11 déc. 2018
Prélèvement à la nature ? Cela coule de source
Préserver la nature comme bien précieux et vital ne veut pas dire qu’il ne faille plus la toucher, au contraire.
Gardons-nous de jeter le bébé avec l’eau du bain : préserver la nature comme bien précieux et vital ne veut pas dire qu’il ne faille plus la toucher. Bien au contraire, si nous préservons la nature, si nous en prenons soin, c’est pour ce qu’elle nous offre en retour, autant que pour sa seule beauté.
L’homme magnifie la nature en la cultivant
C’est un échange de bons procédés qui a toujours fonctionné. Il suffit d’ouvrir l’Encyclopédie du potager pour en être convaincu : sans la main de l’homme, les espèces de fruits, de légumes et de fleurs seraient beaucoup moins diversifiées. Qui soutiendrait aujourd’hui avec sérieux qu’il ne faudrait plus cultiver de tomates ou de pommes de terre en Europe, au prétexte qu’elles viennent de l’Amérique ? C’est le génie de l’homme que d’avoir produit une telle diversité de tomates, à partir de plans sauvages rapportés de là-bas. Et son génie encore que d’avoir su adapter cette plante et la cultiver pour ne pas avoir à en faire venir les fruits de l’autre bout du monde. Vaut-il mieux manger les fruits de son jardin ou ceux qui viennent de loin ? De même, nul ne critiquerait sérieusement le fait que soient plantés en France des marronniers d’Inde, des cèdres du Liban, des oliviers… L’homme cultive les plantes et les arbres comme il cultive son esprit. En commettant des erreurs, parfois, mais, le plus souvent, en magnifiant la nature et en transformant des terres infertiles en terres arables, en ordonnant ce qui ne l’était pas, en favorisant la vie et la biodiversité. En régnant sur les forêts, les hommes les ont rendues productives sans les dégrader. Bien au contraire, il est dans l’ordre naturel des choses que l’homme prenne le fruit de la nature, comme le font les bêtes. Car si le grain ne meurt, il ne portera pas de fruit.
La nature porte des fruits en retour
Nous parlons bien de chasseurs-cueilleurs en ce qui concerne les premiers hommes de notre espèce. Jetterons-nous la pierre à ces humbles ancêtres préhistoriques qui tâchaient de survivre ? La nature est à tous en tant que bien commun, c’est-à-dire que nous avons tous le devoir de la protéger et de la faire fructifier, non pas seulement pour l’admirer. L’homme n’est pas un pur esprit plongé dans la contemplation, il a besoin de se nourrir, de bâtir, de se vêtir et la nature est à son service. Mais cela ne signifie pas qu’il doive la traiter en esclave, corvéable à merci jusqu’à épuisement total : il doit la traiter avec tout le respect de qui nous sert. Les pays du Nord de l’Europe ont une notion qui nous échappe à peu près, celle du droit d’accès à la nature. Ce droit est, chez eux, à peu près imprescriptible, en ce qu’il est immémorial et tacite. Chacun peut pénétrer dans une propriété privée et jouir de ses avantages dans une forme de respect qui l’honore. Cette coutume postule que la nature est un patrimoine commun à partager, ce que nous retrouvons en France sous une autre forme, celle de l’accès au littoral. De même, la cueillette des fruits, des champignons, le ramassage du bois, etc, sont autant de formes de mise en commun de la nature au sein des espaces publics en France.
Une nature préservée et bien gérée rend d’immenses services à l’humanité, c’est ce qui est connu sous le nom de service écosystémique. Il n’y a pas à se sentir honteux de ce que la nature nous rende des services, nous nourrisse, nous soigne, nous protège. Bien au contraire, lorsqu’elle est en bon état écologique, la qualité et la quantité des services qu’elle fournit font d’elle le bien le plus précieux. Les hommes ont donc tout intérêt à protéger la nature. Et l’intérêt bien compris de chacun est la clé d’une société vertueuse.