15 févr. 2021
A Munich, l’eau potable vient des forêts
Depuis 140 ans, la ville de Munich est approvisionnée en eau potable grâce à une forêt qu’elle administre et gère de manière écologique.
Depuis 140 ans, la ville de Munich est approvisionnée en eau potable grâce à une forêt qu’elle administre et gère de manière écologique. Ce sont ainsi près d’un million et demi de personnes qui bénéficient d’une eau pure, filtrée par une forêt, et qui ne nécessite aucun traitement.
D’où vient l’eau du robinet à Munich ?
A Munich, capitale de la Bavière, l’eau du robinet provient de trois zones d’approvisionnement des Préalpes : la vallée de Mangfall, la plaine caillouteuse de Munich et la vallée de Loisach.
C’est à la fin du XIXe siècle que la municipalité a acquis des terres afin de maîtriser la gestion des espaces boisés de ces bassins d’approvisionnement, dans le but de gérer son approvisionnement en eau potable.
La décision a été prise en 1873, et cinq ans plus tard, l’eau du Mangfall arrivait à Munich, donnant le coup d’envoi d’une gestion de l’eau potable résolument moderne et tournée vers l’avenir. La vallée en question se situe à 40 km au Sud de la ville, et la surplombe d’une centaine de mètres.
Plus tard, il a fallu trouver de nouvelles zones de captage pour répondre à la hausse de la demande, consécutivement au développement économique et démographique de la ville. Cinq nouveaux points de captage ont donc été développés dans la plaine caillouteuse située à l’Est de Munich.
Comment l’eau potable de Munich est-elle traitée ?
Au cours du XXe siècle, afin d’étendre ses possibilités d’action sur la qualité et l’approvisionnement de l’eau, la ville de Munich a acquis des terres boisées et des terres agricoles du bassin de Mangfall. A la suite de la première guerre mondiale, elle fit notamment l’acquisition de nombreuses terres laissées en déshérence.
Plantant des centaines d’hectares de terres d’épicéas, de mélèzes du Japon et de feuillus tels que l’érable, l’orne, le frêne et l’aulne, la municipalité a misé sur le rôle épurateur des forêts pour fournir l’eau potable à ses administrés.
Plus tard, à la fin du XXe siècle, le service des eaux de Munich a développé un programme incitatif destiné à convertir à l'agriculture biologique les exploitations agricoles situées dans les zones d’influence des captages de l’eau. Beaucoup d’agriculteurs y ont répondu favorablement, gérant des centaines d'hectares selon les critères stricts de l'agriculture biologique.
Appuyée par une gestion forestière douce des boisements forestiers, et une généralisation de l’agriculture biologique sur les terres agricoles, cette politique d’approvisionnement en eau de la ville de Munich répond à bien des principes du développement durable. Cela montre l’importance d’une gestion forestière et agricole sur le long terme et confirme combien la prévention est moins dispendieuse en deniers publics qu’une politique curative.
Car il est démontré que le coût d’entretien des forêts qui entourent les zones de captage de l’eau est bien moindre que le coût engendré par une filtration artificielle de l’eau. Le bois des forêts étant vendu lorsque les arbres ont atteint leur maturité, les sommes que rapportent ces ventes suffisent à payer le personnel qui les entretient dans la forêt principale. Dans les autres, le surcoût est quasi insignifiant, ramené au nombre d’habitants qui financent l’eau potable.
Quel rôle joue la municipalité de Munich dans la gestion forestière ?
Sur une forêt de quelque 5000 hectares, plus de 1500 sont ainsi directement gérés par le service forestier de la ville pour le service de l’eau. Afin de conserver la qualité de l’eau potable distribuée aux habitants de Munich, trois grands axes ont été privilégiés. La ville a mis en œuvre le boisement de terres agricoles, car les arbres sont des filtres et des épurateurs naturels de l’eau de pluie.
Ensuite, la municipalité a travaillé à la reconstitution d’une forêt “naturelle” et d’un humus assez dense et de bonne qualité pour servir de filtre biologique. Enfin, les services municipaux ont misé sur l'utilisation des écosystèmes feuillus pour capter plus d’azote dans l’eau, étape nécessaire à l’assainissement de l’eau.
Pour accroître les réserves en eau et limiter les pertes, la municipalité a mis en place un entretien des lisières ainsi que des strates herbacées et arbustives. Enfin, elle procède à une sélection des essences d’arbres, afin de privilégier les essences à enracinement profond, qui drainent le sol et limitent le ruissellement superficiel.
L’exemple de la ville de Munich montre qu’à grande échelle, des forêts intelligemment et écologiquement administrées et gérées rendent des services importants qui permettent d’éviter la mise en place d’infrastructures onéreuses et dont l’impact écologique serait bien plus important que la plantation et l’entretien d’arbres. Nous avons tout à gagner à miser sur les services écosystémiques de la nature en général, des forêts en particulier.