29 juin 2023
Abeilles domestiques : sont-elles un danger pour la biodiversité ?
Dans nos projets de développement et de réhabilitation de la biodiversité, l’introduction de ruches dans les forêts est un élément essentiel.
L'installation de ruches dans certaines de nos forêts s'intègre dans le cadre de nos projets de développement et de réhabilitation de la biodiversité. Toutefois, l'introduction d’abeilles domestiques dans des espaces sauvages n’est pas sans soulever des questions légitimes. L’installation de ruches ne met-elle pas en danger les abeilles sauvages et d’autres pollinisateurs naturels ? Tout est question d’équilibre et il n’est évidemment pas question que nos ruches menacent des écosystèmes déjà établis. Voici donc comment nous procédons.
Abeilles domestiques : des alliées des hommes
Il est difficile de dire à quelle époque précisément l’abeille a été domestiquée par l’homme mais en tout état de cause, l’Egypte antique s’y entendait déjà bien pour cultiver le miel. Avant le Néolithique, il est fort probable que les hommes préhistoriques se soient contentés de ramasser le miel là où ils le trouvaient, de même qu’ils cueillaient les fruits où ils poussaient et chassaient les troupeaux sauvages. Cela fait en tout cas plusieurs milliers d’années que l’homme se nourrit de miel de culture. L’abeille domestique donc, apis mellifera, est élevée depuis longtemps pour nous donner son miel. Elle joue également un rôle essentiel dans la pollinisation. C’est pourquoi elle est si précieuse pour l’homme.
Mais ce n’est pas le seul insecte pollinisateur, et il ne faudrait pas que son développement se fasse au détriment des abeilles sauvages ou d’autres pollinisateurs.
L’apiculture doit être contrôlée
Par conséquent, les chercheurs encouragent un meilleur contrôle de l’apiculture, en limitant la taille des ruches ou en contrôlant les ruches aménagées dans les aires protégées.
Il faut ainsi veiller à ne pas placer trop de ruches au même endroit, car les abeilles domestiques peuvent faire concurrence aux abeilles et aux autres insectes pollinisateurs sauvages pour recueillir le pollen et le nectar. En effet, il existe beaucoup d’autres espèces d’abeilles dont la majorité ne produit pas de miel. Les abeilles sauvages vivent solitaires et sont représentatives de la faune sauvage, comme de nombreux autres insectes qui participent à la pollinisation, et dont la disparition accélérée est préoccupante. Notre but n’est pas d’appauvrir la biodiversité, bien au contraire. C’est pourquoi il est nécessaire de trouver un équilibre et, avant d'installer des ruches dans une forêt, de dresser l'inventaire des abeilles sauvages et des pollinisateurs solitaires.
Les projets d’EcoTree pour préserver les abeilles sauvages et les abeilles mellifères
Forts de ces informations et soucieux de conserver l’équilibre de la biodiversité, nous menons divers projets qui permettent non seulement aux abeilles domestiques de se nourrir mais aussi aux autres insectes pollinisateurs de profiter des haies mellifères que nous plantons. Dans notre forêt de Berné, nous menons aisni un projet d'îlot de biodiversité sur 4 hectares, dans lequel nous plantons des essences d'arbres aux propriétés mellifères reconnues pour aider les abeilles à trouver de la nourriture pendant les périodes où elles ont le plus de mal à se nourrir, donc en plantant des arbres qui fleurissent tôt au printemps ou tard dans l'été. Cela évite, par la même occasion, aux autres pollinisateurs d'aller se nourrir dans des champs voisins qui peuvent avoir subi des traitements de produits chimiques (néonicotinoïdes, etc.) et leur être nocifs. Suivant la même logique, nous avons planté une haie mellifère dans la forêt de Langoëlan et des essences mellifères dans la forêt de Berné. Mais nous ne nous arrêterons pas là, car nous avons pour projet de planter au plus tôt des haies mellifères dans la plupart de nos forêts, et en priorité dans celles où nous accueillons des ruches.
Tout ce travail que nous menons a pour but de préserver l’équilibre nécessaire entre les ruches que nous installons et les insectes pollinisateurs sauvages qu’il n’est pas question de léser. C’est en multipliant les essences mellifères que nous pouvons permettre à tous de se nourrir et de mener le travail de pollinisation nécessaire à la vie des forêts. Nous sommes très attentifs à cet équilibre et nous reportons notamment à cette étude scientifique qui aide notre équipe dédiée à la biodiversité à prendre les bonnes décisions.