9 mai 2022
La sittelle corse a besoin du pin laricio vieux pour vivre
Espèce endémique, la Sittelle corse est un petit oiseau qui a besoin de vieux arbres de l’essence Pin laricio pour vivre.
Placée sur la liste rouge de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la sittelle corse est le seul oiseau endémique de l’Île de Beauté et le seul oiseau terrestre endémique de France métropolitaine. S’il venait à disparaître, ce serait une perte irréparable. Ainsi, pour éviter ce drame, un Plan national d’action (PNA) a été mis en place. Au cœur de ce plan, la nécessité de conserver de vieux spécimens du résineux endémique de l’île : le pin laricio. Une parfaite illustration de l’utilité des vieux arbres dans nos massifs forestiers.
Pourquoi la sittelle corse doit-elle être protégée ?
Nous avons en France un seul oiseau terrestre endémique, c’est-à-dire qui n’existe pas ailleurs et qui est assujetti à un milieu spécifique, il s’agit de la Sittelle corse. Ainsi, si cet oiseau venait à disparaître, ce serait une perte définitive. A ce jour, l’UICN l’a placé sur sa liste rouge, c’est-à-dire qu’il s’agit d’une espèce menacée d’extinction. Selon les dernières données, il y aurait entre 2000 et 4000 individus en Corse et un nouveau recensement est actuellement en cours.
Cette espèce est inféodée à une autre espèce propre à l’Île de Beauté, qui a néanmoins été acclimatée à d’autres cieux : le Pin laricio. Pour être précis, la sittelle corse a besoin de vieux pins laricci pour se nourrir et se reproduire. C’est ainsi que le plan prévoit de conserver de vieux arbres sur pied pour permettre à l’oiseau de vivre.
De vieux pins laricci pour la sittelle corse
L’aire de répartition de la Sittelle corse couvre la majorité montagneuse de l’île, de la forêt de Tartagine-Melaja au nord-ouest à celle de l’Ospedale au sud, et sa présence est surtout notable dans les hauts massifs du Monte Cinto, du Monte Rotondo, du Monte Renoso et du Monte Incudine. Cet oiseau privilégie les forêts de pins laricci entrecoupées de clairières. C’est dans les vieux pins qu’elle trouve sa nourriture et on ne la trouve pas dans les forêts de pin laricio où les spécimens mesurent moins de 28 cm de diamètre ni dans les boisements où l’essence est minoritaire. Il lui faut ainsi de gros et grands arbres de l’espèce Pin laricio, pour la raison probable, avancent les scientifiques, que ces deux espèces (l’oiseau et l’arbre), présents dans l’île depuis au moins le Quaternaire, ont affronté de concert les variations climatiques, le pin laricio permettant au petit oiseau de survivre. Par ailleurs, ses graines sont moins coriaces que celles du Pin maritime et sans doute plus faciles à manger pour la sittelle corse.
Ainsi, le responsable de la politique environnementale à l'Office national des forêts (ONF) de Corse, Stéphane Muracciole, explique que “pour permettre le bon développement de la Sittelle, il faudrait laisser, au sein des forêts exploitées, au moins huit gros à très gros arbres par hectare”. Par ailleurs, afin de compenser la disparition d’arbres exploités, des îlots vieux ou îlots de sénescence
seront mis en place, où les arbres seront laissés en libre évolution jusqu’à leur mort. Et là où des arbres seront coupés, des arbres morts sur pied seront conservés pour favoriser la biodiversité.
Les propriétaires de forêts privées pourraient ainsi être dédommagés si les arbres en question se trouvent sur un site Natura 2000. Et pour aller plus loin, une aire protégée pour la Sittelle corse est à l'étude.
Caractéristiques de la Sittelle corse
La Sittelle corse (Sitta Whiteheadi) est une espèce d’oiseaux de la famille des Sittidae. De petite taille, elle a un bec assez long et ses parties supérieures sont gris bleu. Elle porte un large sourcil blanc, son capuchon et son trait oculaire sont de couleur noire chez le mâle tandis que chez la femelle ils sont de même couleur que le reste des plumes du dessus.
Cette espèce est sédentaire, territoriale et peu farouche. Elle se nourrit essentiellement des pignons de pin laricio, cherchant sa nourriture dans les cônes et les épines de pin, tout en haut de l’arbre. Elle ne dédaigne pas non plus quelques insectes volants. Elle se reproduit aux mois d’avril et mai, installant son nid dans le tronc d’un vieux pin, de préférence mort ou en voie de l’être, creusant une cavité déjà commencée par un pic. La femelle couve cinq ou six œufs. Les oisillons volent de leurs propres ailes 22 à 24 jours après leur naissance. L’été, les oiseaux font des réserves pour l’hiver, en cachant les graines récoltées sous l’écorce ou sur d’épaisses ramures qu’elles recouvrent soigneusement de mousses et de lichen. C’est grâce à ces réserves que les sitelles survivent, notamment au début du printemps lorsque la neige les empêche d’accéder aux cônes de pins.