31 mai 2022

La buse variable a besoin des forêts

Rapace commun de nos pays tempérés, la buse variable niche aux lisières des forêts et chasse dans les plaines et les prairies.

La buse variable a besoin des forêts

Rapace diurne commun de nos régions, la buse variable a reconstitué ses populations depuis qu’elle est protégée en France. Alliée des agriculteurs, pour la raison qu’elle est friande de petits rongeurs, elle demeure toutefois braconnée. Cette habitante des arbres a besoin de forêts à proximité des champs et prairies où elle chasse, pour installer sa nichée. Prendre soin de nos forêts, c’est aussi permettre à la faune sauvage de vivre.

Comment reconnaître une buse variable ?

Ce qu’il y a de variable chez Buteo buteo n’est pas le caractère mais le plumage. S’il est admis que les individus de cette espèce vivant dans les contrées du nord sont plus pâles que leurs congénères du sud, ce n’est qu’une généralité, laquelle souffre bien entendu des exceptions. Ajoutons à cela la migration des populations du nord vers le sud du continent eurasiatique et jusqu’au sud de l’Afrique pour certaines, nous comprendrons la difficulté, même pour les ornithologues, de reconnaître la buse variable à son plumage. Néanmoins, celui-ci va d’un blanc presque pur à un brun foncé quasiment uniforme, toutes les variantes et tous les stades intermédiaires imaginables étant possibles. 
De silhouette massive, notamment chez la femelle qui, en raison d’un dimorphisme sexuel, se trouve plus imposante et d’une envergure plus grande que les mâles, les parties supérieures de son plumage sont de couleur relativement uniforme. Sur la tête, l’oiseau montre souvent un sourcil pâle et comme une moustache brune oblique sous l'œil. Sa gorge est de couleur blanche striée de brun tandis que le haut de sa poitrine est brun tacheté de blanc. La queue s’achève par une large barre brune, le reste étant plutôt blanc. 
L’iris de son oeil est de couleur brun-noisette, son bec noir et la cire (membrane entourant les narines) bien jaune, les narines arrondies. Les pattes sont du même jaune. 
Lorsqu’elle vole, la buse variable buteo buteo semble compacte et comme ramassée sur elle-même. Sa tête est grosse et la fait paraître sans cou. Ses ailes sont moins longues que chez d’autres buses, larges sur toute la longueur et terminées par 5 doigts noirs qui se distinguent nettement. La queue est moins longue que la largeur de l’aile. 
Elle pousse des cris qui ressemblent à un miaulement plaintif de deux secondes, le plus fréquemment en vol, mais aussi parfois juchée sur un piquet ou un arbre. Le geai des chênes est capable d’imiter parfaitement son cri, sans doute pour s’en protéger.

La buse variable est un oiseau forestier

Moins forestier que l’autour des palombes qui chasse même en pleine forêt et aime les bois denses, buteo buteo a pourtant besoin de la proximité des bois. C’est dans un arbre, à huit mètres de hauteur minimum, parfois beaucoup plus haut, que le rapace niche. Le couple, qui s’est formé au début du printemps, à l’issue d’une parade nuptiale spectaculaire, installera plusieurs nids qu’il utilisera en fonction des intempéries. Cet oiseau forestier de la famille des accipitridés cherche, plus que les forêts compactes, les lisières forestières, les bois ouverts, les écotones, les clairières, les bosquets giboyeux, les ripisylves, les haies arborées ou les plantations équiennes. Pour le reste, qu’il s’agisse de forêt de feuillus, de résineux ou d’un bois mixte, peu importe à Madame la buse tant qu’elle peut trouver sa pitance. Celle-ci se compose de petits mammifères, de petits oiseaux, de rongeurs tels les campagnols (sa proie favorite), en quoi elle se montre un précieux auxiliaire pour les agriculteurs, au même titre que le renard roux, mais aussi de lombrics dont il lui arrive de faire grand festin. Opportuniste comme beaucoup de prédateurs, il lui arrive même de se nourrir de charognes, attirée par les rassemblements de corbeaux. Elle se nourrit parfois également de reptiles et d’amphibiens.
C’est lors de ces festins de vers de terre qu’il est possible d’observer ce rapace de taille moyenne, d’ordinaire solitaire, se régalant en groupe. A l’inverse des milans, les buses variables n’ont pourtant pas l’instinct grégaire. Pour chasser, elles peuvent passer de longs moments juchées sur des piquets, des poteaux ou des branches d’arbres ou encore, quand les conditions météorologiques le permettent, en vol plané, avant de piquer très rapidement sur leur proie qu’elles déchiquettent directement au sol ou ramènent dans le nid.

Répartition géographique, nidification et protection de la buse variable

On trouve la buse variable presque partout de l’Atlantique à la Sibérie centrale et jusqu’au nord de la Scandinavie. Lorsque la saison froide arrive, les oiseaux les plus septentrionaux migrent vers le sud-ouest de l’Europe, notamment au nord des Pyrénées. C’est ainsi qu’au cœur de l’hiver, près de 30% de la population de buses variables de France est d’origine étrangère. La sous-espèce vulpinus, elle, trouve refuge en Afrique, alors que la majorité de sa population vit en Russie. 
Vers la fin février commence la période de reproduction. Après avoir effectué sa parade nuptiale, le mâle et la femelle conçoivent un ou des nids, toujours dans des arbres, près de zones de chasse, ainsi de préférence aux lisières des forêts. Le nid est construit à la fourche d’un arbre ou sur une grosse branche qui apporte protection. Il peut atteindre un mètre de diamètre. La femelle pond 2 à 4 œufs à deux jours d’intervalle et l’incubation dure 35 jours. Le mâle est chargé du ravitaillement et les petits passeront deux mois dans le nid sous la protection des deux parents, avant de pouvoir prendre leur envol, mais encore deux mois de plus avant de quitter le nid. 
Cette espèce de rapace diurne est la plus commune dans les régions où les forêts côtoient des espaces de chasse ouverts. Elle n’est plus menacée de disparition en France ; on note toutefois que sa population y est stable, alors qu’elle augmente dans les autres pays européens. Depuis 1972, elle bénéficie de la protection légale accordée aux rapaces. Elle reste toutefois sporadiquement victime de braconnage et d’accidents.

Cette espèce a été identifiée dans la forêt de Monceaux-sur-Dordogne que nous avons récemment acquise et qui sera entièrement dédiée à la protection de la biodiversité.
 

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