5 août 2022
Focus sur la forêt du Syndicat
Située sur la commune du Syndicat, dans les Vosges, la première forêt d’EcoTree dans le Grand Est est un massif de plus de 5 ha à reboiser.
La première forêt acquise dans l’est de la France par EcoTree se situe dans la commune du Syndicat. C’est une parcelle d’un peu plus de 5 hectares au cœur des Vosges. Il y a fort à faire pour y accompagner la régénération naturelle qui semble s’installer à la suite de la coupe rase réalisée sur une partie du bois par l’ancien propriétaire, après une attaque de scolytes typographes. Les premiers indices laissent entrevoir un intéressant réservoir de biodiversité et une belle aventure à mener main dans la main avec les experts forestiers.
Le Syndicat : quelque 5 hectares de forêt dans les Vosges
C’est au Syndicat, commune des Vosges, que nous avons acquis 5,76 hectares de forêt, au lieu-dit “La goutte du berger”. On y accède par une route depuis la commune de Vagney, en allant vers “le Haut du Tôt”. Cette forêt héberge un sentier de randonnée du Circuit des Croix de chemin. Une belle croix en pierre est d’ailleurs installée sur le chemin qui mène à la parcelle. Le bois abrite également un petit ruisseau qui semble persistant et qui abreuve des sapins pectinés en belle forme, et plusieurs écosystèmes que notre responsable de biodiversité, Louise Bouchardy, est en train d’étudier. La forêt entière, et notre parcelle en particulier, est ceinte de murets en pierre sèche qui font dire au forestier Arnaud De Grave qu’il s’agissait probablement de terres jadis pâturées. Les images satellites que nous avons trouvées sur le portail en ligne de l’IGN indiquent une plantation d’arbres sur ces terres vers le milieu des années 1950 (comme le montre l'image ci-dessous prise en mai 1958, après la plantation).
Si quelque trois hectares d’épicéas attaqués par les bostryches ont été coupés par l’ancien propriétaire, sur l’autre versant environ 2 hectares de bois sont en bon état. “La forêt a été plantée de résineux, indique Arnaud. Ainsi demeurent quelques épicéas, mais surtout des sapins dont certains, assez vieux, sont âgés d’environ 70 ans.”
Quel plan de gestion pour Le Syndicat ?
“Pour l’heure, le plan de gestion n’est pas arrêté”, poursuit Arnaud. Notre première forêt acquise dans le Grand Est est entourée d’autres bois dont certains appartiennent à l’ONF, d’autres à des propriétaires privés. Des coupes à blanc y ont été pratiquées pour éradiquer les scolytes et il n’est pas prévu de replanter des épicéas au Syndicat. “Cependant, j’aimerais conserver les épicéas qui repoussent d’eux-mêmes, car je suppose qu’ils pourraient être adaptés s’ils poussent spontanément, poursuit le forestier dont l’objectif est d’abord d’observer ce que la régénération naturelle accomplira dans l’année qui vient et de ne commencer à planter qu’après. Nous planterons sans aucun doute des sapins qui sont une essence locale, bien adaptée au sol acide de ce bois et qui sont par ailleurs une essence économiquement rentable. Mais il n’est pas question de ne planter qu’une seule essence et ce sont les essences d’accompagnement qu’il me reste à choisir, avec l’aide de Georges Pottecher, qui est déjà venu voir la forêt, et probablement de l’ONF sur qui je compte pour m’éclairer, car ses agents ont déjà effectué des tests autour du Syndicat, sur des stations assez identiques. Il est important de prendre conseil auprès de ceux qui étaient ici avant nous.”
Par ailleurs, Arnaud a relevé quelques friches de feuillus qui ont l’air de s’être spontanément installées il y a une dizaine d’années et qu’il sera intéressant de voir évoluer. Il s’agit essentiellement de noisetiers, de charmes et d’érables, dont la présence est importante pour la biodiversité. “La vraie gageure sera de reboiser la terre mise à nu par la coupe rase où la régénération naturelle peine à se mettre en place”, admet Arnaud.
Quelle est la biodiversité de la forêt du Syndicat ?
Pour connaître la richesse de la biodiversité de cette station forestière, des pièges à insectes ont été déposés, qui n’ont pas encore accompli leur office. Mais Louise est optimiste : d’après les premiers éléments observés, la biodiversité de la forêt du Syndicat est assez riche, notamment en odonates, ce qui s’explique par la présence du ruisseau et d’une petite zone humide en fond de vallée. Laquelle sera rouverte par nos soins.
“L’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP) n’est pas inintéressant, indique-t-elle. On relève la présence de sphaignes, de bois mort, notamment en l’espèce de vieux arbres chandelles, qui sont de bons réservoirs de biodiversité. Par ailleurs, de nombreux syrphes et différentes espèces de bourdons ont été observés dans les milieux ouverts présents sur la parcelle. Ce qui est vraiment intéressant, dans cet IBP, c'est que les scores liés au contexte sont bons (présence d’un ruisseau permanent, d’un ruisseau intermittent, de murets, d'éboulis et de gros affleurements rocheux). A contrario, les scores liés à la gestion forestière sont faibles, nous avons donc une carte à jouer pour augmenter le potentiel d'accueil de biodiversité de la forêt. Toutefois, comme l’observation de la diversité des espèces a été faite en pleine canicule, nous devrions découvrir de belles choses au printemps !”
Comme l’indique Arnaud De Grave, l’objectif est de trouver des ouvriers forestiers désireux de travailler un peu différemment de ce qu’ils ont l’habitude de faire, car il y a des choses à explorer dans cette station. “C’est toujours un traumatisme pour les sols et pour la diversité du vivant de pratiquer une coupe rase. Mais avec de la patience et des méthodes adaptées, cette petite forêt de cinq hectares sera à l’avenir un sanctuaire de vie et un écrin pour des arbres en bonne santé.”
Des arbres à habitat ont déjà été marqués afin d’atteindre l’objectif de 30 arbres de très gros diamètre capables d’héberger une riche biodiversité. D’autres projets sont à l’étude, comme le développement d’une lisière forestière graduelle dès le stade de la plantation. Cette forme de lisière étagée est idéale pour protéger les arbres des forts coups de vent et pour la biodiversité. En effet, la lisière est un milieu de transition entre la forêt et les terres cultivées ou les prairies. “Cette zone tampon doit être considérée avec la plus grande attention pour éviter une transition abrupte entre les deux milieux. Ainsi, des espèces inféodées à chacun des milieux s’y rencontreront. C'est par exemple un endroit fondamental pour les pollinisateurs sauvages dont les lépidoptères qui sont le péché mignon de la barbastelle d'Europe”, explique Louise. Ainsi, cela pourrait non seulement éviter une nouvelle propagation invasive de scolytes dans les bois, mais également favoriser les conditions agricoles. Car une forêt n’est pas un écosystème coupé du reste, elle prend place dans une nature où tous les éléments se complètent et se nourrissent.