8 déc. 2019
Il est urgent de prendre la mesure des risques climatiques
La RSE ne peut pas être une stratégie de petite ampleur visant à se donner bonne conscience.
La RSE ne peut pas être une stratégie de petite ampleur visant à se donner bonne conscience. Le temps n’est plus à tergiverser ou aux mesurettes. Les effets du changement climatique sont patents et il faudrait être aveugle pour refuser de les voir. Ceux qui continuent de se voiler la face écouteront-ils les assureurs et réassureurs, à défaut d’entendre les écologistes et les scientifiques ? Car c’est aujourd’hui l’industrie de la (ré)assurance qui tire le signal d’alarme. Si les catastrophes climatiques s’amplifient, nous ne trouverons plus personne pour assurer les risques. Agissons maintenant.
Changement climatique : les (ré)assureurs à la manoeuvre
Denis Kessler l’assure dans Les Echos : « pour les assureurs et les réassureurs, le changement climatique n'est plus une hypothèse. C'est une certitude. » Et l’on peut en croire le P-D.G de Scor, quatrième groupe mondial de réassurance. Car, ainsi qu’il l’explique, les assureurs et réassureurs sont aux premières loges « pour assister à la multiplication des événements liés au réchauffement de la planète : tornades, typhons, ouragans, feux de forêt, inondations, sécheresses… » Ceux qui payent les pots cassés constatent non seulement une multiplication des catastrophes naturelles mais aussi une hausse continuelle de leur gravité. Plus meurtriers, plus destructeurs, ils pourraient finir par déprimer tout à fait le marché. Que se passera-t-il lorsque plus aucune société ne pourra payer l’addition ?
Pour qui sonne le glas ?
« N’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi. » Ce sont ces vers du poète anglais John Donne que l’écrivain américain Ernest Hemingway place en exergue de son roman Pour qui sonne le glas. Aucun de nous, aujourd’hui, ne peut se demander qui le réchauffement climatique concerne : il nous concerne tous. « Si la mer emporte une motte de terre, l’Europe en est amoindrie ».
Cela fait des années, écrit Denis Kessler, que l’industrie de la (ré)assurance sonne le glas, tentant d’alerter les pouvoirs publics et l’opinion « sur l'aggravation de tous les risques associés au changement climatique. » Cette industrie aurait déjà pris des mesures « en matière de souscription et d'investissement pour contribuer à la lutte contre le changement climatique et promouvoir la transition énergétique. »
Elle souhaite également que ses assurés prennent leurs responsabilités en réduisant leurs émissions de carbone. Pour cela, elle appuie sur deux leviers menaçants : les sociétés qui ne font pas d’effort substantiel pour réduire leur empreinte carbone perdront in fine leur couverture assurantielle. Deuxio, le secteur de la (ré)assurance cesse d’investir son argent dans des sociétés qui contribuent au réchauffement climatique.
RSE : ne pas se payer de mots
Ceux qui pensaient s’en tirer à bon compte en déléguant une infime proportion de leur budget à la politique RSE de leur entreprise sans rien faire de notable pour réduire leur impact carbone en seront pour leurs frais. Tôt ou tard, ils en paieront le prix, et le feront payer à toute l’espèce humaine. Car la Terre, n’ayons aucun doute là-dessus, se remettra très bien des événements climatiques. L’être humain, beaucoup moins bien.
Il est temps que chacun agisse pour réduire la pollution qu’il émet. Nous ne pouvons pas attendre que les Etats ou l’Union européenne prennent toutes les décisions. Tous, nous sommes partie prenante de ce qui se passe sous nos pieds et sur nos têtes. Car tôt ou tard, si nous n’agissons pas, les (ré)assureurs se désinvestiront et les Etats n’auront pas les épaules assez larges pour payer les dommages causés par notre mode de vie.
Sommes-nous prêts à voir nos primes d’assurance augmenter constamment ou préférons-nous prendre, chacun, notre part de responsabilité ? Il est temps que les entreprises regardent en face leur bilan carbone, et qu’elles prennent de vraies mesures pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre.