5 juil. 2021

Arnaud De Grave affine notre méthode de quantification du carbone par les forêts

Notre forestier, universitaire et technologue Arnaud De Grave nous dévoile sa méthode de quantification du carbone par les forêts.

Arnaud De Grave affine notre méthode de quantification du carbone par les forêts

Depuis qu’il est chez EcoTree, notre forestier, universitaire et technologue Arnaud De Grave a initié plusieurs chantiers importants, dont celui de la méthodologie de quantification du carbone absorbé par nos forêts tout au long de leur cycle. En trois entretiens à paraître en ce mois de juillet, il nous explique en détail ses missions et les grands chantiers qui lui sont confiés, essentiels pour tous nos partenaires et clients.

Arnaud De Grave nous présente la méthode de quantification du carbone 

Arnaud, tu travailles depuis plusieurs mois à quantifier le carbone qu’absorbent les arbres dans nos forêts. Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ce travail ?

Arnaud De Grave : Avant mon arrivée en novembre 2020, EcoTree avait commencé à s’intéresser à la quantification carbone et avait mandaté l’ingénieur forestier Manon Lopez pour transformer la méthode du Label Bas Carbone, qui se fonde sur un cycle forestier de 30 ans, en une méthode calculant l’absorption du CO2 par la forêt sur 100 ans. Cela, parce que nos projets forestiers prennent en compte la croissance des arbres sur plus d’un siècle, les forêts se gérant sur le très long terme. 
Le problème, c’est que la méthodologie qui avait cours jusque-là était un peu opaque et pas très reproductible et adaptable, c’est pourquoi il m’a été demandé de mettre sur pied une méthode plus facilement maniable, ce que j’ai fait avec l’aide de Margaud Dieffenbacher
J’ai commencé par transformer tout cela via un code informatique, de manière à rendre la méthode plus flexible et plus facilement réplicable : je l’ai surnommée “la moulinette”. Je ne savais pas à l’époque qu’il y aurait de nombreuses moulinettes.
Alors, il suffisait d’entrer dans cette première moulinette un panel d’itinéraires sylvicoles représentant la gestion d’une forêt, des informations sur l’essence des arbres, leur classe de fertilité, la surface et le scénario de référence (reprise de terre agricole, friche, etc) pour qu’il en sorte un rapport complet en pdf à envoyer à Bureau Veritas (leader mondial de la certification et de la vérification), en vue d’obtenir leur vérification. 

Comment as-tu fait pour que Bureau Veritas valide ta méthode de quantification ?

A.D.G : Pour que Bureau Veritas l’accepte, il a fallu que je leur fasse comprendre tout mon code informatique, afin que tout soit transparent. 
Margaud, de son côté, a travaillé à proposer de nouveaux itinéraires typiques pour chacune des essences forestières, que ce soit en sylviculture régulière ou irrégulière. Un itinéraire sylvicole permet de savoir quand seront faites les coupes d’arbres et quelle quantité d’arbres sera prélevée à chaque coupe. J’ai ainsi adapté tout le code informatique à ces nouveaux itinéraires sylvicoles, qui sont beaucoup plus complexes que ceux que nous avions auparavant. 
Aujourd’hui, dans la moulinette (numéro 2 donc...) destinée à Bureau Veritas, il me suffit d’insérer un fichier représentant tant de parcelles de tant d’essences d’arbres, l’itinéraire sylvicole type pour l’essence et la classe de fertilité de chaque parcelle et elle m’en déduit la quantité de CO2 qui sera absorbée par la forêt au cours des 100 années à venir, et produit le document PDF idoine. Je n’ai plus ensuite qu’à envoyer ce document à Bureau Veritas, ainsi que les données ayant servi à le produire, pour le soumettre à leur vérification. Ça a l’air exactement semblable à la moulinette précédente mais pas vraiment...

Où en sommes-nous des vérifications faites par Bureau Veritas ?

A.D.G : Les échanges avec Bureau Veritas ont été très fructueux. Ils m’ont aidé à affiner mon code, et nous ont aussi aidés à rendre notre méthode de quantification de carbone transparente. Ce travail, parallèlement à d’autres tâches, m’a occupé pendant six mois. A ce jour, Bureau Veritas est en train de valider la nouvelle moulinette que je leur ai présentée avec les itinéraires sylvicoles plus complexes que Margaud a mis en place. Nous avons d’ores et déjà 5 forêts dont la quantification de carbone a été vérifiée par BV, et autant dans les tuyaux. 

Tu travailles donc à calculer la biomasse que gagnent nos forêts chaque année. Peux-tu nous expliquer cela ?

A.D.G : Pour calculer la biomasse forestière, nous formulons des hypothèses prédictives à 100 ans, sur les arbres que nous avons plantés ou les forêts que nous avons reprises en gestion. Le problème est que nous sommes pour l’instant dans la pure prédiction. Pour être au plus près de la réalité, il faudrait mesurer chaque année la croissance de tous les arbres. Cela nous permettrait de connaître au plus juste la masse prise par chaque arbre au bout d’une année de croissance, et cela nous permettrait également d’affiner notre modèle.
Mais, à moins d’envoyer une légion d’étudiants armés de compas forestiers qui prendraient les mesures de tous les arbres de nos forêts et les compareraient aux mesures de l’année précédente, nous n’avons pour l’instant aucun moyen de déterminer avec précision la biomasse gagnée par nos forêts, surtout sur les toutes jeunes forêts.
Nous sommes plusieurs à mêler nos savoirs et nos intelligences pour parvenir à comptabiliser et mesurer la biomasse de nos parcelles d’une autre manière, ce qui est une autre façon de mesurer le carbone absorbé par les arbres. Mais nous n’avons aucune technique parfaitement au point à ce jour. 
En effet, beaucoup travaillent aujourd’hui à récolter ces données à partir d’images soit par satellites soit à l’aide de drones. Mais avec cette technique, ce qui est à peu près plausible pour les grands arbres l’est beaucoup moins pour les petits qui peuvent être perdus dans les herbes ou les ronces. Certaines entreprises ne font que cela et des thèses universitaires sont consacrées à ce sujet, mais personne n’a encore réussi à trouver la méthode parfaite pour calculer la biomasse gagnée chaque année par un massif forestier. 
J’ai donc ici dans un coin de ma tête ce sujet de recherche et développement, qui n’aboutira pas à court terme mais qui demeure indispensable, car il nous est nécessaire de pouvoir quantifier la biomasse gagnée par nos forêts et de ne pas demeurer éternellement dans le domaine de l’hypothétique.
 

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