21 juil. 2021
La Commission européenne mise sur les forêts pour la transition énergétique
La Commission européenne veut mettre en place un Pacte vert pour l'Europe : les forêts y ont un grand rôle à jouer !
Le 14 juillet 2021, la Commission européenne a adopté des propositions pour orienter la politique générale de l’Union européenne afin de réduire ses émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Pour cela, elle s’appuie sur cinq leviers que sont le climat, l'énergie, l'utilisation des terres, le transport et la fiscalité. Les arbres ont un rôle important à jouer dans cette nouvelle stratégie européenne, et nous qui les entretenons sommes au premier rang.
Quelle stratégie pour une réduction des émissions de CO2 ?
La réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre est plus prégnante que jamais, après les bouleversements climatiques que l’Europe connaît ces dernières semaines. C’est ainsi qu’à l’horizon 2050, l’Europe veut être le premier continent à parvenir à la neutralité climatique. Pour ce faire, la Commission européenne se dote d’instruments législatifs destinés “à transformer en profondeur notre économie et notre société pour construire un avenir équitable, écologique et prospère.”
Les propositions qui ont été présentées doivent fonctionner de concert pour atteindre cet objectif. Elles combinent un recours plus conséquent aux énergies renouvelables, une amélioration de l’efficacité énergétique, un effort drastique pour parvenir à des modes de transport beaucoup moins polluants et le déploiement des infrastructures dédiées, un certain nombre de mesures techniques et plus ou moins complexes sur les quotas et les droits d’émissions de gaz à effet de serre, ainsi qu’une “mise en adéquation des politiques fiscales et des objectifs du Pacte vert pour l'Europe”.
Enfin, le dernier pan, qui n’est pas le moindre et qui concerne EcoTree plus directement, est un ensemble de mesures prises par l’Union européenne pour empêcher le relargage de carbone dans l’atmosphère, ainsi que la préservation et l'extension des puits de carbone naturels.
Préserver et développer les puits de carbone nationaux
Pour atteindre l’objectif d’élimination du carbone dans l’atmosphère que les Etats membres de l’UE se sont fixé, soit 310 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2030, la Commission compte sur les puits de carbone naturels. C’est ainsi que l’utilisation des terres notamment par l’agriculture et la foresterie doit se faire en accord avec le règlement mis en place. Cela requiert des changements dans la manière d’utiliser les terres, ce que nous constatons dans la volonté du gouvernement français de freiner l’artificialisation des sols et l’accaparement des terres agricoles ou encore d’aider l’agriculture à “accélérer la transition agro-écologique au service d'une alimentation saine, durable et locale”.
Cela concerne également l’utilisation des engrais et l’élevage. Mais cela englobe surtout, pour ce qui nous concerne, une “stratégie de l’Union pour les forêts” qui “vise à accroître la qualité, la quantité et la résilience des forêts de l'Union.” En effet, nous savons combien les forêts, mais également d’autres écosystèmes qu’elles recèlent ou protègent, tels que les mares forestières, les tourbières, les ripisylves et les zones humides en général peuvent être des puits de carbone d’une efficacité inégalable sur terre, afin de lutter contre le changement climatique. Reste à savoir comment se mettra en place cette stratégie européenne.
Planter 3 milliards d’arbres en Europe à l’horizon 2030
D’ici à 2030, l’Union européenne souhaite que soient plantés 3 milliards d’arbres pour contribuer à l’élaboration de puits de carbone et ainsi freiner les effets délétères des changements climatiques induits par les activités humaines. La Commission européenne affiche son soutien aux exploitants forestiers et à la “bioéconomie forestière”, ce qui est une bonne chose en soi, mais qui n’est pas sans nous interroger, à l’heure où l’ONF est en pleine crise et où les scieries françaises sont au bord de la faillite.
La France se donne-t-elle tous les moyens nécessaires pour entretenir ses forêts ? Faut-il planter encore plus d’arbres alors que de très nombreuses forêts ne sont pas gérées, menaçant de relâcher plus de CO2 et autres gaz à effet de serre qu’elles n’en absorbent, que ce soit à cause du nombre d’arbres morts qui se désagrègent ou des incendies qu’elles font craindre ?
EcoTree, comme d’autres initiatives privées, a un rôle primordial à jouer dans la restauration des écosystèmes et dans la préservation de la biodiversité, parce que planter des milliards d’arbres qui ne sont pas entretenus ne pourrait pas être une bonne solution.
Nous entretenons les forêts et restaurons les écosystèmes
De la même manière, l’exploitation forestière telle qu’elle se pratique encore dans certaines régions de France et dans certains pays d’Europe est à interroger. La plantation d’arbres n’est pas suffisante, si elle n’est pas suivie d’une gestion continue et durable et d’une exploitation intelligente : la ressource bois doit être valorisée afin de stocker du CO2 à long terme. C’est toute une filière qu’il faut sauver et soutenir. Le bois est un matériau d’avenir tant pour le secteur de l’énergie, si toutefois nous prenons soin de ne pas optimiser les écosystèmes forestiers pour produire de la biomasse au détriment de leur résilience, que pour la création de puits de carbone naturels.
Ainsi, il convient non seulement de planter des arbres là où les forêts ont été exploitées, mais aussi d’en prendre soin tout au long de leur cycle de vie, et de donner à la filière bois les débouchés industriels et techniques qu’elle mérite. C’est au prix d’un véritable effort de toute la filière forêt-bois que nous mettrons en place un pacte vert européen efficace. Et tels sont les efforts que nous faisons depuis qu'EcoTree existe. C'est ainsi que nous ne pouvons que soutenir et encourager les initiatives qui sont faites en faveur de la biodiversité et pour porter devant l'Assemblée nationale les doléances d'une filière qui nécessite d'être considérée dans sa globalité : d'un point de vue écologique (restauration des écosystèmes dégradés, réhabilitation de la biodiversité, sylviculture durable) mais aussi économique (soutien aux scieries et au made in France).