Amadouvier, le champignon qui décompose les arbres et allume le feu

Amadouvier, champignon qui fournit le feu et le remède

Peut-on être à la fois la cause de l’inflammation et de l’adoucissement qui s’ensuit ? Il semble que oui, si l’on en juge par ces étonnants champignons que sont les Amadouviers. Le monde vivant n’est pas à un paradoxe près. Alors que les arbres chandelles sont des arbres morts sur pied où la vie grouille, un champignon destructeur de bois, l’amadouvier, permet d’allumer le feu. C’est ainsi qu’après avoir tué l’arbre en se nourrissant de sa matière ligneuse, il le transforme en chandelle. Et ce qu’il produit sur l’arbre, il le répète pour nous. En langue latine, fomes signifie tout à la fois bois sec et matières enflammées, bel exemple de métonymie. Fomenta, lui, est un calmant, un adoucissement, une consolation, un remède. 
Longtemps, ce champignon a été utilisé par les hommes comme remède pour panser les plaies. En effet, ses vertus cicatrisantes sont avérées. Dans le même temps, celui que l’on appelle l’allume-feu servait, au moins depuis l’âge du cuivre, à propager la flamme produite par l’étincelle du silex. Un homme qui vivait il y a une vingtaine de milliers d’années a été retrouvé portant sur lui un morceau de pyrite, un silex et un champignon, l’amadouvier. Le silex était frappé contre le morceau de pyrite ou de marcassite, provoquant une étincelle qui faisait naître une petite braise dans la poudre d’amadouvier sur laquelle il suffisait de souffler. Avec de la poudre d’amadouvier bien sèche, on obtient assez rapidement un bon feu.
C’est pour cette raison que l’on dit d’une personne qui s’enflamme à la première occasion, qu’elle a un cœur d’amadou.

L’amadouvier, un champignon qui décompose le bois

Fomes fomentarius est, stricto sensu, un parasite dont le mycélium envahit le bois (principalement du hêtre) à la moindre blessure et se répand sous l’écorce puis dans le bois dur, dégradant très rapidement le bois de l’arbre en décollant les cernes et fragilisant la structure. Il est de ces champignons qui provoquent ce que l’on appelle la pourriture blanche (celle qui est capable de dégrader à la fois la lignine et la cellulose). Une fois qu’il a parasité un arbre, rien ne peut arrêter le processus, celui-ci est condamné. Il vit donc au détriment de l’arbre, mais n’affecte que les arbres blessés ou malades, permettant ainsi le recyclage de la matière ligneuse. 
C’est pourquoi, il est avéré que plus il est présent dans une hêtraie, plus celle-ci est en bonne santé. Il est donc recommandé de laisser sur pied des arbres attaqués par ce champignon s’ils ne présentent pas de danger pour le public.

Quelles sont les caractéristiques de l’Amadouvier ?

Appartenant au groupe des polypores (champignons lignicoles), l’Amadouvier est assez facile à reconnaître. Ce grand champignon possède un chapeau en forme de casque ou de sabot de cheval de 10 à 30 cm de longueur et de 5 à 20 cm de large. Très épais et très coriace, il est très difficile à détacher de son arbre-support. Sa face supérieure est de couleur brun foncé, brun-gris ou gris sombre, elle est lisse et présente des zones, des demi-cercles concentriques marqués.
Il est trop coriace pour être consommé, on préfèrera donc l’utiliser pour allumer le feu. Il peut être confondu avec le polypore faux-amadouvier Phellinus igniarius, qui possède toutefois un chapeau plus sombre que l’amadouvier, presque noir et craquelé. Fomitopsis pinicola, un autre polypore, s’en différencie par sa bordure rouge et son affinité pour les conifères. Il a toutefois la même activité. 
Ainsi, ces champignons, quoique parasites, puisqu’ils se nourrissent aux dépens de la matière des arbres ou de la litière, ont un rôle essentiel dans le recyclage de la matière vivante et morte. Leur présence est indispensable au cycle de la vie des forêts.