2 juil. 2020
Sibérie : un record de chaleur qui en dit long sur le réchauffement climatique
Les records de température enregistrés ces derniers jours en Sibérie orientale sont très probablement un effet du changement climatique.
Les records de température enregistrés ces derniers jours en Sibérie orientale sont très probablement un effet du changement climatique. Les températures les plus chaudes jamais enregistrées font craindre, à moyen terme, une hausse des émissions de gaz à effet de serre, car la région arctique est cruciale pour le stockage du CO2. Or, bien des événements climatiques dûs aux activités humaines menacent cette vaste région du globe.
Quand le thermomètre affiche 38°C en Sibérie
C’est le jour le plus long de l’année, samedi 20 juin 2020, que la ville de Verkhoïansk, au nord de la Sibérie, a enregistré une température record de 38°C. Jamais une température si haute n’avait été relevée au-delà du cercle polaire. Ce ne sont pas moins que 17°C de plus que la normale de saison, dans une région du Nord de la Sibérie habituée aux températures extrêmes. Verkhoïansk a en effet la réputation d’être le lieu le plus froid de l'hémisphère Nord, qui a enregistré un record à -67,8 °C en février 1892. Le climat hypercontinental absolu de cette région explique ces écarts de températures extrêmes, bien que l’on atteigne cette fois un nouveau record, celui du plus grand écart de températures au monde, avec une amplitude de 105,8°C.
L’effet du réchauffement climatique
Ce record de température, qui reste à valider définitivement, mais qui en dit toutefois long sur un phénomène qu’il faudrait être bien aveugle pour refuser de voir, est un effet direct de l’augmentation de la température mondiale, à cause du réchauffement climatique. L’année 2020 a effectivement commencé par cinq mois de très grande chaleur comparativement aux normales de saison, si bien que la Russie devrait connaître son année la plus chaude de toute l’Histoire moderne.
Météo France explique qu’au XXe siècle, la température moyenne de la Terre a augmenté d’un peu moins d’un degré, et que le climat mondial est parti pour continuer de se réchauffer au cours des prochaines décennies. Ce réchauffement des températures n’est toutefois pas homogène, l’Arctique étant la région du globe la plus touchée, si bien que les températures y augmentent deux fois plus vite qu’ailleurs. Cela n’est pas sans nous interpeller.
Les catastrophes se multiplient en Sibérie, libérant d’énormes quantités de CO2
Après de gigantesques incendies ayant détruit des millions d’hectares de forêts en Sibérie l’été dernier, cette région du monde, si importante pour la régulation du climat et l'absorption de gaz à effet de serre, connaît un enchaînement d’événements catastrophiques. Non seulement l’hiver y a été le plus chaud des 130 dernières années (lorsque les températures ont commencé à être relevées), mais d’autres accidents ont été provoqués par cette hausse soudaine des températures. A la fin du mois de mai, un réservoir de carburant s’est effondré dans une centrale thermique de Norilsk, relâchant 21 000 tonnes de gasoil dans la rivière et dans toutes la nature environnante. L'entreprise responsable du dépôt estime que l’on doit cet accident au dégel du permafrost, ce sous-sol des régions arctiques et sibériennes qui reste normalement gelé toute l'année, dégel qui a provoqué l'effondrement des piliers soutenant la structure.
Dans les régions les plus au Nord de la Russie, la fonte précoce du manteau neigeux laisse surgir une végétation et un sol desséchés, faisant craindre de nouveaux et dramatiques incendies. Plus d’un million d’hectares de forêts boréales sont déjà parties en fumée depuis deux mois, et le chef du laboratoire de surveillance des forêts du département sibérien de l'Académie russe des sciences estime que les feux de forêts y ont doublé en dix ans.Il craine que ce soit encore pire à l’avenir. Or, les forêts boréales retiennent normalement d’immenses stocks de dioxyde de carbone et de méthane, deux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique mondial.
Il est urgent de maîtriser le changement climatique
Dans le Sud de la région, ce sont des pluies diluviennes qui ont entraîné l’évacuation des populations autochtones près du Lac Baïkal. Concomitamment, ces températures plus chaudes que la normale ont provoqué l'explosion de la population des chenilles d'une espèce de papillon sibérien, le Dendrolimus sibiricus, une vermine ravageuse, capable de dévorer le feuillage d'un pin géant en quelques heures. L’insecte défoliateur rend ainsi les forêts plus vulnérables aux incendies. Par ailleurs, depuis le début des années 2000, le coléoptère Scolytinae s’est installé dans cette région au fur et à mesure que les températures se font plus clémentes, s’attaquant lui-même aux arbres.
Ce sont également de nouvelles espèces d’oiseaux et d’animaux qui remontent lentement vers le cercle polaire où les steppes verdissent, les lacs se réchauffent et la nature se fait plus accueillante, pour eux. Malheureusement, ce ne sont pas de bonnes nouvelles, car les écosystèmes sont modifiés trop rapidement par une hausse des températures accélérées, mettant en péril l’équilibre précaire d’une biodiversité particulière.
Nous devons agir de toute urgence, car les forêts boréales de Sibérie sont un levier très puissant pour contenir le réchauffement climatique. Mais dès lors que le réchauffement commence par ces régions, comment parvenir à l’endiguer ? Il nous revient, à notre échelle, de réduire notre impact carbone et de tout mettre en oeuvre pour remédier à ce qui pourrait bien être un désastre planétaire, si nous ne prenons pas rapidement les mesures qui s’imposent.