit insecte qu’on se refusait d’écraser “la beste de bon Dieu”. 
Que la légende dise vrai ou non, il faut remarquer que dans bien des langues européennes, elle est liée au divin, souvent à la Vierge Marie, sans aucun doute parce qu’elle libère plantes et arbres du mal qui les ronge : les pucerons. Ainsi les Anglais l’appellent-ils “Ladybird” qui provient de “Our Lady’s bird”, l’oiseau de Notre Dame. L’espagnol la nomme Mariquita, soit petite Marie ; l’allemand “Marienkäfer”, coléoptère de Marie. Ainsi de suite. On peut relier les sept points de l’insecte aux sept douleurs de Marie, qui font elles-même écho aux septs dons du Saint-Esprit et aux sept dernières paroles du Christ.
Quoi qu’il en soit, la coccinelle demeure depuis des siècles ce petit insecte qui émerveille les enfants par ses couleurs et son envol soudain vers le soleil, et réjouit les parents, qui voient en elle le signe d’une nature ordonnée. Alors que nombre d’insectes nous répugnent, personne ne songe à écraser la Bête à bon Dieu.

Caractéristiques de la coccinelle à sept points

Contrairement à un mythe tenace, le nombre de points noirs que porte la coccinelle sur sa carapace n’a rien à voir avec son âge, mais avec son espèce. Coccinella septempunctata fait partie de la famille des coccinellidae, de l’ordre des coléoptères. C’est à la couleur rouge de ses élytres qu’elle doit son nom, coccinus signifiant écarlate en latin. Cette couleur, elle ne l’hérite pourtant pas de naissance, mais au terme d’une métamorphose longue, fastidieuse et qui, comme pour la plupart des insectes, a toutes les chances de lui coûter la vie. 
Car à l’origine de cette jolie petite bête est une larve hideuse, longue, bosselée et velue. Cinq à six jours après avoir été pondues, éclosent les premières larves voraces, qui commencent par se nourrir de la coquille de leur oeuf sans hésiter à se jeter ensuite sur les oeufs voisins, qu’ils soient vides ou contiennent leurs frères et soeurs. Une fois ce forfait accompli, plutôt que de se dévorer les unes les autres, les larves se lancent en quête d’une colonie de pucerons à se mettre sous la dent. Normalement, leur mère devrait les avoir pondues non loin du gibier qui les restaurera. Mais comme les larves sont aveugles, il leur faut trouver la nourriture à tâtons, et assez vite, car après une journée sans rien manger, elles mourront d’inanition. Sauf celles qui se sont préalablement nourries de leurs frères et soeurs encore dans l’oeuf. Elles auront plus de forces pour poursuivre leur quête. Mais là encore, le Graal qu’elles convoitent ne se laisse pas si aisément prendre ; les pucerons se défendent vaillamment, et il faut à la larve de coccinelle toute l’habileté de son esprit affamé et retors pour finir par boulotter son premier puceron. Après quoi, elle s’enverra l’équivalent de 260 gros pucerons avant de ressembler à une Bête à bon Dieu. 
Dès son état de larve, la coccinelle contient de dangereux alcaloïdes, dont elle informe généreusement la prédation qui l’entoure en se parant de couleurs orange ou rouges. A l’état de larve, elle a huit taches de couleur vive aux côtés. Une fois adulte, elle se pare de rouge plus ou moins vif, dont l’objectif est de repousser ceux qui souhaiteraient s’en faire un festin. L’insecte adapte sa couleur au climat.

