19 août 2018
Les grandes forêts de France - Partie 1
Partons à la découverte des grandes forêts métropolitaines de Provence et de Corse.
La plus grande forêt domaniale de France métropolitaine est la forêt d’Orléans et la forêt des Landes est le massif artificiel le plus vaste d’Europe de l’Ouest. Mais, c’est essentiellement sur le pourtour méditerranéen et en Bretagne que les forêts de France métropolitaine progressent.
Découvrez nos forêts françaises
Dans cet article, nous vous invitons à découvrir toutes les merveilles des forêts de Provence et de Corse.
Les grandes forêts de Provence
On ne sait pas toujours que les départements les plus boisés de France se trouvent sur le pourtour méditerranéen, si l’on excepte la Gironde et les Landes, qui bénéficient de l’immense forêt de pins, d’une superficie d’environ un million d’hectares.
De par ses surfaces et la variété de ses espèces, la Provence est une des grandes régions forestières de France. Selon les chiffres donnés par l’IGN pour l’année 2010, la région PACA représente 9,4% de la superficie de la forêt nationale. Le taux de boisement de la région est de 48% (pour 29% de moyenne nationale), ce qui la place au deuxième rang national, après la Corse. Le boisement de la région est toutefois hétérogène. Si en superficie boisée, les Alpes-de-Haute-Provence sont le troisième département français, après les Landes et la Gironde, le Var détient le plus fort taux national et régional, avec une superficie boisée qui atteint 62%, tandis que le département des Bouches-du-Rhône n’est qu’à 25%.
Dans ces forêts, feuillus et conifères occupent pratiquement les mêmes surfaces. Le chêne pubescent est l’essence principale, qui occupe près de deux fois plus de surface forestière que le chêne vert. Le hêtre y est aussi très présent. Pour le reste, ce sont essentiellement des pins sylvestres, pins d’Alep et mélèzes d’Europe. 87% de la forêt provençale peut être exploitée pour la production de bois. Cependant, d’après une étude publiée en 2011 par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire, le bois était peu exploité dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. En 2009, l’exploitation forestière n’avait ainsi prélevé que 16% de l’accroissement annuel « soit 587100 m3 dont presque la moitié sont des bois de trituration. » L’étude relevait également que le volume exploité restait stable sur dix ans. Elle notait que la production de sciages était en baisse régulière.
Représentant 9% de la surface forestière nationale, la récolte de PACA était de moins de 2% de la récolte nationale. L’exploitation, estimait l’étude publiée par le ministère, était « difficile notamment à cause de la qualité moyenne des peuplements, du relief et du morcellement de la propriété », ajoutant : « Si l’on considère les distances de débardage, les pentes et les diamètres des bois, seulement 37 % des forêts de production de PACA sont faciles à exploiter (67 % au niveau national) ». 98,5% des bois d’industrie récoltés en PACA sont constitués de bois de trituration pour la papeterie. Pour le reste, il s’agit essentiellement de bois énergie dont la production a beaucoup augmenté. Près de 90% du bois énergie est destiné aux bûches de chauffage (essentiellement de chêne).
On compte également deux projets de cogénération , l’un dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’autre dans le Vaucluse, produisant respectivement 5,1 et 6,7 MW. En 2009, le gouvernement estimait que l’emploi induit par la filière bois était en baisse depuis deux ans dans cette région. Quant aux plantations, elles ont quasiment cessé au cours des vingt dernières années, passant « de plus de 2,4 millions de plants en 1989 à 30 000 aujourd’hui » (2009). Cela, pour différentes raisons : une diminution des aides financières, l’échec de nombreuses plantations, à cause de la mauvaise qualité des plants et un coût environ trois plus élevé pour les plantations que dans les autres régions de France (notamment à cause du débroussaillage dû aux risques d’incendie). Mais depuis les années 2000, davantage de feuillus ont été plantés, qui sont moins sensibles aux feux de forêt que les résineux.
Les forêts de Corse en font la région la plus boisée de France
Si la Corse est la région la plus boisée de France, l’exploitation forestière y est limitée, en particulier par les difficultés d’accès, estimait l’Insee dans une étude parue en 2016. Le taux de boisement de l’île de beauté est de 58%, avec une superficie de 500 000 hectares de forêt, dont 400 000 de forêt de production.
« L’insularité, le climat, le relief et la géologie confèrent aux forêts de Corse une grande diversité biologique et écologique », relève l’étude de l’Insee. 80% de la forêt de production est occupée par des feuillus (chêne vert, châtaignier, hêtre et chêne liège). Les peuplements de conifères, eux, sont dominés par le pin laricio (une espèce endémique représentant 21 000 ha, soit 2,4% de la surface totale) et le pin maritime.
Selon le dernier inventaire forestier national, « le volume de bois sur pied en Corse est estimé à 46 millions de mètres cubes et la production naturelle brute (avec feuillage) à 1 million de mètres cube par an. La quasi-totalité du bois collecté provient des forêts publiques. »
Comme en Provence, les contraintes géographiques limitent l’exploitation forestière. Ce sont ainsi plus de 80% des volumes sur pied qui sont considérés d’exploitation plutôt difficile et plus de 30% qui ont une distance de débardage supérieure à 1000 mètres, contre 6% pour l’Auvergne et 14% en Rhône-Alpes. 80% de la surface de la forêt est privée et son morcellement ainsi que l’indivision empêchent la mise en place d’une gestion forestière efficace. La plupart des forêts publiques gérées par l’ONF sont à plus de 1000 mètres d’altitude et principalement peuplées de pins laricio alimentant la filière bois d’œuvre.
C’est dans la région la plus boisée de France que la filière bois est la moins importante au sein de l’économie. La filière bois est très peu développée en Corse, notamment à cause du très faible développement des activités industrielles telles que papier ou fabrication des meubles. L’activité forestière de l’île est, en très grande partie, due à la présence de l’ONF, qui n’a pas d’équivalent en France continentale.
En Corse, la filière bois est largement dominée par le bois d’œuvre. En deuxième position arrive le bois énergie, tandis que le bois industrie est très peu développé.
L’étude de l’Insee relevait en 2016 que « la production de sciage est de 7 000 m3, en régression de 25 % par rapport aux années précédentes suite à l’arrêt d’activité provisoire ou définitif de plusieurs scieries. »
Un plan de relance de la filière a toutefois été établi en 2015 pour une période de dix ans, entre l’Etat et la Collectivité territoriale de Corse. Il s’agit de développer la production par une gestion durable de la forêt ; de renforcer et moderniser le tissu des entreprises de la filière ; de valoriser, diversifier l’industrie du bois et innover en favorisant les solutions à plus forte valeur ajoutée et de dynamiser, animer et conforter la filière.
Le prochain article vous fera découvrir la forêt domaniale d'Orléans ainsi que les majestueuses forêts de Bretagne.