30 juin 2020

Convention citoyenne pour le climat : bonnes intentions ou bonnes idées ?

Les 150 citoyens tirés au sort ont rendu au président de la République leurs 150 propositions pour entrer dans une transition écologique et solidaire.

Convention citoyenne pour le climat : bonnes intentions ou bonnes idées ?

Les 150 citoyens tirés au sort ont rendu dimanche 21 juin au président de la République leurs 150 propositions pour entrer dans une transition écologique et solidaire. Si nous saluons de belles idées, nous nous interrogeons sur la pertinence d’autres propositions, sur leur crédibilité et leur mise en oeuvre. Car la transition écologique ne doit pas rester un vœu pieu, il faut qu’elle soit concrètement applicable.

149 propositions intéressantes

Sur les 150 propositions originales, une a été rejetée par le groupe de citoyens qui l’avait d’abord votée, avant que le rapport soit remis à Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. Il s’agit de la mesure préconisant la réduction du temps de travail de 35 heures à 28 h sans perte de salaire, qui a fini par paraître utopique à ceux mêmes qui l’avaient imaginée. 
Certains ont d’emblée critiqué la teneur “décroissante” des propositions faites par les 150 membres du groupe, sous l’égide du Conseil économique social et environnemental (Cese), alors que beaucoup de mesures de bon sens ont été adoptées et que, par ailleurs, la décroissance n’est pas une philosophie qu’il faut absolument diaboliser, sinon à vouloir entrer dans le jeu inefficace des opposants au système capitaliste d’un côté, des opposants à la décroissance de l’autre. Comme toujours, dans la vie, les choses sont un peu plus complexes et si, parmi les 149 propositions qui demeurent, un certain nombre, pour ne pas dire toutes, sont discutables, elles n’en sont pas pour autant insensées.

Des mesures que soutient EcoTree

Parmi les propositions faites au chef de l’Etat, nous ne pouvons que soutenir celles visant à “accompagner l’évolution du numérique pour réduire ses impacts environnementaux”. De la même manière, nous pensons qu’il faut “limiter les effets néfastes du transport aérien” ; nous sommes en faveur d’une meilleure prise en compte “des émissions de gaz à effet de serre liées aux importations dans les pollutions européennes” ; nous pensons qu’il convient effectivement d’envisager “un modèle de politique commerciale d’avenir soucieux d’encourager une alimentation saine et une agriculture faible en émissions de gaz à effet de serre en France”. 
Toutes ces mesures sont importantes et nécessaires, si elles sont réalisables et intelligemment mises en place, c’est-à-dire dans une perspective d’encouragement plutôt que de punition. Car ce sont là des critiques qui sont faites à ce rapport citoyen.

Quels moyens pour mettre en place ces mesures ?

Plusieurs médias ou personnalités politiques et engagées ont opposé aux membres de la convention le manque de réalisme, c’est-à-dire l’absence de chiffres, de quantification et de perspective économique. En effet, nous voulons amorcer la transition écologique nécessaire, mais avec quel budget et pour atteindre quels chiffres ? Il est important de le préciser, pour ne pas que tout cela reste un voeu pieu. 
Les bonnes intentions ne suffiront pas à endiguer le réchauffement climatique et à sauver notre avenir. Ainsi, la fiscalité globale n’a pas été abordée dans les propositions. Et même Delphine Batho, ancienne ministre de l’Ecologie le regrette. “Il est dommage aussi qu’ils n’aient pas eu les moyens de chiffrer précisément les réductions des émissions de gaz à effet de serre qu’entraîneraient leurs propositions, pas plus que leur coût. »

Éviter une écologie punitive 

Le risque que font courir un certain nombre de mesures proposées par les membres de la Convention citoyenne pour le climat est de braquer un certain nombre de personnes qui verraient dans l’application de ces mesures une écologie punitive. Or, c’est précisément ce qu’il faut éviter. Le modèle d’EcoTree est fondé sur l’exact inverse : encourager plutôt que punir. C’est également le modèle suédois ou danois, qui fonctionnent bien. 
L’écologie doit aller de pair avec un esprit de justice sociale, car elle prend en compte l’ensemble du monde vivant et ne peut léser certaines personnes, même au profit des meilleures causes. Si le sujet de la taxe carbone a été soigneusement évité, pour ne pas raviver la colère des gilets jaunes, la mesure préconisée, et qui semble avoir déjà les faveurs d’Elisabeth Borne, d’abaisser la vitesse de 130 à 110 km/h sur l’autoroute, risque de remettre le feu aux poudres. Car en effet, il s’agit d’une mesurette, à l’échelle de la pollution globale, qui paraîtra probablement comme une punition, tandis que nous devons être dans l’incitation. 
Inciter à planter des arbres ou à développer la biodiversité. Inciter à contribuer à l’environnement, oui, mais cesser de punir. Car il y a fort à parier que ce genre de mesures qui touchent principalement les habitants de la France périphérique soient absolument contre-productives et très mal supportées. Tant d’autres mesures plus urgentes sont à prendre en priorité. Il n’est pas possible de faire peser la transition écologique sur les plus faibles et les plus précaires.

Inscrire l’écocide dans la Constitution ?

De la même manière, la modification de la Constitution pour y inscrire le principe d’écocide nous paraît dangereux. D’abord parce que les contours de ce terme sont assez flous, ensuite parce qu’il ne concernera que très peu de cas, et qu’on ne peut se permettre de modifier la Constitution de la Cinquième République pour quelques rares cas qui risquent d’être difficiles à plaider. Puis, parce que la France dispose déjà d’un arsenal juridique qui, bien appliqué, éviterait nombre d’atteintes à l’environnement, et qu’aujourd’hui, c’est au niveau européen qu’il convient de discuter ces questions. Enfin, parce que nous sommes là encore dans une logique punitive, alors que nous savons que rien de très fructueux ne se crée sous la contrainte. 
Incitons et faisons de la pédagogie pour que chacun d’entre nous prenne conscience de l’enjeu environnemental et de la nécessité de changer sa manière d’être au quotidien. Faisons appliquer la loi contre ceux qui tentent de la contourner, mais retenons-nous de manier de nouveaux concepts qui ne feront probablement que saturer un peu plus les tribunaux et qui ne résoudront pas les problèmes. D’autant que les grandes multinationales qui sont visées par ce terme doivent être poursuivies, s’il y a lieu, à l’échelon international.
 

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