24 oct. 2024

Pourquoi les forestiers doivent-ils couper les chardons en France ?

Au printemps et à l’automne, les ouvriers forestiers sont à pied d'œuvre pour couper les chardons dans nos forêts, afin de maintenir l’équilibre des écosystèmes.

Pourquoi les forestiers doivent-ils couper les chardons en France ?

L’entretien des forêts est essentiel pour maintenir un écosystème sain et durable et conserver les équilibres entre les écosystèmes. Ainsi, la coupe des chardons, qui est, dans certaines régions, une pratique obligatoire pour les forestiers, peut surprendre. Pourquoi une telle mesure existe-t-elle en France ? Que vise-t-elle à protéger ? Voici quelques éléments de réponse.

Une espèce envahissante : l'impact écologique des chardons

L’Ecosse en a fait son emblème et bien que la fleur du chardon soit belle et que la hauteur que certaines plantes atteignent puisse être spectaculaire (jusqu’à 2 mètres de haut dans des conditions propices), le chardon est considéré comme une espèce invasive, qu’il faut en tout cas contenir, dans certaines régions de France. En effet, sa prolifération peut perturber les écosystèmes forestiers pour plusieurs raisons :

  • Colonisation rapide : Les chardons ont tendance à se multiplier rapidement et peuvent envahir de larges espaces. En quelques saisons, ils peuvent ainsi étouffer d'autres espèces végétales moins résistantes telles que les jeunes plants d’arbres.
  • Appauvrissement de la biodiversité : En occupant trop d'espace, les chardons empêchent d’autres plantes de pousser, ce qui appauvrit la diversité végétale des forêts. Or, une forêt en bonne santé repose sur un équilibre délicat entre différentes espèces végétales.

Il faut protéger les pâturages et terres agricoles de l’invasion de chardons

L’expansion rapide des chardons n’est pas un problème qui concerne seulement les espaces forestiers, elle peut aussi affecter les terres agricoles voisines et c’est pourquoi, comme forestiers, nous avons l’obligation de nettoyer nos parcelles forestières de cette plante, notamment en Bretagne. Car le chardon peut poser divers problèmes aux éleveurs et agriculteurs :

  • Nuisance pour le bétail : Les chardons sont particulièrement redoutés par les agriculteurs, car ils rendent les pâturages inutilisables pour le bétail. Leurs épines dissuadent les animaux de s’y aventurer et limitent donc les espaces de pâture.
  • Concurrence avec les cultures : Les graines de chardon sont transportées par le vent, ce qui peut entraîner leur dispersion sur de vastes territoires, y compris dans les champs agricoles. Elles entrent en concurrence avec les plantes cultivées, affectant les rendements agricoles.

Obligations légales : quel cadre réglementaire pour les chardons ?

En France, la lutte contre les chardons est encadrée par des lois spécifiques, comme le Code rural et de la pêche maritime. Il impose la destruction des chardons dans certaines zones, notamment celles proches des terres agricoles et des réservoirs d’eau potable.

  • Réglementation locale : Chaque département peut adopter des arrêtés préfectoraux imposant l'obligation de détruire les chardons dans certaines zones. Cela inclut souvent des espaces forestiers gérés par l'Office national des forêts (ONF), mais aussi les terrains privés, par conséquent les forêts gérées par EcoTree.
  • Amendes et sanctions : Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions. Les propriétaires fonciers et gestionnaires forestiers qui ne respectent pas cette réglementation peuvent être sanctionnés financièrement.

Quelles sont les méthodes de gestion et de coupe des chardons ?

Pour limiter la propagation des chardons, les forestiers utilisent plusieurs techniques.

