9 nov. 2021

Le renard est un maillon essentiel à la diversité en forêt

Alors qu'il est souvent pourchassé et vu comme un nuisible, le renard roux est un maillon indispensable à la biodiversité et l'ami du forestier.

Esther Bélier
Esther BélierChargée de relation clients
Le renard est un maillon essentiel à la diversité en forêt

Pourchassé, honni ou admiré pour diverses raisons qui tiennent plus souvent du fantasme que de la réalité, le renard roux est un animal commun de nos forêts et de nos plaines, qui est pleinement utile tant aux forestiers qu’aux agriculteurs. Partons à la découverte de cet animal que l’on croise rarement et qui est encore très largement chassé en France.

Qualités et défauts du renard commun

Que nous apporte le renard, c’est une question qui semble se poser depuis très longtemps et dans différentes cultures. Entendez par là, en quoi le renard est-il utile ou nuisible aux activités humaines ? Car si le renard existe dans la nature, c’est qu’il a un rôle et un but. Le principe de l’espèce nuisible n’est pas recevable et n’est d’ailleurs plus sérieusement mis en avant de nos jours. Toute espèce a son utilité, encore faut-il que nous la décelions, ce qui requiert parfois d’inverser notre regard. 
Pour ce qui se rapporte à nous, le renard est un fameux auxiliaire en tant que carnivore et nécrophage. Bien qu’on le considère comme omnivore, son régime alimentaire se compose essentiellement de petits mammifères, de rongeurs et de lapins, soit ce qui s’attaque directement aux cultures et aux jeunes pousses d’arbres. Opportuniste tant pour son habitat que pour sa nourriture, le renard est également capable de pêcher du poisson pour se nourrir ou de se délecter d’insectes, voire de fruits tombés au sol. Ainsi, à l’inverse du sanglier, du chevreuil, du cerf ou même du blaireau, il ne cause aucun dommage aux cultures des hommes. Plus, s’il se nourrit encore à l’occasion de quelques passereaux, il contribue surtout à réguler les populations de reptiles, de grenouilles, de ratons laveurs, et d’un certain nombre de petits rongeurs qui transmettent des tiques porteuses de la maladie de Lyme. En une année, un renard peut se nourrir de 3000 à 6000 campagnols, se montrant un auxiliaire très utile aux agriculteurs. 
Enfin, comme il se montre volontiers charognard si l’occasion s’en présente, il participe à l’élimination des cadavres et des animaux malades, donc de potentielles maladies. 
Mais pour ce qu’il est vu comme un voleur de poules et un transmetteur de maladies, le renard peut être chassé et tué tous les jours de l’année. 
Il suffit pourtant de fabriquer un poulailler résistant à ses manœuvres habiles. Quant aux maladies qu’il transmet, la rage est éradiquée depuis plusieurs décennies et les maladies parasitaires qu’il peut transmettre sont véhiculées par ses crottes. Il suffit donc de faire attention lors d’une sortie en forêt ou dans la campagne, d’être notamment attentif à traiter ses chiens contre ces attaques parasitaires pour ne pas en pâtir. 

Renard roux, un cousin du chien qui ressemble au chat

Vulpes vulpes, de son petit nom latin, est un animal solitaire de la famille des canidés dont certaines caractéristiques le rapprochent pourtant davantage du chat forestier que du chien. Il occupe d’ailleurs la même niche écologique que ce petit félin. La niche écologique est un concept servant à définir la position d’une espèce dans un écosystème ainsi que les conditions qui sont nécessaires à sa vie. Un peu semblablement au chat, le renard a une bonne vision la nuit, il lui arrive de jouer avec ses proies sans les tuer directement et de les abandonner, après s’en être lassé. 
Il a par ailleurs une ouïe extrêmement sensible qui lui permet de repérer des rongeurs grattant sous la terre ou des lombrics se mouvant à la surface du sol, vers de terre dont il est friand. Ses vibrisses (ce que l’on appelle communément des moustaches) ont un récepteur nerveux très sensible qui lui permettent de se déplacer la nuit ou dans son terrier. Son sens de l’orientation est très bon et on suppose qu’il utilise le champ magnétique terrestre pour localiser ses proies. Doué d’une très bonne mémoire, il enterre des proies dans plusieurs endroits différents afin d’éviter que toutes lui soient chapardées par d’autres rongeurs ou des oiseaux comme les corneilles, et il est capable d’en retrouver l’emplacement à peu près sans erreur, contrairement à l’écureuil roux, ce qui le sauve en temps de disette. Il est tout de même doté d’environ 225 millions de cellules olfactives !

