4 nov. 2019
Un synode pour la forêt amazonienne
Le synode sur l’Amazonie qui se tient au Vatican prône un nouveau modèle économique pour sauver la forêt amazonienne.
Le synode sur l’Amazonie qui se tient au Vatican n’a pas fini de remuer des idées. Il en est une qui a retenu toute notre attention, celle d’un nouveau modèle économique pour sauver la forêt amazonienne, prônée par le climatologue et prix Nobel de la paix Carlos Nobre.
L'objectif de Carlos Nobre, prix Nobel de la paix au synode
Maintenir la forêt debout, tel est le leitmotiv du prix Nobel de la paix 2007, Carlos Nobre. Son plaidoyer pour la défense de la forêt amazonienne a bien entendu reçu un accueil plus que favorable dans une assemblée convoquée par un pape dont l’encyclique Laudato Si’ développait le concept d’écologie intégrale. L’homme a contribué à un rapport scientifique destiné à cette assemblée d'évêques consacrée à la région panamazonique.
Le grand potentiel économique de l’Amazonie
Il a expliqué que l’Amazonie avait un grand potentiel économique qui pouvait bénéficier socialement à toutes les populations indigènes et préserver leurs traditions. Il estime qu’une forêt debout, vivante, génèrera une plus grande valeur économique aujourd’hui et demain, que si elle venait à être détruite et remplacée par des terres agricoles ou minières. Depuis quarante ans, l’homme étudie l’Amazonie ; il a fait partie du GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) que récompensa le prix Nobel en 2007. Il estime aujourd’hui que la science ne doit pas seulement alerter sur les risques que fait courir la déforestation de l’Amazonie, mais a pour mission de chercher des solutions. Il faut, à tout prix, mettre en place un modèle économique qui permettra à la forêt de rester debout.
Des solutions pour sauver la forêt d'Amazonie
Il est notable, par exemple, que la forêt amazonienne regorge de baies açaï aux propriétés médicinales ; de palmiers babassu, dont l’huile est utilisée en cosmétique ; de châtaignes et de cacao. Une piste envisagée par Nobre serait que ces cultures soient mises à profit et strictement encadrées à l’aide de normes écologiques tout en protégeant les droits des populations. De nombreux scientifiques regrettent que les pays d’Amazonie aient adopté un modèle agricole qui implique un usage intensif des terres. Les produits de la forêt ont une grande valeur intrinsèque, plaide Carlos Nobre, qui milite en faveur d’une véritable révolution scientifique et industrielle en Amazonie, de façon à ce que les populations tirent profit des richesses naturelles qui amélioreraient leur niveau de vie.
Protéger la biodiversité en Amazonie
Grâce à l’humidité et à la chaleur qui couvent en Amazonie, la forêt y abrite presque 15% de la biodiversité terrestre. Il faut à la fois protéger les écosystèmes et les populations qui vivent depuis toujours en symbiose avec elle d’une avidité économique qui ne pourra pas durer. Ne serait-ce que d’un point de vue économique, il est beaucoup plus judicieux de conserver une forêt debout, insiste le prix Nobel, qui se montre très inquiet pour le sort de cette forêt, premier poumon du monde. Il estime que « 60 à 70% de la forêt amazonienne pourrait disparaître dans les 30 à 50 prochaines années. »
Il est donc temps de stopper la déforestation et de lutter contre le réchauffement climatique, a-t-il asséné devant le synode réuni au Vatican. Car 15% de cette forêt si importante ont déjà disparu.