14 oct. 2021
La messagerie instantanée Treebal contribue à l’essor des forêts
Treebal est une messagerie instantanée française dont l’impact carbone est minimisé, qui ne collecte pas vos données et contribue à l’essor de vos forêts.
Société bretonne en pleine dynamique et hautement concernée par l’écologie et les problèmes environnementaux, Treebal ne pouvait que nous plaire ! Aujourd’hui, la jeune application de messagerie instantanée offre une alternative durable aux messageries très connues, en modifiant totalement le modèle économique et écologique du secteur. Et redistribue la moitié de ses revenus à des projets de plantation d’arbres ou de soutien à la biodiversité tels que nous les pratiquons. Entretien avec son fondateur, David Godest.
David, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots ce qu’est Treebal ?
David Godest : Treebal est une messagerie instantanée, sécurisée et éco-responsable, qui protège les données de ses utilisateurs et offre diverses facilités, comme la possibilité de désactiver les notifications à certaines heures de la journée pour respecter le droit à la déconnexion, notamment dans le monde de l'entreprise. Dans une démarche de sobriété numérique, l’application, éco-conçue, minimise son impact sur l’environnement. Outre cela, la moitié des revenus générés par l’utilisation de l’application est reversée à des structures qui protègent la biodiversité et plantent ou entretiennent des forêts, ainsi que le fait EcoTree.
Comment en êtes-vous venus à travailler avec EcoTree ?
D.G. : Nous estimons qu’il est important d’agir localement et directement avec des entreprises du territoire. Nous souhaitons travailler avec des entreprises engagées afin de minimiser notre empreinte carbone. Nous essayons de maîtriser au maximum les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de notre activité, toutefois, il est impossible de mener une activité sans générer de rejets de CO2. D’où l’intérêt de travailler avec vous.
Qu’est-ce qu’une messagerie éco-conçue ?
D.G. : Dès la conception de notre application, nous avons veillé à ce qu’elle soit le plus RSE possible. D’abord, elle est conçue de manière à être accessible au plus grand nombre. Ensuite, Treebal minimise autant que possible les transferts d’informations et les appels entre serveurs, ainsi que le stockage des données, de sorte que l’on dépense le moins d’énergie possible.
Treebal consomme moins d’énergie que les messageries instantanées très connues et largement utilisées.
Non seulement nous ne conservons les messages qu’une semaine dans la version gratuite et un an dans la version professionnelle, mais en plus nous ne stockons pas les autres données
Comment cela est-il possible ?
D.G. : Tout simplement parce que notre modèle n’est pas conçu sur la captation de données des utilisateurs, si bien que nous ne conservons aucune information. Non seulement nous ne conservons les messages qu’une semaine dans la version gratuite et un an dans la version professionnelle, mais en plus nous ne stockons pas les autres données. Il faut savoir que le principal du stockage des données des messageries gratuites, ce sont les métadonnées : à combien de personnes vous avez envoyé ce message, qui elles sont, le lieu depuis lequel vous avez envoyé le message ainsi que le lieu de réception, le jour, la date, l’heure, ou encore le numéro d’identifiant de votre téléphone, la version mobile ou ordinateur de votre application, etc., soit des dizaines d’informations qui seront par la suite utilisées pour des annonces publicitaires ciblées. Les applications de messagerie américaines très connues conservent absolument toutes vos données, depuis les simples “like” jusqu’à tout ce que nous venons d’évoquer. Cela, à seule fin de vous présenter de la publicité ciblée.
Est-ce que la publicité ciblée a un réel intérêt ?
D.G. : Le reach (c’est-à-dire le nombre de personnes qui seront touchées et cliqueront) d’une publicité non ciblée est de l’ordre de 0,000 quelque chose. Une publicité ciblée aura seulement deux fois plus de chances de toucher son public. C’est mieux, mais ça reste très loin d’être réellement ciblé. Pourtant, ça permet de construire des modèles économiques qui intéressent les annonceurs. Et c’est une véritable catastrophe écologique !
Les volumes de données étaient multipliés par deux chaque année jusqu’il y a peu. Ils sont désormais multipliés par trois tous les deux ans. La multiplication du stockage des données est exponentielle, ce qui n’est pas tenable.
Le monde ne le supportera pas, et ce n’est pas par la compensation que nous nous en sortirons. La compensation est une illusion. On ne peut pas continuer de polluer en se donnant bonne conscience par la compensation. En effet, la compensation financière n’est pas une approche qui permettra de répondre à l’urgence climatique malgré toute la communication que l’on fait autour. Le CO2 émis l’est tout de suite. C’est comme lorsque vous cassez un verre : il explose en un rien de temps, mais il faut beaucoup plus de temps pour ramasser tous les morceaux de verre éparpillés.
C’est pourquoi nous limitons la collecte des informations qui ne sont pas utiles à notre modèle. Or, notre modèle n’est pas fondé sur la publicité ciblée. Donc, nous ne conservons que quelques pour cent des informations que stockent les autres messageries. Par conséquent, notre application consomme moins d’énergie à l’instant T et dans le temps long.