Comment la larve devient coccinelle 

C’est tout un art, vous l’imaginez, que de devenir Bête à bon Dieu. La femelle pond et, nous l’avons vu, il faut cinq à six jours pour qu’en sorte une larve. Il ne lui faut pas plus de temps pour opérer une première métamorphose, tant elle s’est gavée de pucerons. Elle cesse alors de s’alimenter, se colle par l’arrière à une herbe, et en une heure déchire son ancienne peau pour s’en extirper dans un costume flambant neuf. Elle changera ainsi trois fois de taille, se plaçant, au cours de chaque mue, à la merci de ses prédateurs. 
La coccinelle asiatique, cette plaie, en profite dès qu’elle le peut pour se nourrir de la larve molle qui vient à peine d’éprouver son habit neuf. Mais la larve de coccinelle à sept points n’est pas de reste. Si la nourriture vient à manquer, les plus grosses se jettent sur les plus petites de leurs congénères et les dévorent sans regret. De la même manière qu’elles se nourrissent des oeufs de leur propre espèce. Ceux-ci contiennent de la coccinelline, un dangereux alcaloïde contre lequel elles sont immunisées. En revanche, les oeufs de la coccinelle à deux points contiennent un autre alcaloïde, l’adaline, qui leur est nocif. 
Lorsqu’au bout d’une vingtaine de jours, la larve a absorbé six fois le poids d’une coccinelle adulte, il est temps pour elle de quitter l’enfance. De nouveau, elle cesse de s’alimenter, se colle à une tige ou une feuille et se recroqueville. Il lui faut alors un ou deux jours pour s’en sortir. Elle a été réduite à l’état de nymphe, qui demeurera une semaine suspendue par l’arrière, sans mouvement, livrée en pâture à certains insectes comme les punaises ou les mouches parasites que sa couleur rouge ou orange ne repousse pas, contrairement aux oiseaux. Lorsqu’elle fait son apparition, elle est molle et jaune, mais va bientôt durcir et sa couleur changer jusqu’à prendre une teinte rouge plus ou moins sombre en fonction des conditions météorologiques. Plus la région est fraîche et humide, plus le rouge sera sombre afin de mieux absorber les rayons du soleil. 
Ainsi, en l’espace d’un mois, la coccinelle à sept points est passée de l’oeuf à l’âge adulte. Elle peut désormais prendre son envol. 

Menaces qui pèsent sur la coccinelle à sept points

La coccinelle à sept points a cette particularité de rougir davantage à mesure qu’elle vieillit. Ainsi, la jeune est orange ou d’un rouge très clair, tandis que celle qui a survécu à l’hiver est d’un rouge sombre et profond. 
Oui, les coccinelles peuvent vivre deux étés, mais c’est beaucoup plus vrai pour les femelles que les mâles. Dès que les jours commencent à raccourcir, l’accouplement de la femelle au mâle est interdit par Mère nature, pour que les petits ne naissent pas lorsqu’il n’y a plus de provisions. On appelle cela la diapause. Alors, il ne leur reste plus qu’à manger et manger encore pour faire provision de graisse pour l’hiver. Elles s’envolent petit à petit pour trouver refuge loin des sols les plus humides. 
C’est alors que des milliers de coccinelles à 7 points croient trouver refuge dans un champ où des hordes de pucerons tardifs leur semblent un garde-manger inestimable. Malheureusement, elles se trouveront pour la plupart prises au piège lorsque l’ensileuse viendra couper et broyer le champ de maïs. La récolte d’un hectare de maïs peut ainsi éradiquer 20 000 à 120 000 coccinelles en une heure. Dans certaines zones cultivées, quatre coccinelles sur dix sont tuées par des machines agricoles. 
Celles qui y ont survécu trouvent un abri pour passer l’hiver, qui sous une pierre, qui dans la fente d’un rocher, qui sous des feuilles mortes, de nombreuses s’installant dans l’épaisse litière de feuilles mortes à la lisière ensoleillée des forêts. A la fin octobre, elles sont normalement toutes installées pour passer l’hiver, capables de résister à des températures de -20°C. Seule l’humidité leur est néfaste, car elle permet à un champignon particulièrement vicieux de se développer sur le corps de l’insecte endormi, avant de s’en nourrir. Alors, des taches blanches apparaissent sur le corps rouge de la coccinelle jusqu’à la recouvrir entièrement. La muscardine est un de ses pires ennemis. 
D’ordinaire, la moitié des coccinelles ne passe pas l’hiver. Aux pires hivers, neuf sur dix ne résistent pas. Ainsi leur nombre reste-t-il stable, d’une année sur l’autre. 
Mais la pire menace vient de la Coccinelle-Arlequin, aussi appelée coccinelle asiatique, espèce exotique qui a été introduite comme agent de lutte biologique contre les pucerons. Elle est effectivement très forte pour cela mais a malheureusement pris la place de la coccinelle à sept points, et plus encore, celle de la coccinelle à deux points dont le nombre a fondu en Europe, bien que grande exterminatrice de pucerons, mais plus sensible et fragile que l’asiatique. 
Moralité : adopter des solutions biologiques pour respecter la nature, c'est aussi prendre en considération l’équilibre des écosystèmes présents.
 

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