27 avr. 2021
Qu’est-ce que l’essaimage chez les abeilles ?
Au printemps, les essaims d'abeilles se divisent pour se multiplier et augmenter leurs chances de survie : c'est le phénomène d'essaimage.
Phénomène remarquable à tous points de vue, l’essaimage se produit régulièrement au printemps, menant une partie des abeilles domestiques à quitter leur ruche pour fonder une nouvelle colonie. Comment expliquer cela ?
En mai, l’abeille fait ce qui lui plaît
C’est généralement en avril que les essaimages commencent, mais au mois de mai que tous les essaims sont disposés à partir et s’installer dans une nouvelle ruche naturelle ou artificielle. Parce que les abeilles sont très dépendantes des conditions météorologiques, elles ne quittent la ruche pour former un nouvel essaim que par une belle après-midi ensoleillée, après avoir empli leur estomac de toute la nourriture qu’elles pouvaient ingurgiter pour être prêtes à se passer de ruche pendant trois jours, s’il le faut.
Il arrive malheureusement que certains essaims se divisent pour aller former une nouvelle colonie trop tôt et soient surpris par une pluie ou un froid subit. Alors, le nouvel essaim ne survivra pas, n’ayant pas trouvé d’abri à temps. Les modifications climatiques que nous connaissons ces dernières années sont propices aux départs prématurés d’abeilles en quête d’une nouvelle maison, alors que trop peu de fleurs sont encore à même de les nourrir.
Essaimage artificiel ou naturel : une affaire d’apiculture
L’essaimage est un phénomène qui se produit naturellement dans une colonie d’abeilles. Cela permet à la fois une régénération et une multiplication de la population d’abeilles. Ainsi, même à l’état sauvage, celles que l’on appelle abeilles domestiques essaiment. Mais l’apiculteur, qui favorise la vie des abeilles et en récolte le miel, a tout intérêt à anticiper l’essaimage printanier pour tenter de capturer un essaim et pourvoir une nouvelle ruche.
Les essaims artificiels ainsi formés ne sont pas de moindre qualité, bien au contraire, et permettent de protéger les populations d’abeilles dont nous savons qu’elles sont malheureusement en baisse et largement menacées de nos jours. Il s’agit alors, pour l’apiculteur, soit de provoquer lui-même l’essaimage en participant à la naissance de nouvelles reines qui régénèreront le cheptel, soit de capturer à temps l’essaim, avant qu’il ne s’installe. Car lors de l’essaimage de printemps, les abeilles peuvent passer jusqu’à trois jours dehors avant de trouver où s’installer définitivement.
Comment se passe un essaimage ?
Lorsque les abeilles sentent que la miellée ne va pas tarder et qu’il est temps qu’une partie de l’essaim quitte la ruche pour aller fonder une nouvelle colonie, la fièvre d’essaimage s’empare d’elles. Quand les conditions météorologiques sont propices, au cours du printemps voire au début de l’été, le couvain (les œufs en développement) est à son apogée. La population d’abeilles devient alors trop importante pour la ruche et il est temps que la vieille reine cède la place à une jeune reine.
Cette première émet moins de phéromones, ce qui donne le signal aux abeilles qu’elles peuvent élever de nouvelles reines. Elles bâtissent des cellules royales, plus grosses que les cellules normales et construites à la verticale, tandis que les cellules accueillant les abeilles mâles, les ouvrières ou destinées au stockage du miel et du pollen sont horizontales.
Enfin, le manque de place pour pondre et le ralentissement de la ponte par la reine font que le couvain operculé (qui abrite les nymphes) occupe plus de place que le couvain ouvert (qui abrite oeufs et larves). Le rapport est alors inversé, l'essaim part.
Chacune des abeilles qui part s’est gavée de miel et lors de l’essaimage primaire, la moitié de l’essaim présent dans la ruche la quitte définitivement, suivant et entourant la reine qui a cessé de se nourrir quelques jours auparavant pour perdre du poids et réussir à voler. Ce nouvel essaim se pose généralement sur un arbre ou un poteau en prenant la forme d’une grappe ou d’une boule grouillante, toutes les abeilles formant corps autour de la reine qu’il faut absolument protéger. Pendant ce temps, quelques abeilles partent en reconnaissance pour trouver un lieu où s’installer. S’il arrive de voir un essaim en transit comme cela, il faut penser à prévenir un apiculteur du voisinage qui se fera toujours une joie de le récupérer. Cela évite généralement que le nouvel essaim s’installe sous une toiture ou dans une cheminée, risquant d’être la proie des frelons asiatiques ou de l’activité des hommes. Recueillir des essaims dans des ruches, ce n’est pas uniquement rendre possible la récolte du miel et de tous les produits de la ruche aux si grands bienfaits, mais aussi protéger les abeilles et leur donner plus de chances de vivre et de se multiplier.
C’est ce qu’a fait Benoît Moreau dès qu’il a vu un très grand essaim se poser dans son jardin de Bretagne.