La moitié des revenus générés par l’utilisation de la messagerie Treebal est reversée à des acteurs tels qu’EcoTree
Outre cela, l’utilisation de Treebal permet de favoriser l’entretien des forêts
D.G. : En effet, la moitié des revenus générés par l’utilisation de la messagerie Treebal est reversée à des acteurs tels qu’EcoTree, afin de contribuer à la décarbonation mais aussi de favoriser la protection de la biodiversité ou l’entretien des forêts. Ainsi, nos clients ont une action concrète sur le climat. Le sujet n’est pas la compensation mais la contribution à la décarbonation, voire la régénération des écosystèmes. C’est ce que nous nous efforçons de faire en proposant un modèle économique innovant et volontariste, qui intègre le financement de projets environnementaux.
Comment calculez-vous l’impact écologique de votre application pour le comparer à celui des autres messageries ?
D.G. : Nous sommes accompagnés par l’ADEME et des experts en sobriété numérique qui nous aident et nous conseillent dans notre démarche d’éco-conception et d’amélioration continue. Nous avons fait appel à une entreprise spécialisée dans la mesure et la comparaison de la consommation d’énergie des applications dès le lancement de Treebal, et nous nous faisons auditer régulièrement. Nous avons fait dès le début de la conception de Treebal des choix techniques et fonctionnels en tenant compte de leur impact environnemental. Nous avons par exemple choisi une architecture décentralisée.
Il faut savoir que lorsque vous écrivez un message, celui-ci passe sur les serveurs de votre opérateur, puis sur ceux de Treebal, qui sont à Bruxelles, en Europe. Si vous êtes à Brest et écrivez à un ami qui y est aussi, le message aura parcouru plus ou moins 2000 km. Si vous faites la même chose avec une messagerie américaine, l’information ira d’abord dans leurs serveurs qui sont aux Etats-Unis avant de revenir pour être délivrée à votre contact en France. C’est tout aussi rapide, de notre point de vue, mais l’information a parcouru 20 000 km. A information stockée équivalente, ce message a donc consommé 10 fois plus d’énergie. Mais comme les messageries de la Silicon Valley stockent toutes les informations, leur coût énergétique est encore largement supérieur.
Chacun de nos téléphones compte un grand nombre de semi-conducteurs qui ont nécessité le brassage de dizaines de tonnes de minerais avec des engins très gourmands en énergie
En fait, tout cela est vraiment concret
D.G. : Dans le fond, il n’y a rien de plus matériel que le numérique. Derrière l’apparence du virtuel, des serveurs occupent beaucoup d’espace et nécessitent une grande dépense d’énergie pour être refroidis. Nos téléphones ont des puces électroniques qui sont composées de minerais rares. Or, chacun de nos téléphones compte un grand nombre de semi-conducteurs qui ont nécessité le brassage de dizaines de tonnes de minerais avec des engins très gourmands en énergie. C’est ça, la réalité du monde digital !
Aujourd’hui, nous travaillons activement pour être en mesure de suivre de façon très précise l’impact de l’utilisation de notre messagerie éco-conçue pour continuer à améliorer la réduction de son impact environnemental.
Comment intéresser le plus de gens à ces questions ?
D.G. : Ce qui nous rassemble avec Erwan, c’est cette volonté d’emmener le plus de gens avec nous pour transformer les mentalités. Beaucoup de gens ne se soucient pas de leur impact environnemental. Combien sommes-nous à nous demander si c’est grave d’envoyer des emojis ? Alors, que, en effet, c’est grave, au moins autant que de jeter ses déchets par terre, et ça on ne le tolère plus !
Les pouvoirs publics commencent à s’y intéresser, mais il reste beaucoup de travail d’évangélisation. En travaillant main dans la main, EcoTree et Treebal ont plus d’impact pour faire évoluer les entreprises bretonnes, puis les autres !
Sur quoi repose votre modèle économique ?
D.G. : Notre application est gratuite pour le grand public et payante pour les entreprises. Nous préparons également le lancement de fonctionnalités payantes pour le grand public afin qu’il prenne conscience qu’il peut avoir une action non neutre en utilisant le digital.
Par ailleurs, certaines personnes veulent conserver tous leurs messages qui, chez nous, sont supprimés au bout d’une semaine. Ce sera possible mais en payant un euro par mois.
Pour le BtoB, une version professionnelle est sortie début septembre 2021 Nous avons déjà plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs engagés et de nombreuses entreprises rejoignent Treebal. Par exemple, les jeunes cadets de la gendarmerie nationale ont adopté Treebal.
C’est important, parce que la sécurité informatique est également au cœur de nos préoccupations. C’est un sujet régalien et il n’est pas normal que certaines unités de la Police Nationale utilisent WhatsApp, par exemple, pour réaliser leurs enquêtes. Il est temps que nous retrouvions notre souveraineté numérique et écologique !