  • Coupe manuelle ou mécanique : Dans certaines zones, la coupe manuelle des chardons est privilégiée, tandis que dans d'autres, des machines spécialisées peuvent être utilisées pour défricher de plus grandes surfaces. La circulaire élaborée par la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt en Bretagne (DRAAF) stipule que “un entretien régulier est à privilégier avec des coupes (plusieurs fois par an) avant la montée à graine empêchant systématiquement la dissémination de ces plantes. Les coupes doivent intervenir au moins avant la formation des boutons floraux. Ainsi la plante s’épuise au bout de 2 à 3 ans et les plantes voisines occupent la place. La coupe peut être faite avec une débroussailleuse à dos en ponctuel (PPI) ou par des fauches en prairies (PPRS).” 
  • Il serait en effet possible de lutter aussi contre l’invasion de cette plante par des intrants chimiques (herbicides), ce que les gestionnaires forestiers d’EcoTree ne feraient en aucun cas. Le travail manuel est ainsi plus exigeant, mais ô combien plus sain pour les sols et toute la biodiversité !
  • Prévention : En plus de la coupe, les forestiers doivent surveiller les zones sensibles pour éviter la réapparition des chardons. Cela implique parfois d’autres pratiques comme le paillage, la gestion du pâturage et la restauration des sols.

Un enjeu de santé publique et de sécurité

Le chardon n'est pas seulement problématique pour l'agriculture et la biodiversité, il peut aussi représenter un danger pour la santé publique et la sécurité.

  • Allergènes : Certaines espèces de chardons produisent du pollen allergène, pouvant causer des réactions chez les personnes sensibles, notamment pendant la saison de floraison.
  • Risques pour les infrastructures : Dans des zones densément peuplées, la prolifération des chardons peut compliquer l'entretien des routes et des chemins forestiers, augmentant ainsi les risques d’incendie en période sèche.

A quelle période luttons-nous contre le chardon ?

En Bretagne, il est obligatoire de lutter contre les chardons des champs (Cirsium arvense). Cette réglementation est encadrée par des arrêtés préfectoraux au niveau départemental. La période de lutte contre les chardons varie en fonction des conditions locales, mais en général, elle se situe entre le 1er mai et le 31 octobre. Il est recommandé d'intervenir à deux moments-clés : d'abord au printemps (mai-juin) avant la floraison, pour éviter la production de graines, et une seconde fois en août ou septembre pour épuiser les racines​ de la plante. 
Il est essentiel de respecter cette réglementation afin de limiter la dispersion des chardons dans les terrains voisins et de protéger les espaces agricoles et naturels en Bretagne.

Le chardon : description et caractéristiques

Chardon est un terme générique désignant plusieurs espèces de plantes épineuses de la famille des astéracées. Ces plantes sont généralement adventices, c’est-à-dire qu’elles viennent d’elles-mêmes et font partie de ce que l’on a longtemps considéré comme de mauvaises herbes, bien qu’elles aient un rôle écologique indéniable. Elles peuvent s’implanter sur des terrains arides mais des conditions climatiques favorables et la qualité des sols peuvent leur permettre une meilleure croissance. 

La taille d’un chardon peut varier en fonction de l’espèce, mais en général, les chardons atteignent de 30 cm à 1,5 mètre de hauteur. Certaines espèces, comme le chardon des champs (Cirsium arvense), mesurent habituellement entre 60 cm et 1,2 mètre, tandis que des espèces plus grandes, comme le chardon béni ou le chardon penché (Carduus nutans), peuvent parfois dépasser 1,5 mètre. La taille dépend aussi des conditions de croissance, comme la qualité du sol et l'humidité disponible.

Les feuilles épineuses et la tête florale peuvent également varier, la fleur mesurant souvent entre 2 et 5 cm de diamètre.
Le Cardo Mariano (chardon-Marie, Silybum marianum) peut facilement dépasser les 2 mètres dans des environnements propices, avec des sols riches et suffisamment d'humidité.
Ce type de chardon, qui est bien connu pour ses propriétés médicinales, peut être impressionnant par sa taille. Les conditions humides de la Bretagne, combinées avec des sols fertiles, offrent un cadre idéal pour que ces plantes atteignent des hauteurs exceptionnelles.

Conclusion : il faut couper les chardons pour préserver l'équilibre écologique

La coupe des chardons par les forestiers en France n'est pas qu'une simple tâche administrative. Elle s'inscrit dans un ensemble de pratiques de gestion durable des forêts et des espaces naturels. En limitant la prolifération des chardons, les forestiers protègent non seulement les écosystèmes, mais aussi les activités humaines et agricoles avoisinantes. Respecter cet équilibre est crucial pour garantir la pérennité de nos forêts et préserver leur biodiversité.

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