Renard : roux mais pas que !

Roux comme son nom l’indique, bien que certaines sous-espèces varient du jaune-beige au marron foncé, et qu’il existe des renards roux à la robe argentée, c’est un animal assez petit et très léger, ce qui lui permet de courir vite. Pour un même volume, ses os sont 30% plus légers que ceux d’un chien domestique. Il mesure en moyenne 35 à 40 cm de hauteur au garrot pour quelque 7 kg. Sa queue touffue est très longue, duveteuse, blanche à la pointe et lui sert à la fois de balancier et de couverture pour dormir. Elle représente environ 70% de la longueur de son corps et lui permet, en hiver, de résister à des températures très froides. 
Son crâne étroit est allongé, sa bouche dotée de 42 dents solides et bien aiguisées. Le territoire du renard roux peut être de quelques dizaines d’hectares lorsqu’il est installé en ville, ce qui est assez courant, ou de plusieurs centaines d’hectares à la campagne. Opportuniste, il s’adapte à de nombreux milieux et tend à avoir des mœurs plus nocturnes lorsqu’il est proche des villes ou dérangé par le bruit. Dans la forêt, il peut avoir une activité diurne. Il lui arrive de former des groupes de quelques individus dominés par un couple qui a l’exclusivité de la reproduction, mais il vit généralement en solitaire, hors de la période d’accouplement. 
Il marque son territoire et communique avec ses semblables par les odeurs mais aussi par les cris. Hors de la période de reproduction et de la saison des grands froids, il dort dehors et n’utilise pas son terrier. Il est d’ailleurs rare qu’il creuse lui-même un terrier, préférant ordinairement s’installer dans celui d’un blaireau, d’un lapin de garenne ou d’une marmotte. Étonnamment, ce genre de cohabitation se passe très bien, Monsieur Renard ne chassant pas le lapin à proximité de son terrier. Quand on vous dit qu’il est opportuniste !

Mythes et légendes du renard

Sournois, habile, malin, généreux, le renard a connu diverses réputations et représentations au cours de l’Histoire. Walt Disney a représenté Robin des Bois en renard malin et charitable. Mais le héros du roman de Renart est plus roué et, s’il a un côté justicier, il est surtout l’auteur de blagues potaches à répétition vouées à ridiculiser le loup. C’est d’ailleurs de son patronyme qu’a hérité notre renard roux. Jusqu’au Moyen Age, la langue française l’appelait goupil, dérivé du latin vulpes, mais le patronyme du héros des fables a imposé le nom propre comme nom commun. 
Flatteur, fourbe et sournois dans de nombreuses représentations littéraires et artistiques, c’est peut-être cette légende qui lui a valu d’être si honni et pourchassé. Aujourd'hui, à peu près débarrassé de ses prédateurs naturels que sont notamment le lynx et le loup, l'homme est sa crainte essentielle. 

Le renard roux, une espèce encore largement chassée

Entre 600 000 et 1 million de renards sont tués chaque année en France sous divers prétextes tous plus ou moins fallacieux. En effet, l’une des raisons le plus souvent invoquées est la transmission de l’échinococcose alvéolaire dont le renard commun serait responsable, ce qui ne semble pas vrai. 
Le renard n’est un danger ni pour la santé ni pour la sécurité publique. Il est certes un mangeur de poules et de lièvres invétéré, un concurrent direct pour les chasseurs, mais rend de grands services aux agriculteurs et paysans et à toute la chaîne alimentaire, qui doivent nous aider à supporter ses chapardages, surtout récurrents au printemps lorsqu’il s’agit pour lui de nourrir sa progéniture. 
Si le renard n’est plus classé comme une espèce nuisible, il est toujours présent dans la catégorie “susceptible d’occasionner des dégâts” ce qui, en pratique, autorise sa chasse et son prélèvement toute l’année, que ce soit lors de tirs, par piégeage ou par déterrage. Il n’y a guère de surpopulation de renards en France ni ailleurs, la population des renards se régulant d’elle-même, en fonction des proies disponibles, si bien qu’il leur est impossible de pulluler. 
Le renard roux vulpes vulpes est bien davantage un bon aide de camp pour le forestier, l’agriculteur et le paysan qu’un nuisible à éradiquer. 
 

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