19 juin 2019
Agroforesterie et viticulture : un mariage vertueux
L’alliance de la vigne et de l’arbre n’est pas nouvelle et l'agroforesterie orientée vers la viticulture met à profit une belle symbiose.
L’alliance de la vigne et de l’arbre n’est pas nouvelle. Il s’agit plus précisément d’une redécouverte et d’une adaptation de techniques ancestrales, poussée par le développement des sciences. Les arbres sont une aide tout à fait précieuse pour les viticulteurs, à condition d’agir patiemment et méticuleusement, comme le montrent certaines expérimentations.
Qu'est-ce que l'agroforesterie ?
Rappelons que l’agroforesterie a pour principe l'association d'une production agricole à des plantations sylvicoles. Elle s’inscrit dans une démarche d’intensification écologique des pratiques agricoles. Faire pousser des arbres en combinaison avec des cultures, des surfaces fourragères et des élevages permet de combattre l’érosion, de préserver l’humidité du sol et de recycler les éléments nutritifs, tout en réduisant l’incidence de l’agriculture sur l’environnement.
Les avantages de l’agroforesterie en contexte viticole
On observe trois avantages majeurs à mener une pratique agroforestière en viticulture. Toutefois, celle-ci est encore assez peu mise en place, faute d’exemples. Car il ne s’agit pas de planter n’importe quelle essence d’arbre n’importe où. Il est impératif d’étudier auparavant les sols et de savoir quels cépages complanter avec quels arbres. De la même manière, les études menées, notamment par le projet VITOREST dans le Bordelais, le Cahors et les Côtes de Gascogne ont démontré que la distance de plantation des arbres variait en fonction du sol, de la vigne, et de l’essence. C’est tout un art de savoir à quelle distance planter les arbres et combien d’années il faudra attendre pour que les vertus de l’agroforesterie se fassent connaître. Mais c’est ce qui rend cette pratique si riche et si intéressante.
Avantages sociétaux
Sur un plan sociétal, cette pratique répond à la demande croissante des consommateurs d’acheter des produits de qualité, dont l’impact environnemental soit minimal. Nous savons qu’aujourd’hui certains consommateurs se nomment eux-mêmes « consommacteurs », pour montrer que leurs achats et leur mode de consommation tiennent compte de la manière dont les denrées sont produites et acheminées. Plus largement, c’est un mouvement de société global, qui n’est pas près de s’arrêter. Nous avons un besoin immense, aujourd’hui, que les choses que nous faisons ou que nous consommons aient du sens et soient incluses dans une spirale vertueuse.
Avantages environnementaux
Sur un plan environnemental, la présence d’arbres au sein d’une parcelle de vignes permet de maintenir ou de favoriser le retour de la biodiversité (oiseaux, insectes, reptiles, micromammifères, lombrics, etc). Elle accroît la capacité de stockage du carbone et limite la perte d’azote par lixiviation (phénomène chimique de dissolution des particules via le ruissellement de l’eau). Les arbres permettent également de réguler le climat et jouent un rôle de correcteur de températures. Ils peuvent avoir un effet limitant sur les gelées et les sécheresses, notamment grâce à l’évapotranspiration. Ils ont également une fonction de brise-vent. S’agissant de haies, elles participent à limiter les dérives aériennes de produits phytosanitaires.
Avantages économiques
Sur un plan économique, certaines associations d’arbres et de vignes ont permis d’observer un gain de productivité de biomasse. Par ailleurs, la valorisation de certaines essences d’arbres précieuses permet d’accroître, sur le long terme, la valeur ajoutée de la production. Le viticulteur récoltera également du bois, et/ou des fruits. Il faut évidemment prendre en compte les coûts de plantation, de traitement et de récolte, mais au bout du compte, si l’entreprise est bien menée, c’est un pari gagnant.