24 déc. 2021

Chêne kermès l’arbre de la garrigue

Présent en Afrique du Nord et sur tout le pourtour méditerrannéen, le Chêne kermès est une essence buissonneuse typique de la garrigue.

Chêne kermès l’arbre de la garrigue

Arbuste à feuilles piquantes, le Chêne kermès est l’essence typique de la garrigue, à laquelle il a d’ailleurs donné son nom. Parfaitement adapté à la sécheresse, ce petit arbre prolifère dans certaines zones du bassin méditerranéen. Voici comment le reconnaître à coup sûr, sans le confondre avec le Chêne vert.

Comment reconnaître un Chêne kermès ?

Quercus coccifera, que l’on appelle aussi communément Chêne des garrigues, est un arbuste à feuilles persistantes, qui pousse spontanément sur les terrains pierreux calcaires de la zone méditerranéenne. Il appartient à la famille des Fagacées qui compte également le Châtaignier et le Hêtre et, bien sûr, tous les Chênes
Ce petit arbre n’excède jamais deux ou trois mètres de haut et a tendance à buissonner, formant des enchevêtrements inextricables, qui empêchent même les animaux de s’y introduire. Cet arbrisseau touffu porte de nombreux rameaux recouverts, comme le tronc, d’une écorce brun noir légèrement crevassée. Même secs, les rameaux persistent longtemps. 
Ses feuilles sont très caractéristiques, tout comme ses glands. Petites, coriaces et d’un vert luisant, elles ont une forme ovale oblongue hérissée de dents épineuses qui peuvent les faire confondre avec les feuilles du houx. Elles sont persistantes deux ans. 
Les glands sont portés par un pédoncule très court, ils ont une forme globuleuse et la cupule, qui les entoure et les recouvre de plus de la moitié, est recouverte d’écailles rigides, piquantes et très nombreuses. Le bout du gland est pointu et piquant. 
Contrairement à celles du Chêne vert, les feuilles du Chêne kermès ont un aspect également luisant sur le dessus et le dessous, tandis que le premier a une feuille pubescente (recouverte de petits poils) et blanchâtre au-dessous. 

Chêne kermès, arbre typique de la garrigue méditerranéenne

On parle de végétation sclérophylle (qui a des feuilles coriaces et cireuses à cuticule épaisse) pour caractériser cette essence de garrigue dont les feuilles sont pointues afin de résister aux abroutissements des animaux et surtout pour contenir l'évapotranspiration lors de la saison sèche et chaude. En effet, les feuilles petites offrent une superficie moins vaste à l’évaporation de l’eau contenue dans l’arbrisseau et l'aspect cireux permet à l’arbre de contenir l’eau dans ses feuilles. L’asperge sauvage est également une plante sclérophylle, qui met en place les mêmes procédés biologiques.
En Gaulois, le Chêne kermès s’appelait garric et garrigo en provençal. La garrigue provençale est ainsi naturellement le lieu où prolifère cet arbre buissonnant. Pourquoi l’appelle-t-on kermès ? Ce nom dérive de l’arabo-persan al qirmiz, qui désigne une espèce de cochenille rouge, qui prolifère sur ces buissons et parasite cet arbuste. Le nom de cette cochenille est kermes vermilio. L’insecte a longtemps été élevé pour en extraire le rouge écarlate permettant de teindre les tissus. Les Romains cultivaient ainsi la cochenille et la ville de Montpellier en fit un commerce qui fit sa richesse jusqu’à la fin du Moyen Age. Du mot kermes provient le carmin et de vermilio le vermillon. 
C’est après la découverte de l’Amérique et de la cochenille du Mexique, dont l’exploitation était plus simple et plus rentable, que la culture de la cochenille du Chêne kermès disparut peu à peu. Jusqu’à ce qu’au XIXe siècle, les colorants de synthèse remplacent tout à fait la culture des cochenilles. 
Par ailleurs, l’écorce et les racines du Chêne kermès, très riches en tanins, furent utilisées pour le tannage des cuirs et pour teindre les filets de pêche.

Répartition géographique du Chêne kermès

Le Chêne kermès est une essence de lumière, qui est parfaitement adaptée au climat méditerranéen sec, et qui supporte même assez bien la sécheresse. Proliférant dans certaines zones du pourtour méditerranéen, elle est très présente en France de la Méditerranée à la Drôme et l’Aveyron. Le Chêne kermès est surtout très présent dans le parc national des Calanques autour de Marseille et dans le massif de la Saint-Victoire à l’est d’Aix-en-Provence. On ne le trouve pas en Corse où le sol est essentiellement granitique et schisteuse. Il est en revanche très présent dans la péninsule ibérique, au Maghreb, en Grèce, sur les côtes méditerranéennes de Turquie et du Proche-Orient. 
Moins rustique que le Chêne vert, le kermès ne pousse toutefois pas en altitude. Là où il est implanté, il résiste très bien et longtemps et survit notamment aux incendies grâce à sa souche drageonnante qui lui permet de repousser avec vigueur. La déprise agricole et la diminution du pastoralisme ont eu pour effet de voir s’étendre la superficie de garrigue de Chênes kermès sujets à des feux de broussaille fréquents en été.
On estime l’occupation de la garrigue de Chêne kermès à 100 000 hectares dans la région méditerranéenne française, pour une surface totale de quelque 600 000 hectares de garrigues et de maquis. Ainsi, le Chêne kermès n’est pas aujourd’hui une essence menacée, mais nous ne pouvons pas savoir quels seront les effets du réchauffement climatique sur sa répartition et sa multiplication ou sa diminution.

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