3 mars 2022
Quelles sont les causes de mortalité des jeunes plants en forêt ?
Les causes de mortalité des jeunes plants en forêt sont nombreuses mais le travail des forestiers, en bonne intelligence avec la nature, permet de les réduire.
On n’y pense pas spontanément mais il ne suffit pas de mettre de jeunes arbres en terre pour qu’une nouvelle forêt s’élève. La mortalité peut être forte chez les petits plants qui subissent un stress assez considérable en passant de la pépinière où ils ont germé et commencé leur croissance au milieu plus hostile qu’est une parcelle forestière. Nombreuses sont les causes possibles de la mort de jeunes plants, mais la plus courante est due aux conditions climatiques. Petit tour d’horizon de la mortalité des jeunes plants d’arbres dans les forêts publiques et dans celles que gère EcoTree.
Principales causes de mortalité chez les jeunes plants d’arbres
Le Département de la santé des forêts, sous la tutelle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, dresse un bilan annuel des conditions sanitaires de ses plantations forestières. Il répartit les causes de mortalité des plantations d’arbres en quatre catégories que nous reprenons à notre compte.
Les causes abiotiques
Le stress d’ordre abiotique que peuvent subir les jeunes plants lorsqu’ils sont mis en terre après avoir été transportés de la pépinière où ils ont germé prend en compte les risques liés aux variations climatiques : gel, sécheresse, trop fortes variations de température… Les facteurs abiotiques sont également liés à la lumière, l’humidité de l’air ou encore la composition du substrat et la structure du sol, éléments que tout bon forestier prend en compte avant une plantation, sachant que toutes les essences d’arbres n’ont pas les mêmes exigences de lumière, d’humidité de l’air, de texture de sol ou de substrat.
Les causes biotiques
Les facteurs biotiques susceptibles de causer la mort de jeunes plants d’arbres sont les attaques d’insectes ou de champignons qui sont souvent spécifiques aux très jeunes arbres.
Les causes anthropiques
Les causes anthropiques sont toutes celles liées au travail des hommes : les travaux du sol, les travaux de préparation ou de stockage des plantes, la plantation en elle-même puis l’entretien (dégagements, maîtrise de la concurrence) mais aussi qualité des plants. Si le pépiniériste n’a pas bien fait son travail ou livré une trop forte quantité de plants non conformes, les risques de mortalité sont élevés.
Les dégâts causés par les animaux
L’abroutissement des jeunes plants par le gibier cause généralement des dégâts irréversibles, et certains plants sont même déracinés par les coups de dents généreux des cerfs, biches, chevreuils ou sangliers.
Quels sont les chiffres de la mortalité des jeunes arbres plantés dans les forêts publiques ?
Selon le bilan sanitaire des plantations forestières pour l’année 2019, près de 27% des plantations ont échoué, ce qui fut la deuxième plus mauvaise année depuis 2007, après l’année 2015 où le taux d’échec de reprise des arbres fut de 27,33%.
Une analyse phytosanitaire très scrupuleuse des plantations et des causes de leur mort étant réalisée par les services de l’Etat, il appert que l’immense majorité (plus de 90%) des causes de mortalité des jeunes plants est d’origine abiotique (mais cela inclut les causes anthropiques), 5% d’origine animale (48% de cervidés, 41% de sangliers), 3% due aux insectes et moins d’1% aux pathogènes.
Ainsi, si la sécheresse fut la première cause de mortalité des jeunes plants en 2019, la Département de la santé des forêts insiste sur le fait que les facteurs anthropiques (qualité des plants, travaux préparatoires et de plantation) “sont des facteurs essentiels de réussite ou d’échec des plantations.”
Dans 70% des causes de mortalité d’origine abiotique, la mortalité a été imputée à la sécheresse, les autres causes combinant la chaleur à la mauvaise qualité des plants et/ou de la plantation.
Quelles sont les essences les plus vulnérables ?
Le Chêne pédonculé (33% de taux d’échec), le Chêne sessile (31%), l’Epicéa commun (30%) et le Douglas (30%) sont les essences dont le taux d’échec a été le plus fort. Or, ce sont aussi les essences d’arbres les mieux valorisées aujourd’hui.
Quelles essences ont eu le plus fort taux de reprise ?
Le Pin maritime (15% de taux d’échec), les peupliers (14%), le Pin taeda (21%) et le Mélèze d'Europe (21%) ont eu les plus faibles taux d’échec. Le Chêne rouge est, par ailleurs, celui qui a le mieux résisté parmi tous les chênes plantés (27% de mortalité).
Quels sont les départements français les plus sensibles à la mortalité des jeunes plants ?
Il est tout à fait remarquable, sur la carte de la localisation et de l’intensité des mortalités abiotiques dans les plantations forestières pour l’année 2019, que les départements de Bretagne, la Sarthe et la Mayenne comptent parmi ceux où le taux de mortalité des jeunes plants est le plus faible. De même, le Limousin n’a pas un fort taux de mortalité de jeunes plantations, ce qui est plus mitigé dans les départements de la Bourgogne, en Ile-de-France et dans le Val-de-Loire. La Haute-Marne et la Meurthe-et-Moselle sont les départements où le taux de mortalité d’origine abiotique a été le plus élevé (de 41 à 61%).
Quel est le taux de mortalité des jeunes plants des forêts d’EcoTree ?
Nous n’avons pas les mêmes capacités d’analyse des causes de la mortalité des jeunes arbres que nous plantons dans nos forêts et ne plantons pas de quantités comparables avec ce que font les services de l’Etat. Nous savons néanmoins quel est le taux de mortalité des jeunes plants que nous mettons en terre.
L’essentiel de nos plantations ayant eu lieu l’an passé en Bretagne, la mortalité de nos jeunes plants oscille entre 5 et 15% au Faouët et à Pont-de-Buis, ce qui est un taux de mortalité naturel.
Seule la reprise du Thuya dans la forêt de Ploërdut s’est révélée plus compliquée, environ 30% de plants étant morts l’année suivante.
Quelles sont les raisons du faible taux de mortalité des jeunes plants dans nos forêts ?
La mortalité de nos plants a été faible, parce que nous n’avons déploré aucune sécheresse dans nos forêts de Bretagne, nos plantations étant situées dans des secteurs bien arrosés et les dates de plantations ayant été bien choisies, pour éviter toute possibilité de stress hydrique.
Ainsi, il est important de noter que si nous ne maîtrisons pas le climat et les conditions météorologiques, le travail des hommes en bonne intelligence avec la nature est primordial. Des plantations effectuées au moment opportun, dans des stations adaptées aux essences mises en terre et, surtout, la qualité des plants importés, sont des facteurs essentiels, susceptibles d’accroître fortement les capacités de reprise des jeunes arbres.
Nous souhaitons ainsi insister sur la compétence des hommes avec qui nous travaillons : planteurs et pépiniéristes locaux qui ont la passion de leur travail et nous permettent de donner naissance à de belles forêts en limitant les pertes.
A noter que le taux de mortalité du Thuya plicata dans la forêt de Ploërdut est uniquement dû à la spécificité de cette essence dont la reprise est toujours délicate et qui est particulièrement sensible aux vents froids d’avril.