6 févr. 2019
Des arbres contre des métaux lourds
Certains arbres, comme les saules et peupliers, ont la capacité de nettoyer les sols pollués aux métaux lourds.
Les arbres sont décidément les meilleurs alliés des sociétés industrielles. Certains spécimens ont par exemple la capacité de nettoyer les sols pollués aux métaux lourds. Ce n’est pas une raison pour polluer les sols, mais une raison de croire qu’il est possible de réparer les erreurs du passé.
Arbres dépollueurs : les saules et les peupliers
A Montataire, dans l’Oise, tout près de l’usine ArcelorMittal, des saules des vanniers ont été plantés en 2013 sur une parcelle expérimentale. Leur mission est de dépolluer le sol des métaux lourds, zinc et cadmium notamment. Ils accumulent les métaux, selon Valérie Bert, qui est chercheuse à l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris). C’est ici la première parcelle de ce type à avoir été plantée sur un ancien site industriel. Agissant telles des pompes, les racines des arbres captent les métaux qui remontent dans les parties émergées de l’arbre pour se concentrer dans les feuilles. Il a été mesuré jusqu’à 3 grammes de zinc par kilo.
Si les raisons pour lesquelles les arbres captent ainsi les métaux lourds ne sont pas encore connues, les chercheurs émettent des hypothèses. Il pourrait s’agit d’un mécanisme de défense contre les parasites. Logiquement, les feuilles retombant au sol, le cycle devrait se poursuivre sans fin. C’est là qu’intervient l’homme. Ayant disposé des filets sous les arbres, les feuilles mortes sont récupérées. Pour ce travail, saules et peupliers auraient à peu près les mêmes capacités.
Les chercheurs de l’Ineris ont même trouvé un débouché à cette biomasse. Les feuilles sont utilisées comme écocatalyseurs. Leur efficacité est égale ou supérieure à celle des catalyseurs au zinc provenant des carrières. Le déchet est valorisé. Cela grâce aux arbres qui ont tout leur temps pour dépolluer les sols. Il semblerait même qu’en taillant drastiquement les saules, leur capacité d’absorption puisse être augmentée.
En Californie, des séquoias albinos absorbent les métaux toxiques
Pourquoi certains séquoias blanchissent-ils en Californie ? Ne produisant plus de chlorophylle, ils devraient être morts. C’est ce qui a fasciné Zane Moore, doctorant de l'Université de Californie à Davis. Arbres mutants ou morts-vivants, il a cherché à comprendre ce qui les avait ainsi transformés et pourquoi ils restaient debout.
La première chose qu’ont observée les chercheurs, c’est que les arbres (441 recensés) poussent sur un sol difficile que tous les autres ont déserté. Ces sols contiennent précisément d’importantes quantités de métaux lourds : nickel, cuivre et cadmium. Et l’analyse des arbres a démontré qu’on en retrouvait deux fois plus dans le tronc des séquoias albinos que dans celui de leurs congénères verts. C’est parce qu’ils ne fabriquent plus de chlorophylle qu’ils ne s’empoisonnent pas lors de la photosynthèse. Le chercheur pense donc que les séquoias ont « décidé » de s’entraider. Les blancs absorbent les métaux toxiques, en échange de quoi, les verts leur fournissent une partie de l’énergie qu’ils ont absorbée via le système racinaire. Cela corroborerait les observations faites par Peter Wohlleben, qu’il évoque au début de son best-seller La vie secrète des arbres, à propos de souches qui devraient être mortes depuis des lustres si leur système racinaire ne les maintenait en vie.
Les arbres fantômes seraient donc les « dépollueurs » de la forêt et le phénomène de symbiose serait présent sur le séquoia albinos lui-même, puisque les branches vertes fourniraient leur nourriture aux branches blanches.
Le mystère du séquoia blanc n’est pas encore entièrement découvert, mais il semblerait bien que l’arbre soit non seulement capable de s’adapter à un environnement hostile mais même d’y trouver son intérêt.
Ce n’est tout de même pas une raison pour continuer de polluer.