12 févr. 2020

Le coût écologique et financier du réchauffement climatique

Le rapport publié par l’Agence Européenne pour l’Environnement dévoile les effets concrets du changement climatique en France d’ici à la fin du siècle.

Le coût écologique et financier du réchauffement climatique

Le rapport publié par l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) dévoile les effets concrets du changement climatique en France d’ici à la fin du siècle. Montée des eaux, perte de rendement des cultures, villes portuaires submergées, feux de forêts et sécheresses. Il est encore temps d’agir, mais le coût sera élevé.

La question n’est pas d’être alarmiste, seulement de regarder les choses en face. Le Monde a publié les cartes inédites de l’AEE, qui présentent les conséquences du dérèglement climatique en France dans les décennies à venir. En se fondant sur le scénario le plus sombre envisagé par les experts du GIEC, ces cartes montrent des villes telles que Le Havre sous l’eau. Rapport le plus complet jamais réalisé sur ce sujet, il démontre la fragilité de la France qui présente la plus vaste façade portuaire d’Europe, et donne quelques préconisations.

Le coût écologique du réchauffement climatique

L’AEE a calculé la durée et la fréquence des épisodes de pluies torrentielles qui pourraient survenir dans les dernières décennies du siècle, en partant du principe que le réchauffement pourrait être de 4° d’ici à 2100. L’intensité des précipitations hors normes sera ainsi supérieure de 35% à ce qu’elle fut entre 1971 et 2000 dans le centre et l’est de l’Europe, un peu moindre au Sud du continent.
Dans le même temps, la sécheresse gagnera du terrain et le nord-ouest de la France sera lui aussi touché par de fortes canicules. Les régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine seront encore davantage touchées par les épisodes caniculaires. Ainsi, les feux de forêt devraient se multiplier et risquent de toucher toute la France d’ici à la fin du XXIe siècle. Selon les données de l’AEE, le risque d’incendie pourrait croître de plus de 40% dans la moitié sud de la France, et de 10 à 20% au nord de la Loire où il est aujourd’hui insignifiant.

Le coût financier du réchauffement climatique

La sécheresse qu’accompagneront les inondations récurrentes en France aura un coût économique non négligeable. L’agriculture française devrait durement souffrir de l’assèchement du pays, entraînant une baisse du revenu des exploitants de toutes les régions, exceptées dans le Limousin, le Sud-Est de la France et la Corse. L’Ile-de-France, où la terre est la plus fertile du pays, pourrait être fortement touchée et les revenus agricoles diminuer de 10%.
A quoi, il faut ajouter les sommes colossales que coûtent de vastes inondations, de puissantes sécheresses, et des feux de forêt de plus en plus difficiles à maîtriser.

Il est encore temps d’agir pour le climat

Il faut donc anticiper, et il n’est pas encore trop tard, comme l’a expliqué le groupe d’experts intergouvernemental. Le niveau des océans montera inexorablement et nous allons connaître des records de chaleur d’ici à la fin du siècle. Mais il n’est pas encore trop tard pour limiter la hausse des températures et contenir l’impact négatif du dérèglement climatique. Ne serait-ce que d’un point de vue économique, il est préférable d’agir maintenant que de payer les pots cassés, dont le prix sera nécessairement exorbitant.
Pour commencer, l’agriculture doit s’adapter au changement climatique en développant des cultures plus résilientes. De cette manière, les revenus des exploitants agricoles pourraient augmenter de 5% dans la majorité des régions françaises, plutôt que de diminuer.
De la même manière, il faut que les forêts soient gérées et exploitées intelligemment, dans une optique de résilience, en adaptant les essences aux modifications climatiques et en veillant à réduire le nombre de forêts non entretenues pour éviter le plus possible de faire face à des feux de forêts. C’est à une mobilisation inédite que nous sommes invités, qui sera, espérons-le, soutenue par la Commission européenne, laquelle a fait du “green deal” sa priorité, et qui dévoilera début mars sa loi climat. L’objectif est la neutralité carbone d’ici à 2050. Nous sommes tous invités à y contribuer, et les forêts ont bien sûr un rôle de tout premier plan à y jouer.

 

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