20 août 2020
Cinq idées reçues sur la forêt
Nous croyons tous savoir ce qu’est une forêt et comment poussent les arbres, mais nous nous méprenons souvent.
Nous croyons tous savoir ce qu’est une forêt et comment poussent les arbres. Nous pensons souvent que la nature doit être laissée à elle-même et que notre action n’est que délétère sur l’environnement. Or, bon nombre de nos idées reçues sont fausses ou partiellement erronées. Voici quelques idées toutes faites qu’il est temps de déboulonner
La forêt française régresse
Parce qu’il est vrai que dans certaines régions du monde la surface forestière régresse, et souvent de manière dramatique, on peut avoir tendance à confondre et croire que c’est le cas aussi en France. Or, cela est faux.
Depuis 1980, la superficie forestière progresse de près d’un pour cent par an en France, si bien que la forêt métropolitaine couvre 17 millions d'hectares, soit 31% du territoire.
Après l’agriculture, qui couvre environ la moitié du territoire français, la forêt est l’occupation du sol la plus importante. Depuis la fin du Moyen Age, la forêt française n’avait pas été si vaste.
Il ne faut pas exploiter les forêts
Il est faux de croire qu’il ne faudrait pas exploiter les forêts, et que celles-ci se porteraient mieux sans l’intervention des hommes. Les forêts laissées à l’abandon ou vieillissantes mettent beaucoup de temps à se renouveler et remplissent moins leurs missions écologique, sociale et environnementale.
Il n’y a rien de cynique dans l’idée que les forêts nous sont utiles. Cela n’empêche pas de les respecter, bien au contraire. Une forêt non entretenue parce que non exploitée absorbe moins de CO2 et a plus de chances d’être ravagée par un incendie. C’est le cas de nombreuses forêts “sauvages” du sud-est de la France, qui ont poussé depuis un siècle sur d’anciennes terres cultivées.
En France, les forêts souffrent au contraire d’un manque d’exploitation. Seule la moitié de l’accroissement annuel de la forêt française est récoltée, parce que la filière bois est en crise structurelle depuis deux décennies. On ne peut donc absolument pas prétendre que la forêt française est surexploitée. Pour autant, si une part de plus en plus importante de la population est favorable à l’utilisation du bois, qui est l’un des matériaux les plus écologiques, elle voit dans le fait de couper des arbres une manière de détruire la forêt. Or, bien au contraire, couper du bois est une manière d’aider la forêt à se renouveler et d’être moins vulnérable face aux attaques de parasites ou aux grands événements climatiques.
Les forêts sont mal entretenues
De manière générale, la forêt française se porte bien. Il convient toutefois de faire la différence entre la forêt privée et la forêt publique qui est administrée par l’Etat ou les communautés locales et gérée par l’Office national des forêts (ONF).
75% des forêts de France sont privées. Si l’on coupe la France en deux du nord au sud, on s’aperçoit que la moitié ouest de la France détient une grande majorité de forêts privées, alors que les forêts publiques sont presque aussi nombreuses que les forêts privées dans la moitié est du pays, ce qui est un héritage historique.
Si un tiers de la surface totale des forêts françaises est difficile à exploiter, donc à entretenir en raison du relief, le manque d’entretien de certaines forêts est essentiellement dû aux propriétaires privés. Seulement un tiers de la forêt privée applique des engagements de gestion durable, remarque la Cour des Comptes.
Les forêts sont donc globalement entretenues mais le manque de dynamisme de la filière bois et la géographie accidentée de certaines régions de France, ainsi que le morcellement de nombreuses forêts privées réparties entre de nombreux propriétaires par le hasard des héritages fait qu’un certain nombre de forêts privées manque d’entretien.
Les animaux sont les meilleurs amis des arbres
Le grand gibier est l’une des principales menaces qui pèsent sur nos forêts. En mangeant les plantules et en écorçant les arbres, il empêche la forêt de se régénérer lorsqu’il est en surnombre. C’est par exemple le cas de la moitié des forêts domaniales à objectif de production. En quarante ans, le nombre de cerfs et de chevreuils a ainsi été multiplié par dix.
Par conséquent, si certains animaux contribuent au renouvellement des forêts, tels l’écureuil et la plupart des oiseaux qui, en transportant les graines, participent à l’essaimage et au mélange des essences, d’autres lui sont une agression.
C’est donc avant tout une question d’équilibre, mais les animaux ne sont pas nécessairement les meilleurs amis des arbres.
Les vieux arbres ne stockent plus de CO2
Dernière idée reçue, passé un certain âge, les arbres ne stockeraient plus de CO2. C’est absolument faux, et certaines études tendent même à prouver l’inverse. Si l’accroissement des arbres ralentit en effet à partir d’un certain nombre d’années, qui varie selon les essences, la couronne des vieux arbres est si vaste que pour un accroissement moindre chaque année, la proportion de carbone stockée peut être supérieure à celle d’un jeune arbre qui pousse beaucoup plus vite.
Tout au long de sa vie, un arbre stocke du CO2 et plus il vit longtemps, meilleur est son bilan carbone.