15 janv. 2020
Tout savoir sur le charme commun
Le charme est courant dans nos forêts et peut être confondu avec le hêtre auquel il ressemble, mais nous vous donnons l'astuce pour ne plus vous tromper.
Arbre de taille moyenne, aux feuilles d’un vert tendre, au tronc sculpté comme un Michel-Ange, le charme est très répandu dans nos forêts. Souvent confondu avec le hêtre qui n’est pourtant pas de la même famille, comment le reconnaître et quelles sont ses particularités ?
Le charme d’Adam
Carpinus betulus, charme commun en langue vernaculaire, appartient à la famille des Bétulacées, tout comme les aulnes, les bouleaux ou les noisetiers. Pourtant, son aspect le fait régulièrement confondre avec le hêtre, qui entre dans la classification des Fagaceae, où il cousine le chêne et le châtaignier. Il existe un moyen mnémotechnique assez simple de différencier les deux arbres : « le charme d'Adam, c'est d'être à poil ». Les feuilles du charme sont à dents, tandis que celles du hêtre sont à poils.
En hiver, on peut différencier les deux espèces à leurs bourgeons, ceux du charme étant moins longs et moins pointus que ceux du hêtre qui piquent, étant plus rigides.
Caractères descriptifs du charme
De taille moyenne, le charme commun peut mesurer jusqu’à 20 mètres de haut. La caractéristique de son tronc est d’être cannelé, on le dirait formé de muscles saillants, longs et légèrement sinueux. Ces cannelures sont assez ténues chez les jeunes sujets, mais très marquées chez les plus vieux. L’écorce gris verdâtre du charme est généralement parsemée de taches blanchâtres dues à la présence de lichens. Elle demeure lisse et mince, même avec l’âge. Son houppier est dense et lorsque le sujet est isolé et en pleine lumière, il porte un feuillage épais d’un très beau vert clair.
Les feuilles sont ovales, alternes, doublement dentées et gaufrées. Sur la face inférieure, elles sont légèrement pubescentes. C’est une espèce à feuilles caduques marcescentes, une partie du feuillage reste sur les branches de l’arbre tout l’hiver, et ne tombe qu’à la poussée de sève printanière. Les feuilles du charme ont la réputation de donner un humus noble.
Les fleurs, en chatons, apparaissent dans le même temps que les feuilles. Les chatons mâles sont cylindriques, tandis que les chatons femelles sont plus grêles. Ils donnent des grappes de fruits appelés akènes fixés sur une bractée à trois lobes. Ils sont à maturité à la fin de l’été et donnent alors des samares qui permettent aux graines d’être répandues par le vent.
Tempérament et exigences stationnelles du charme commun
Le charme commun est une essence collinéenne, assez envahissante, que l’on trouve dans les forêts d’Europe centrale jusqu’à 1000 mètres de hauteur. Essence d’ombre ou de demi-ombre, elle se développe souvent en taillis sous futaie, notamment en association avec des chênes, mais a besoin d’étés chauds pour que ses graines arrivent à maturité. Elle croît lentement sur des sols assez acides à basiques, secs à frais. On ne la trouve pas sur les sols trop acides ou détrempés. Elle est résistante au froid, et sa longévité n’est pas très grande, vivant jusqu’à 150 ans environ.
Cette essence rejette vigoureusement de souche, d’où son traitement sylvicole en taillis ou taillis sous futaie. Traité de cette manière, elle bénéficie largement au chêne par la protection qu’elle apporte au sol, la qualité de l’humus qu’elle produit et l’élagage naturel qu’elle favorise.
Usages du bois de charme
Jadis beaucoup utilisé pour produire du bois de chauffage, il ne représente plus que 6% environ des arbres forestiers de France, les taillis ayant tendance à disparaître au profit des futaies. La sylviculture l’utilise de moins en moins, en raison de la lenteur de sa croissance. Le charme reste toutefois l’un des meilleurs bois de chauffage, au fort pouvoir calorifique et à la combustion lente et régulière.
Il est encore utilisé pour la fabrication de pâte à papier, de pièces de jeux, de manches d’outils, ou de panneaux, mais très peu en menuiserie car son tronc est trop peu régulier.
Les haies de charmes appelées charmilles ont eu leurs heures de gloire et tendent à retrouver leurs lettres de noblesse. C’est en effet une essence qui supporte bien la taille régulière et qui donne un feuillage vert clair très dense. Assez facile à sculpter, on peut lui donner toute sorte de formes et son feuillage jaune d’automne est une merveille pour les yeux.
Le charme est ainsi principalement devenu de nos jours un arbre d’ornement, bien qu’il soit encore utilisé en gemmothérapie. Le macérat de bourgeons de charme a ainsi une action complexe sur le sang. Antihémorragique, il augmente le nombre de plaquettes ainsi que leur qualité, favorisant une bonne coagulation. Son action est également bénéfique sur le foie en diminuant le cholestérol, ou pour traiter les affections respiratoires.