6 mai 2019
SOS, forêts tropicales primaires en danger !
En 2018, les régions tropicales ont perdu 12 millions d’hectares de forêts qu'il faudrait des siècles pour reconstituer.
En 2018, les régions tropicales ont perdu 12 millions d’hectares de couverture arborée. En matière de déforestation, l’année 2018 prend donc la quatrième place de la pire des années depuis 2001. Ces chiffres sont extrêmement préoccupants, lorsque l’on sait que, près d’un tiers des forêts tropicales ayant disparu l’année dernière, étaient des forêts primaires – irremplaçables.
Une année de déforestation
L’agence Global Forest Watch (GFW) classe l’année 2018 comme la quatrième plus mauvaise depuis le début du millénaire, pour ce qui est de la déforestation. Et plus spécifiquement, des forêts tropicales primaires, soit celles qui abritent le plus de biodiversité au monde, et absorbent le plus de CO2.
Selon le botaniste Francis Hallé, une forêt primaire peut se reconstituer en 700 ans, si l’homme n’y met pas les pieds. Cela donne une idée de ce que représente la perte de 3,6 millions d’hectares de forêts vierges en 2018, soit la surface de la Belgique.
Les actions contre les forêts tropicales sont irréversibles
Comme nous l’avions évoqué, selon la revue Science, les forêts tropicales émettent désormais plus de dioxyde de carbone dans l’air qu’elles n’en absorbent. Cela, à cause de la déforestation et des dégradations commises dans les forêts tropicales. Nous avions également évoqué le fait que les forêts tropicales ne devraient pas être exploitées, parce que lentes à se renouveler et que les grands arbres ont le plus grand mal à repousser, une fois abattus. Or, ces arbres, qui peuvent « atteindre des centaines voire des milliers d’années », comme le rappelle le communiqué de Global Forest Watch, ne sont pas pour rien dans le fait que les forêts tropicales primaires stockent plus de carbone que les autres.
Quels sont les pays les plus touchés par la déforestation ?
Brésil, République démocratique du Congo, Indonésie, Colombie et Bolivie sont les cinq Etats qui connaissent la plus forte déforestation. Mais la situation est aussi alarmante à Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde, qui a perdu « 2 % de sa forêt tropicale primaire en 2018, une proportion supérieure à celle de tout autre pays tropical », selon les données rapportées par GFW. Quant au Ghana et à la Côte d’Ivoire, la destruction de la forêt tropicale primaire y a fortement augmenté entre 2017 et 2018.
Les Etats peuvent agir contre la déforestation
Les Etats peuvent agir, les chiffres le prouvent. Le Brésil et l’Indonésie, qui totalisaient 71 % des pertes de forêts tropicales primaires en 2002, n’en représentent plus que 46 % en 2018. « La perte de forêt primaire en Indonésie a atteint son taux le plus bas depuis 2003, poursuivant une baisse encourageante amorcée en 2017 ». Or, on peut expliquer cette baisse de la déforestation par des « politiques gouvernementales récentes », qui ont permis d’ouvrir des zones forestières protégées. GFW rappelle toutefois que le climat humide de l’année 2018 a été favorable à la forêt et que le phénomène El Niño, qui revient en 2019, pourrait changer la donne.
A l’inverse, au Brésil, on a noté une reprise de la déforestation depuis janvier 2019, alors que celle-ci avait reculé au début des années 2000. Et il se trouve que le président brésilien a fait savoir qu’il ferait passer les intérêts miniers et agricoles avant la protection de l’environnement. Tandis qu’en Colombie, les accords signés entre le gouvernement et les Farc ont ouvert la voie à la déforestation de certaines zones qui étaient occupées par les Forces armées révolutionnaires.
Le mieux serait d’éviter de défaire ce que l’homme ne peut pas refaire.