27 nov. 2018
Elaguer en douceur, c’est mieux
Il peut être utile d'élaguer les arbres, mais sachons le faire en douceur et avec raison pour ne pas les fragiliser.
Longtemps, les arbres urbains ont été drastiquement élagués voire étêtés. Nous avons tous en tête l’image terrible de ces grands platanes dont les branches ne sont plus que moignons à la fin de l’automne. Aujourd’hui, cette taille radicale est largement remise en cause et peu à peu délaissée au profit d’un élagage raisonné. Pour le plus grand bonheur des arbres et des êtres sensibles que nous sommes.
Couper les arbres ne stimule pas leur vitalité
L’idée selon laquelle la coupe stimulerait la vitalité des arbres est fausse. Au contraire, un arbre taillé subit un stress et c’est pourquoi l’on taille les arbres fruitiers, afin qu’ils donnent plus de fruit, dans un élan de reproduction généré par leur mise en danger. Pour autant, chaque coupe est une blessure infligée à l’arbre, dangereuse si elle est pratiquée sur une branche importante.
« Les grosses plaies sont des portes d’entrée pour les agents pathogènes, qui vont ensuite coloniser l’arbre », expliquait Guillaume Emilien, arboriste grimpeur dans le Var, au magazine La Vie. « Ce qui pousse sur un moignon de grosse branche, ce sont des rejets. C’est une réaction de stress de l’arbre, qui peut effectivement faire pousser ces rejets très vite. Mais mal ancrés, insuffisamment reliés au système racinaire, ils sont extrêmement fragiles », poursuivait-il. N’oublions pas que ce qui est coupé en surface se répercute sur le système racinaire. Aussi l’arbre est-il fragilisé et devient-il dangereux.
Les tailles sévères sont dangereuses pour les arbres
Elles restent une pratique courante, étant plus économiques et d’apparence plus efficaces, pourtant, pratiquer une coupe sévère sur un arbre contraint à renouveler cette coupe presque tous les ans, car les nouvelles branches ne sont pas solidement arrimées au tronc et déséquilibrent l’arbre. Régis Perrin, responsable des services espaces verts de la ville de Rombas en Moselle estime que « moins on touche à un arbre, mieux c’est. Quand on toilette un arbre, on l’affaiblit. » D’ailleurs, remarque-t-il, certaines espèces ne supportent pas la taille, c’est le cas du marronnier. Ce n’est pas d’être grand qui rend un arbre dangereux.
Selon lui, l’élagage façon moignon des platanes est dû à l’apparition des nacelles, il y a trois ou quatre décennies. « À l’époque, nos anciens, abandonnant l’élagage avec corde au profit des nacelles, ont alors étêté plus ou moins sauvagement les platanes. Cette pratique, et la méconnaissance de la vie de l’arbre, a provoqué des pourritures au niveau de la coupe et une sensibilité particulière. De ce fait, la taille en tête de chat, c’est-à-dire les fameux moignons, […] est devenue héréditaire. » Car une fois que les arbres ont été fragilisés, c’est irréversible, et il faut contenir leur taille et leur poids.
En ville, il faut tailler les arbres avec raison
La loi contraint à respecter certaines hauteurs dans les villes, ainsi qu’à ne pas laisser les branches des arbres envahir ses voisins. Il est donc indispensable, dans certains cas, de pratiquer des tailles. Mais cela peut se faire de manière raisonnable et en douceur. C’est notamment ce que prônent les partisans de la taille raisonnée et en particulier l’association Sequoia qui ne cesse d’interpeller les politiques, les médias, les particuliers, les professionnels, se désolant de ce que le patrimoine arboré n’aille qu’en se dégradant. Certains n’hésitent pas à parler d’une haine contre les arbres qui les leur fait transformer en portemanteaux. Pourtant, comprendre le fonctionnement des arbres permet d’accompagner et de contraindre leur développement sans les fragiliser. Il est également essentiel de réfléchir avant toute plantation urbaine et d’anticiper la place que prendront les arbres une fois leur taille adulte atteinte.
Peu à peu, les collectivités l’apprennent et l’admettent. C’est le cas à Bailleul, mais aussi à Rompas où le responsable des services espaces verts l’assure. « Aujourd’hui, après la plantation de nouveaux arbres, dont des platanes, nous essayons d’intervenir raisonnablement, de les laisser en port libre, de ne pas refaire les erreurs commises par le passé. Il n’est donc pas vital, bien au contraire, de tailler copieusement les arbres d’ornement. »