15 sept. 2020

En voulant interdire le sapin de Noël, le maire de Bordeaux se trompe de combat

Le maire de Bordeaux veut interdire le sapin de Noël dans sa ville, ce qui révèle une méconnaissance de l’exploitation forestière en France.

Suzanne Sinniger
Suzanne SinnigerChargée de communication
En voulant interdire le sapin de Noël, le maire de Bordeaux se trompe de combat

L’annonce fracassante du nouveau maire écologiste de Bordeaux n’est pas passée inaperçue. Interdire le sapin de Noël dans sa ville, sous prétexte qu’il s’agit d’un arbre mort, et adopter “la charte des droits de l’arbre” conjuguent un même anthropomorphisme qui est une erreur de jugement. Certes, il faut respecter la nature, mais prendre les arbres pour nos égaux est n’avoir pas compris leur différence essentielle.

Sapin de Noël : symbole de vie ou de mort ?

« Je ne veux pas d'un arbre mort qui traverse la France sur un camion… », a déclaré Pierre Hurmic, maire EELV de Bordeaux, tranquillement assis sur un bureau en bois. C’est-à-dire, si l’on suit son raisonnement, sur le cadavre d’un arbre démantelé, écartelé, sacrifié. 
Si ses propos ont soulevé tant de réactions, c’est que l’image qu’il a employée est puissante. C’est aussi qu’il nie, en quelques mots, la réalité d’une tradition que personne ne veut effacer et qu’il montre sa profonde méconnaissance d’une filière respectueuse de l’environnement et profondément attachée à la bonne gestion des bois

Le cycle de la nature est ainsi fait qu’il faut que quelque chose meure pour donner la vie à autre chose. Lorsqu’un sapin est coupé pour servir d’arbre de Noël, il laisse un autre pousser, grandir et se développer. Ce n’est pas promouvoir la mort que d’exposer un arbre coupé, puisque cela permet à un nouvel arbre de croître. La filière est ainsi organisée, le sapin de Noël étant un bien de culture, et sa culture reconnue comme une activité agricole à part entière
Il en est, dans le fond, des arbres de Noël comme des vaches, poulets, cochons et moutons. S’ils ne servaient pas à nourrir les hommes par leur viande, ils n’auraient pas de raison d’exister. C’est parce que l’homme avait besoin de se nourrir qu’il a domestiqué moutons, cochons, vaches, etc. De la même manière, des sapins sont plantés pour être coupés à Noël. De la sorte, leur bilan carbone est neutre, puisque chaque arbre coupé est remplacé. S’ils ne servaient pas à ravir nos yeux à Noël, ils ne seraient pas plantés. Il s’agit là d’une économie tout à la fois vertueuse et créatrice d’emplois. Veut-on vraiment se couper des traditions qui font le ciment d’une société et qui font rêver petits et grands depuis des siècles ? Préfère-t-on remplacer de vrais sapins par des sapins en plastique, qui ne sont pas écologiques et sont de faux-semblants ? Qui n’ont pas cette douce odeur de résine et ne collent pas aux doigts ? Qui n’ont rien de vivant ? Veut-on définitivement couper nos liens à la nature ? Avoir un arbre de Noël chez soi ou sur la grand-place de sa ville, même s’il est coupé, c’est garder un lien avec la nature.
Et s’il ne faut plus couper de bois, que fait-on du mobilier en bois, des constructions en bois, de toute une industrie qui génère de l’emploi, une économie vertueuse et qui est la plus écologique ? Préfère-t-on utiliser du béton ou du plastique, pour ne pas “tuer” d’arbres ?

Homme et arbre, même essence ?

Qu’est-ce qu’un arbre ? C’est une question à laquelle il est à la fois simple et compliqué de répondre. Mais si Diogène promenait sa lanterne en répétant qu’il cherchait un homme, ce n’était pas tant une question d’essence que de conscience. 
Nous savons qu’un arbre est une plante ligneuse qui se développe pendant des années, fabrique du bois en captant du carbone, produit des feuilles ou des aiguilles, croît, se reproduit puis meurt. Si l’on peut estimer qu’il est doté d’une certaine forme d’intelligence, elle est en tout cas radicalement différente de la nôtre et fonctionne très probablement en-dehors de toute conscience d’elle-même. 
Les arbres ont une forme de communication, il n’y a pourtant que chez Tolkien qu’ils parlent. Il faut donc cesser de prendre les arbres pour des êtres humains comme les autres. L'anthropomorphisme était déjà un reproche que Francis Hallé faisait à Peter Wohlleben. A raison, sans doute, car à trop comparer l’arbre à l’homme, certains finissent par croire qu’ils sont de même essence. Non, nous ne partageons pas notre essence avec les arbres. L’arbre et l’homme ont des existences incomparables, confusion n’est jamais raison.

L’arbre doit être respecté mais pas considéré comme notre égal en droit

Si dans un premier temps, le maire de Bordeaux a annoncé qu’il n’y aurait plus de sapin de Noël dans la ville, sa deuxième annonce se réfère au texte promu par l’association A.R.B.R.E.S., laquelle fait un remarquable travail de préservation de notre patrimoine vivant. La charte des droits de l’arbre qu’il souhaite adopter “a pour vocation de changer le regard et le comportement des hommes, de leur faire prendre conscience du rôle déterminant des arbres au quotidien et pour le futur, en ouvrant la voie à une modification rapide de la législation au niveau national”, comme le précise la déclaration proclamée à l’Assemblée Nationale le 5 avril 2019. 
Considérant nous aussi que l’arbre est évidemment un organisme vivant qui doit être respecté, nous émettons quelques réserves sur le fait qu’il faille en faire un sujet de droit à l’égal de l’être humain. En effet, l’article 5 de cette déclaration précise que “pour répondre aux besoins des hommes, certains arbres sont plantés puis exploités, échappant forcément aux critères précédemment cités”, ce qui laisse la porte ouverte à l’exploitation forestière.

Mais l’article 3 dispose que l’arbre “doit être respecté tout au long de sa vie, avec le droit de se développer et se reproduire librement, de sa naissance à sa mort naturelle, qu’il soit arbre des villes ou des campagnes.”
Or, l’article 3, mal employé, pourrait donner lieu à diverses interprétations qui empêcheraient que l’on taille des arbres pour en faire des haies, puisqu’alors l’arbre ne se développerait pas librement, pourrait-on dire. En viendrait-il à faire condamner la pratique des arbres têtards qui a permis pendant des milliers d’années de favoriser la biodiversité, de nourrir les bêtes et de procurer du bois aux hommes ? 
Les arbres méritent notre respect, puisqu’ils sont la condition sine qua non de la vie sur Terre. Certes, respecter la nature qui nous entoure, c’est se respecter nous-mêmes, mais est-il indispensable d’inscrire cela dans le droit ? Ne peut-on miser sur l’intelligence des hommes, sur leur bon-sens et sur la pédagogie pour que les arbres soient respectés et estimés à leur juste valeur ?
Nous voulons des arbres dans nos villes et dans nos campagnes, et nous voulons une société qui fasse la part belle à la nature. Mais pour atteindre une économie moins émettrice de CO2, il nous faut miser sur le bois, donc sur l’exploitation des forêts. 

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