11 mars 2020
Découverte de la plus vieille forêt du monde : aux origines étaient les arbres
La récente découverte de la plus vieille forêt du monde dans l’Etat de New York permet de démontrer que les arbres sont à l’origine du monde moderne.
La récente découverte de la plus vieille forêt du monde dans l’Etat de New York permet de démontrer que les arbres sont à l’origine du monde moderne. Et la manière dont les forêts ont évolué au cours du dévonien moyen, en pleine période de refroidissement climatique, pourrait nous permettre de mieux comprendre leur rôle et leur évolution dans le réchauffement climatique actuel.
La plus ancienne forêt du monde
Ce sont des vestiges de la plus ancienne forêt du monde actuellement connue, qui pourraient nous aider à comprendre les effets du réchauffement climatique, ont expliqué dans le journal Current biology, les scientifiques à l’origine de cette découverte. Mais nous n’en sommes encore qu’à l’heure des hypothèses.
Jusqu’à présent, on tenait pour la plus ancienne forêt fossile du monde celle de Gilboa dans le nord de l’Etat de New York. Datée de 385 millions d’années, soit de la période du dévonien moyen, elle a récemment été supplantée par un site découvert dans la même région près de la ville de Cairo, au coeur d’une carrière de calcaire. Plus riche en biodiversité, elle serait par ailleurs plus ancienne de 2 à 3 millions d’années.
La forêt ayant disparu, ce sont des moules d’arbres qu’ont découverts les paléobotanistes au terme de dix années de recherche. Et il s’agit de la première découverte in situ, les vestiges de la forêt fossile de Gilboa ayant été transportés par des cours d’eau.
Des arbres plus avancés que ceux de Gilboa
Si à Gilboa, les chercheurs avaient mis au jour des traces d’arbres primitifs de type Eospermatopteris, comparables à un genre de palmier à gros pied avec une couronne de branches sans feuille, sur le nouveau site ont été trouvées des plantes de type Archaeopteris, présentant des caractéristiques « beaucoup plus modernes », avec des feuilles et un système de racines comparable à celui de l’épicéa ou du pin.
Plus avancés, ces arbres de taille plus importante et de structure plus complexe pourraient permettre de comprendre comment les forêts se sont modernisées à une époque à laquelle le climat évoluait en sens inverse de ce que nous connaissons actuellement. C’était entre le dévonien et le carbonifère, le taux de CO2 et les températures de l’air étant en baisse.
Les scientifiques gagent qu’en étudiant le processus de refroidissement, nous pourrions mieux comprendre les liens entre la déforestation et le réchauffement actuel.
Comment les arbres ont façonné le monde moderne
Les scientifiques américains estiment que, bien qu’éloignés d’une quarantaine de kilomètres et de quelques millions d’années, les fossiles retrouvés sur le site de Gilboa et sur celui de Cairo appartiendraient à un même ensemble naturel qui aurait recouvert, fut un temps, la région montagneuse des Catskills, mais avec des arbres différents, ayant chacun abrité un écosystème particulier.
C’est ensemble que ces forêts, et d’autres plus lointaines, auraient donné forme à la Terre entière. En absorbant le carbone de l’air, les troncs d’arbre auraient cru puis seraient retournés à la terre où ils l’auraient relâché dans le sous-sol, apportant ainsi un terreau fertile à l’apparition de la vie. Dans le même temps, les feuilles des arbres, recouvrant le sol, auraient filtré les rayons du soleil et permis l’éclosion de nouvelles formes de vie. Les racines se seraient plus profondément enfoncées dans les sols, modifiant leurs structures et y transportant du gaz carbonique jusque dans les mers.
Protégées par les arbres, des campagnes entières purent développer de nouvelles formes de vie abritées des vents violents, des tempêtes et des inondations.
Dans le même temps, épurée de son dioxyde de carbone, l’atmosphère se refroidit de façon très importante jusqu’à faire plonger toute la planète dans une longue période de glaciation. C’est alors que diverses espèces disparurent tandis que de nouvelles trouvèrent à se développer. Ce qui fait dire à Christopher Berry, paléobotaniste de l’université de Cardiff que l’arrivée de ces forêts fut la création du monde moderne.