29 juin 2020
Abeilles domestiques : sont-elles un danger pour la biodiversité ?
Dans nos projets de développement et de réhabilitation de la biodiversité, l’introduction de ruches dans les forêts est un élément essentiel.


Dans nos projets de développement et de réhabilitation de la biodiversité, l’introduction de ruches dans les forêts est un élément essentiel. Toutefois, l'introduction d’abeilles domestiques dans des espaces sauvages n’est pas sans soulever des questions légitimes de votre part. L’installation de ruches ne met-elle pas en danger les abeilles sauvages et d’autres pollinisateurs naturels ? Une fois encore, tout est question d’équilibre et il n’est évidemment pas question que nos ruches menacent des écosystèmes déjà établis. Voici donc comment nous voyons les choses.
Abeilles domestiques : alliées des hommes
Il est difficile de dire à quelle époque précisément l’abeille a été domestiquée par l’homme mais en tout état de cause, l’Egypte antique s’y entendait déjà bien pour cultiver le miel. Avant le Néolithique, il est fort probable que les hommes préhistoriques se soient contentés de ramasser le miel là où ils le trouvaient, de même qu’ils cueillaient les fruits là où ils poussaient et chassaient les troupeaux sauvages. Cela fait en tout cas plusieurs milliers d’années que l’homme se nourrit de miel de culture. L’abeille domestique donc, apis mellifera, est élevée depuis longtemps pour nous donner son miel. Elle joue également un rôle essentiel dans la pollinisation. C’est pourquoi elle est si précieuse pour l’homme.
Mais ce n’est pas le seul insecte pollinisateur, et il ne faudrait pas que son développement se fasse au détriment des abeilles sauvages ou d’autres pollinisateurs.
L’apiculture doit être contrôlée
Par conséquent, les chercheurs encouragent un meilleur contrôle de l’apiculture, en limitant la taille des ruches ou en contrôlant les ruches aménagées dans les aires protégées.
Il faut ainsi veiller à ne pas placer trop de ruches au même endroit, car les abeilles domestiques font concurrence aux abeilles sauvages pour recueillir le pollen et le nectar. En effet, il existe beaucoup d’autres espèces d’abeilles dont la majorité ne produit pas de miel. Les abeilles sauvages vivent solitaires et sont représentatives de la faune sauvage, comme de nombreux autres insectes qui participent à la pollinisation, et dont la disparition accélérée est préoccupante. Notre but n’est pas d’appauvrir la biodiversité, bien au contraire. C’est pourquoi il est nécessaire de trouver un équilibre.
Les projets d’EcoTree pour préserver les abeilles sauvages et les abeilles mellifères
Forts de ces informations et soucieux de conserver l’équilibre de la biodiversité, nous menons divers projets qui permettent non seulement aux abeilles domestiques de se nourrir mais aussi aux autres insectes pollinisateurs. A Berné, dans une forêt dont nous venons de faire l’acquisition, nous avons un projet d'îlot de biodiversité sur 4 hectares, dans lequel nous allons planter des arbres mellifères pour aider les abeilles à trouver de la nourriture pendant les périodes où elles ont le plus de mal à se nourrir, donc en plantant des arbres qui fleurissent tôt au printemps ou tard dans l'été. Dans le même temps, cela évite aux abeilles sauvages d'aller se nourrir dans des champs voisins qui peuvent être traités et leur être nocifs. Nous avons également prévu d'y installer des ruches naturelles, c'est-à-dire sans récolte de miel. Dans la même logique, nous avons planté une haie mellifère dans la forêt de Mariaker et des essences mellifères dans la forêt de Berné. Mais nous ne nous arrêterons pas là, car nous avons pour projet de planter au plus tôt des haies mellifères dans la plupart de nos forêts, et en priorité dans celles où nous accueillons des ruches.
Enfin, nous allons installer dans nos forêts des ruches naturelles (dans des troncs d'arbres creux) sans récolter le miel pour aider les abeilles à s'installer. C’est ce qu’a déjà entrepris l’apiculteur qui a installé ses ruches dans la forêt du Faouet.
Tout ce travail que nous menons a pour but de préserver l’équilibre nécessaire entre les ruches que nous installons et les insectes pollinisateurs sauvages qu’il n’est pas question de léser. C’est en multipliant les essences mellifères que nous pouvons permettre à tous de se nourrir et de mener le travail de pollinisation nécessaire à la vie des forêts.