24 juin 2019
Forêt d’Amazonie : pas si vierge qu’on croit
La forêt amazonienne a été influencée par l’homme et n’est pas cette forêt vierge de toute intervention humaine que l’on pourrait croire.
La forêt amazonienne a été influencée par l’homme et n’est pas cette forêt vierge de toute intervention humaine que l’on pourrait croire. C’est ce qu’explique le chercheur Guillaume Odonne, qui coordonne une mission scientifique en Amazonie, pour le Laboratoire écologie, évolution, interactions des systèmes amazoniens (LEEISA), le CNRS, l’Université de Guyane et l’Ifremer.
La forêt amazonienne n'est pas vierge de toute influence humaine
Le chercheur Guillaume Odonne, qui coordonne une mission scientifique en Amazonie, pour le LEEISA, le CNRS, l’Université de Guyane et l’Ifremer, estime que la forêt d'Amazonie a toujours été parcourue par les hommes. « Depuis maintenant une vingtaine d’années, les scientifiques d’une discipline appelée « écologie historique » se rendent bien compte que la forêt amazonienne n’est pas du tout la forêt vierge décrite par les Européens des XVIIe et XVIIIe siècles », écrit-il. L’objectif de la mission qui va être menée est de poursuivre la démonstration selon laquelle les peuplades amérindiennes ont influencé la composition végétale de la forêt d’Amazonie.
Comment se développe la forêt d'Amazonie ?
L’ethnoécologue nous explique comment se développe la forêt. Tout d’abord, les espèces pionnières ou « héliophiles » (celles qui cherchent et supportent bien la lumière) dominent l’espace. Et cet espace qu’elles colonisent est une zone laissée vide soit par un ancien village, soit par une trouée naturelle causée par un chablis (l’effondrement d’un arbre qui en entraîne d’autres dans son sillage).
Puis, les espèces à croissance plus lente mais plus longévives rattrapent les espèces pionnières. Viennent enfin les espèces « qui poussent dans les forêts déjà bien installées et ont besoin d’ombre et de temps pour débuter leur végétation. » L’équilibre d’une forêt peut prendre plusieurs siècles. Le scientifique estime qu’un œil expert peut ainsi déceler pendant au moins cent cinquante ans une végétation pionnière qui aurait repris possession de l’espace d’un ancien village.
L’influence humaine est avérée dans la forêt
Lorsqu’ils vivent au même endroit pendant longtemps, les hommes apportent des aliments végétaux dont les graines tombant au sol finissent par laisser se développer une flore particulière. La densité extraordinaire d’une certaine flore est un élément qui indique aux scientifiques la présence possible d’un ancien lieu d’habitation.
« À l’aide d’inventaires très précis localisés dans tout le bassin amazonien, les chercheurs se sont donc rendu compte que les forêts de l’ensemble de l’aire géographique ont été influencées par la présence humaine et que l’homme, dans une certaine mesure, en déplaçant des dizaines d’espèces a contribué au brassage écologique de toute la zone participant à faire de l’Amazonie cette forêt mégadiverse que l’on redécouvre à peine avec un œil nouveau. »
La notion de forêt vierge est à relativiser sérieusement. De même qu’il faut noter, une fois de plus, que l’action humaine a été bénéfique au développement de la diversité écologique.