5 avr. 2018
Les forêts en France : un partenariat public-privé ?
Le patrimoine commun n'est jamais aussi mieux servi que lorsque tout le monde s'y met. Brève histoire de la forêt à travers les âges où l'action du public et du privé re
Le patrimoine commun n'est jamais aussi mieux servi que lorsque tout le monde s'y met. Brève histoire de la forêt à travers les âges où l'action du public et du privé redonne de l'éclat à nos forêts.
Le XIXe siècle n’a pas été dur qu’aux paysans et aux ouvriers. En pleine révolution industrielle, soit au mitan du siècle, la surface forestière s’était réduite comme peau de chagrin. Sous l’effet de la poussée démographique, de l’essor des villes et de l’industrie ainsi que des besoins croissants en terres exploitables, on ne comptait plus que 75 000 km² de forêt.
150 ans après, cette surface a plus que doublé, pour atteindre 155 000 km², soit près de 16 millions d’hectares, selon l’Office National des Forêts. Cela représente près de 30% du territoire, soit la même superficie qu’à la fin du Moyen Age. La France peut ainsi s’enorgueillir de compter la quatrième forêt d’Europe et celle-ci ne cesse de s’étendre.
Une volonté publique…
Songeons aux modifications qu’a connues le territoire français depuis la dernière période glaciaire, il y a 18 000 ans. Très lentement, la forêt a gagné du terrain, jusqu’à recouvrir les trois quarts des terres. 6500 ans avant notre ère, on estime qu’elle recouvrait 400 000 km². La suite n’a été qu’un défrichage continu, plus ou moins rapide et effréné selon les périodes. Quelques mythes tenaces nous portent à croire que le territoire français aurait été bien plus vastement recouvert de forêts qu’il ne l’est aujourd’hui. Parmi ceux-là, le mythe de la Gaule chevelue, barbare, où notre ancêtre le Gaulois aurait chassé le sanglier dans la forêt profonde et hostile. Or, il semble bien que la France soit aujourd’hui davantage boisée qu’à cette époque. Cela, par la volonté politique. Ainsi de la reforestation des Landes et de la Gascogne, dont nous ne pouvons que nous féliciter, qui fait « du massif forestier né d'une action volontaire de reboisement le plus important en Europe » (ONF). Au XVIIe siècle, déjà, à l’instigation de Colbert, la Grande Ordonnance du royaume fixait les règles d’exploitation des forêts, en obligeant à tenir compte de l’état des forêts et à s’appliquer au reboisement. Le Code forestier qui est toujours en vigueur date de 1827.
… mais pas seulement
Il faut toutefois noter que les forêts françaises sont majoritairement détenues par des propriétaires privés, auxquels revient une part non négligeable de la responsabilité de leur développement. Le signal d’alarme a été donné au XIXe siècle, mais c’est au cours des années 1960 que la conscience écologique et citoyenne s’est vraiment développée. Gérard Buttoud notait ainsi en 2003 dans La forêt, un espace aux utilités multiples, « l'apparition d'une nouvelle forme de ruralité liée à la défense de l'environnement et à la création de liens nouveaux entre villes et campagne. » Bien sûr, la meilleure productivité de l’agriculture fait que l’on parvient à produire davantage avec moins de surface et que l’on a ainsi abandonné les terres les moins fertiles. Sachant que l’urbanisme se développe très vite, on pourrait toutefois penser qu’il se fût fait au détriment des espaces boisés. Or, il n’en est rien, ce qui prouve la volonté politique et citoyenne en France où les forêts absorbent 15% des émissions de CO2. Où l’on extrait en moyenne 38 millions de mètres cubes de bois chaque année, ce qui reste inférieur à l’accroissement naturel des forêts. Où le secteur emploie 440 000 personnes et la surface forestière s’étend de 50 000 hectares chaque année.
L’ONF le dit : « Si la France offre des conditions climatiques et des écosystèmes favorables à un reboisement spontané assez rapide, cette donnée n'explique pas à elle seule le développement de la superficie forestière : s'y ajoute l'action volontariste de ceux qui ont en charge la gestion de la forêt. »
EcoTree est fier de participer à ce développement.