8 avr. 2019

Le papier est-il mauvais pour l’environnement ?

La fabrication du papier pollue-t-elle l'environnement et contribue-t-elle à la déforestation, tandis que le numérique sauve la planète ?

Le papier est-il mauvais pour l’environnement ?

La fabrication du papier pollue l'environnement et contribue à la déforestation, tandis que le numérique sauve la planète. Voici une idée reçue dont nous devons nous méfier. Convaincues de cette fausse bonne idée, la plupart des entreprises privilégient l’envoi par courrier électronique et la plupart de nos données se retrouvent dans un cloud, dont nous ignorons souvent ce qu’il est. Pourtant, le stockage et les échanges de données numériques ne se font pas sans consommer d’énergie.

Le papier ne contribue pas à la déforestation

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas la fabrication de la pâte à papier qui contribue à la déforestation en Amazonie. Là-bas, la principale cause de la déforestation est l’élevage de bétail. En France, nous savons que la surface forestière ne diminue pas, mais qu’elle ne cesse de croître, en moyenne de 0,7% par an, depuis 1980, soit 50 000 hectares, selon l’Office national des forêts.

Par ailleurs, le bois qu’utilise l’industrie papetière française provient, à plus de 70%, de coupes d’éclaircies, faites dans le cadre de l’entretien des forêts. Ces coupes, qui permettent de dynamiser naturellement la croissance de la forêt, en favorisant le développement des plus beaux arbres par l’élimination des arbres plus chétifs qui gêneraient leur croissance, ont un effet bénéfique sur le développement des grands arbres, qui absorbent le plus de CO₂.

Le papier valorise les déchets verts

L’industrie papetière utilise donc principalement le bois d’éclaircie, qui n’est pas destiné à l’industrie d’ameublement ou de construction, mais aussi 30% des chutes de bois produites par les scieries. 97% du bois utilisé par l’industrie papetière vient de France, le reste étant importé de l’Union européenne, ce qui fait de la papeterie une industrie vertueuse, qui permet l’entretien et la bonne gestion des forêts françaises. De ce fait, l’industrie papetière valorise plus de 6 millions de m3 de bois, soit près de 20% de la récolte commercialisée en France.

Fabriquer du papier pollue-t-il ?

Bien entendu, aucune action humaine, aucune activité industrielle n’ont lieu sans dégager une forme de pollution. Quoi que nous fassions, nous dépensons de l’énergie et dégageons du CO₂. Le tout est de savoir dans quelles proportions. Depuis une dizaine d’années, l’industrie du papier a fait d’énormes progrès. Désormais, 60 % des matières premières utilisées pour la fabrication des papiers et cartons proviennent du recyclage. La plupart des usines papetières recyclent des papiers et cartons récupérés (PCR) et près de la moitié fabrique des papiers et des cartons exclusivement par recyclage. Autant de matières qui ne seront ni enfouies ni incinérées avec les autres déchets. 40% des énergies fossiles utilisées dans le procédé de fabrication du papier ont été remplacées par de la biomasse, réduisant de 50% les émissions de CO₂. Les papetiers ont également diminué de 80% leurs rejets d’eau, au cours des 20 dernières années, en recyclant l’eau en circuit fermé, et le blanchiment du papier s’effectue désormais sans chlore.

Envoyer un e-mail pollue-t-il ?

Selon une étude publiée en 2011 par l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), « dans une entreprise de 100 personnes en France, chaque collaborateur reçoit environ 58 courriels et en envoie 33 par jour. Or, l’envoi de 33 courriers électroniques, à raison d’1 Mo à deux destinataires par jour et par personne, génère des émissions équivalentes à 180 kg de CO₂ par an… soit plus de 1000 km parcourus en voiture. » Toujours selon cette étude, « un internaute français effectue près de mille requêtes web par an, ce qui correspond à l’émission de 287 000 tonnes  équivalent CO₂, soit plus de 1,5 million de km parcourus en voiture. » D’après un rapport de Bio Intelligence Service, le secteur des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) représente pas moins de 2 % des émissions européennes de CO₂.

Il ne faudrait pas croire que ce que l’on ne voit pas ne consomme pas d’énergie. En 2016, les data centers du monde entier ont consommé à eux seuls 416 térawattheures d'électricité. En comparaison, la France entière a consommé 473 térawattheures au cours de la même période.

Alors, si Google se présente comme le premier acheteur d’énergies renouvelables au monde, Amazon ne parvient pas à tenir ses engagements en la matière, estime Greenpeace.

Aucune posture manichéenne n’est donc possible, mais il est urgent de continuer à planter des arbres pour absorber le CO₂ dégagé.

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