24 mars 2020

Chloroquine : une molécule d’origine naturelle que l’on doit aux arbres

Employée comme substitut à la quinine qui sert à lutter contre le paludisme, certains ont jugé la chloroquine efficace contre la Covid 19.

Chloroquine : une molécule d’origine naturelle que l’on doit aux arbres

Employée comme substitut à la quinine, molécule d’origine naturelle qui sert à lutter contre la paludisme, la chloroquine a été testée dans la lutte contre la Covid 19. Or, la quinine provient de l'écorce d'un arbre dénommé Cinchona, qui fut découvert au Pérou au XVIIe siècle. Cette histoire illustre l’un des nombreux bienfaits que l’on doit aux arbres.

Quelle est l'efficacité de la chloroquine ?

Il ne nous revient nullement de discuter l’efficacité des antipaludéens à base de chloroquine dans le traitement de la pandémie de coronavirus. Il nous apparaît pourtant intéressant de nous pencher sur cette molécule d’origine naturelle (la quinine) qui a radicalement modifié les traitements médicinaux employés pour lutter contre cette forme de fièvre. 
Une certaine tradition voudrait que les colons britanniques fissent grand usage de la quinine mélangée au gin, inventant ainsi le gin tonic dans les Indes, afin de se prémunir du paludisme. Cela n’est pas avéré, en revanche, ce qui l’est, c’est qu’au XVIIe siècle, l’anglais Robert Talbor, ayant compris comment doser l’écorce du Pérou pour soigner la fièvre sans provoquer d'effets secondaires trop importants, soigna avec succès le roi Charles II d’Angleterre, puis le roi Louis XIV, son fils le dauphin, et nombre d’autres princes. La guérison de Louis XIV en 1686 contribua largement à la renommée et la diffusion de la quinquina. A partir de là, son usage se répandit, notamment dans les colonies. 

Aux origines de la quinquina était un arbre

C’est aux Jésuites que l’on doit la découverte de cette écorce médicinale dans le Nouveau Monde. Les populations indigènes l’utilisaient pour soulager les tremblements, notamment après avoir traversé un torrent glacé. C’est en observant ce moyen de remédier à certaine forme de fièvre que les Jésuites eurent l’idée de mettre à profit les vertus de l’écorce de quinquina pour soigner les fièvres intermittentes provoquées par la malaria. Ils rapportèrent ainsi l’écorce du Pérou au Vatican, mais il fallut un peu de temps pour en comprendre l’usage et le bon dosage.
L’arbre en question, c’est le Cinchona, une espèce d’arbuste endémique à cette partie de la Cordillère des Andes. Aux XVIIIe siècle, les deux savants français Joseph de Jussieu et La Condamine, après une expédition scientifique au Pérou, révélèrent l’identité botanique de l’arbre qui produisait l’écorce des fièvres. C’est le naturaliste suédois Carl von Linné qui réussit à créer l’espèce Cinchona officinalis, soit l’arbre à quinquina. Surexploité en Amérique du Sud, l’arbre se fit rare, et à la fin du XIXe siècle, on en fit un arbre de plantation, largement développé par l’Angleterre et les Pays-Bas dans leurs colonies d’Inde et de Java. Au cours de la seconde moitié du vingtième siècle, on réussit à créer une molécule de synthèse reproduisant les mêmes effets, la chloroquine, l’exploitation de ces arbres n’ayant alors plus d’intérêt pharmaceutique. 

Un petit arbre aux grandes vertus médicinales

Cinchona officinalis, dit aussi quinquina, est un petit arbre à feuillage persistant, de la famille des Rubiacées, originaire de l’Equateur actuel. C’est de son écorce que l’on extrait la quinine, fébrifuge et antipaludéen naturel. L’arbuste peut atteindre 6 mètres de hauteur, et ses jeunes branches sont densément pubescentes. C’est un arbre à l’aire naturelle restreinte aux régions andines du sud de l’Equateur. Il pousse dans les forêts sèches, entre 1700 et 3000 mètres d’altitude. C’est de son écorce, riche en composés phénoliques, que l’on extrait la quinine qui a sauvé tant de vies. 
Substitut synthétique de la quinine, la chloroquine est entrée dans la pratique clinique pour lutter contre le paludisme après la seconde guerre mondiale, en 1947, et fut mise sur le marché en France sous le nom de Nivaquine en 1949. 
Si elle a permis de lutter efficacement contre cette maladie très courante et souvent grave qu’est le paludisme, dans certaines régions du monde, la chloroquine pourrait avoir d’autres usages bienfaisants. Elle est notamment testée dans la lutte contre certains cancers et certains médecins, aujourd’hui, fondent beaucoup d’espoir sur ses effets positifs dans la lutte contre le Covid-19. Une raison de plus de prendre soin de la Terre, de sa biodiversité, et de nos forêts
 

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