9 avr. 2021

Reconnaître le micocoulier de Provence

Bel arbre d'ornement et d'alignement, le micocoulier de Provence pousse facilement et produit du bois et des fruits recherchés.

Reconnaître le micocoulier de Provence

Cet arbre typique des paysages méditerranéens ne pousse pas à proprement parler en forêt, mais il est très répandu et fait un bel arbre d’ornement qui supporte bien la pollution et la sécheresse, tout en donnant des feuilles et des fruits comestibles. Son usage a été largement répandu par différents artisanats.

Caractéristiques du micocoulier de Provence

Le micocoulier de Provence (Celtis australis) est très répandu dans le Sud de la France et dans les pays méditerranéens. Il fait partie d’une assez vaste famille, car il a entre 60 à 70 cousins du genre Celtis que l’on rencontre familièrement dans les régions tempérées chaudes de l’hémisphère nord, soit en Europe méridionale, en Amérique et en Asie orientale et méridionale. Son cousin d’Amérique commence d’ailleurs à trouver sa place chez nous. 
Désormais rattaché à la famille des Cannabaceae par la classification phylogénétique, il était auparavant rangé parmi les Ulmaceae. Du cousinage de l’orme, il est donc passé à celui du chanvre et du houblon, ce qui n’a rien changé à son paysage ni à son mode de vie, il faut le dire. Ce sont là affaires de scientifiques sur lesquelles nous reviendrons un autre jour. 
Ce bel arbre atteint aisément les 30 mètres de hauteur qu’il peut d’ailleurs dépasser, et peut vivre multiséculaire. Vivant dans les régions plus fraîches, il reste en revanche un petit arbre
Son tronc, qui peut mesurer plus d’un mètre de diamètre, a une écorce lisse, grise, qui se fissure avec l’âge. 
Les branches du micocoulier de Provence que l’on appelle aussi micocoulier du midi, s’étirent en rameaux flexibles et pendants à leur extrémité. Les feuilles sont simples, alternes, ovales, dentées, asymétriques à la base et leur pointe est effilée. Partant de la base, elles ont trois nervures principales qui sont saillantes sur la face inférieure et rugueuses. De vert clair au début du printemps, elles prennent une teinte plus sombre de vert-gris au bout de quelques semaines. Elles font un peu penser aux feuilles de l’ortie, ce qui vaut au micocoulier le nom anglais de Nettle Tree

Fruits comestibles du Micocoulier de Provence

Au printemps, le micocoulier produit de petites fleurs vertes pollinisées par le vent et qui donnent alors des fruits comestibles. Ces drupes de 10 à 12 mm de diamètre que les oiseaux apprécient particulièrement s’appellent des micocoules. 
Elles sont également comestibles pour l’homme, qui les mange surtout mûres, lorsqu’elles ont pris une teinte noire virant au bordeaux. Riches en lipides, elles contiennent de bons acides gras. Elles sont très caloriques et l’on fait de l’huile de noyaux de micocoulier. 
Jeunes, les feuilles du micocoulier sont également comestibles. Tanniques, elles sont recommandées pour traiter les maux de gorge ou les diarrhées. 

Usages du micocoulier de Provence

Cet arbre à croissance rapide tolère bien la sécheresse mais il lui faut de la lumière avant tout, pour se développer. Il apprécie les sols humides bien drainés, sableux ou limoneux et même pauvres. Espèce méditerranéenne par excellence, elle était cultivée notamment pour la fabrication traditionnelle des fourches, la confection des manches d’outils, de fouets, de cravaches, de roues de charrettes, de cannes à pêche ou encore d’instruments de musique, grâce à son bois dur et souple
Bien qu’il ne soit presque plus utilisé pour la fabrication des outils traditionnels, le micocoulier est encore cultivé comme arbre d’ornement ou d’alignement dans de nombreuses communes du sud de la France. Aimant le soleil et résistant bien à la pollution, il est d’un usage très intéressant dans les villes. 
Son cousin de Virginie Celtis Occidentalis commence à s’implanter sous nos latitudes car il supporte mieux les grands froids que le micocoulier de Provence. En revanche, il s’étale davantage et a besoin de plus d’espace, ce qui fait qu’il est surtout intéressant dans les parcs. 
Aujourd’hui, le micocoulier de Provence est encore le plus répandu même dans des villes comme Paris où l’on en trouve plus de 4000 ou Bordeaux, où il atteint près de 700 individus. En Provence, il remplace parfois les platanes malades que l’on est contraint d’abattre. 

Micocoulier de Provence remarquable et vénérable

Dans le village de Fox-Amphoux dans le Var se trouve sans doute le plus vieux micocoulier de tout le pays, dont le tronc mesure plus de cinq mètres de circonférence et auquel on donne l’âge vénérable de quelque 470 ans, puisqu’il aurait été planté en 1550, peu après la mort de François Ier. Cet arbre, si nous savions communiquer avec lui, aurait tant de choses incroyables à nous raconter !
Mais c’est un de ses cousins, pourtant plus jeune, presque un paltoquet en comparaison, qui a été labellisé Arbre remarquable en 2016. Ce micocoulier a poussé d’étrange façon dans le cimetière de Terre Cabade à Toulouse, serré entre deux tombeaux de belle taille qu’il garde de son ombre et unit dans le même temps tout contre ses reins. 
La nature est bel et bien un patrimoine à protéger !
 

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